Lancement à Rabat d’un projet de lutte contre l’extrémisme violent des jeunes et des détenus mineurs
Le projet « Education, Prévention et Insertion des jeunes vulnérables et des détenus mineurs » visant à lutter contre l’extrémisme violent a été lancé jeudi à Rabat à l’initiative de plusieurs partenaires.
Cofinancé par l’Union Européenne (UE) et mis en œuvre par l’ONG « Progetto-Mondo-Mlal » et Amnesty international Maroc en partenariat avec la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), ce projet, qui s’adresse à des jeunes vulnérables, ainsi qu’aux détenus mineurs issus des établissements pénitentiaires dans les régions de Rabat-Salé-kénitra, Béni Mellal-Khénifra et Casablanca-Settat se structure en trois axes relatifs à la mise en réseau de 25 ongs et acteurs institutionnels dans le but de renforcer leurs capacités pour expérimenter de nouvelles approches pédagogiques de promotion des droits humains auprès des jeunes à risque de déviance.
Cette initiative, qui s’étale sur une durée de 30 mois, porte sur le renforcement de l’action socio-éducative des ONGs en milieu carcéral, l’activation d’un système de mentorat pour la défense et la promotion des droits des détenus mineurs, de la tolérance et des droits humains en milieu sportif. Elle cible 90 agents de la DGAPR, 15 cadres religieux (mourchidates et mourchidines), 150 détenus mineurs de 5 établissements pénitentiaires, 10 leaders des principales franges extrémistes de supporters de football, 50 opérateurs socio-éducatifs et 5.000 jeunes à risque de comportement antisocial et délinquant.
S’exprimant à cette occasion, le directeur exécutif d’Amnesty International Maroc, Salah Abdellaoui, a souligné que ce projet s’assigne pour but de promouvoir une culture de citoyenneté active fondée sur les principes de respect de la dignité humaine et de l’universalité et l’indivisibilité des droits de l’Homme. Il a, également, pour objectifs de produire des modèles d’éducation, de prévention et d’insertion dans les régions ciblées, visant la protection et la réinsertion socio-économique des détenus mineurs, la prévention de comportements antisociaux et délinquants, outre le désamorçage de l’extrémisme violent et l’éducation aux droits de l’Homme de jeunes vulnérables, a-t-il précisé.
Pour sa part, le chef de section gouvernance à la délégation de l’UE au Maroc, Jean-Pierre Sacaze, a relevé que l’UE poursuit son appui à destination des jeunes (réformes relatives au système scolaire et valorisation des formations professionnelles, identification d’un nouveau programme jeunesse) dans l’objectif de redonner confiance en leurs institutions et de promouvoir le cursus scolaire et la formation professionnelle pour accroitre l’employabilité des jeunes, a-t-il noté.
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Le responsable a, également souligné que l’approche innovante de ce projet prévoit de soutenir les jeunes dans leur développement personnel en promouvant l’esprit critique, la valorisation de la pluralité et la quête du bien être individuel et collectif à travers des activités récréatives et culturelles associées à un système de mentorat des jeunes et une dimension transnationale basée sur l’échange interculturel et le partage de bonnes pratiques professionnelles.
De son côté, le directeur de la réinsertion et de l’action sociale à la DGAPR, Hassan Hmina, a mis en avant les efforts consentis par la Délégation pour mettre en place un système de gestion efficace pour prévenir la radicalisation au sein des établissements pénitentiaires.
« Pour lutter contre l’extrémisme en prisons, la DGAPR a adopté une action préventive impliquant un contrôle et un suivi des détenus mais également la création d’outils de réinsertion leur permettant de revoir et réviser leurs idées et leurs convictions radicales et destructives dans le respect total de leurs droits », a-t-il relevé, ajoutant qu’au niveau sécuritaire, elle a mis en place différents programmes de réinsertion et a formé les agents pour lutter contre l’extrémisme violent dans les prisons.
Le représentant légal de l’ONG « ProgettoMondo.Mlal », Richard Grieco, a noté que ce projet constitue une action partagée entre plusieurs acteurs qui, quotidiennement, s’engagent pour la promotion des droits des jeunes, notamment ceux qui vivent dans des situations de vulnérabilité sociale et économique.
« Afin d’éviter que la détention puisse avoir un effet déstabilisant sur la psychologie des mineurs et favoriser le risque de récidive ou des comportements antisociaux, nous avons le devoir de réfléchir à des stratégies pour rendre la privation de liberté une chance de réinsertion dans la société », a-t-il estimé, appelant à la promotion d’un changement de comportement auprès de toutes les parties prenantes.