Le Maroc au défi du complot algéro-iranien
Par Hassan Alaoui
Rompre toute relation avec l’Iran aura été en définitive l’aboutissement d’un processus de dégradation d’une apocryphe normalisation avec un Etat ayant inscrit sur son fronton la déstabilisation dont le Maroc a failli payer le prix fort. Rompre, c’est aussi une décision pleinement souveraine, survenue dans un contexte géopolitique démantibulé, mais aucunement liée à une quelconque pression – amicale ou autre -, sinon au seul critère de la défense de notre intégrité territoriale.
Comme dans une « sainte alliance » diabolique, l’Iran, le Hezbollah, l’Algérie et son rejeton, le polisario, se sont donné la main pour mettre en oeuvre un plan de déstabilisation du Maroc. Notre pays, preuves concordantes à l’appui, en a révélé officiellement le sinistre scénario, confirmant une réalité gravée sur le marbre : l’implication du gouvernement algérien dans le conflit du Sahara que nous n’avons de cesse de dénoncer et mettre à nu depuis des lustres.
Si le gouvernement algérien recourt aux services d’un Hezbollah, pris la main dans le sac du complotisme antimarocain, c’est qu’il a la rage, et la volonté de précipiter la région dans la zone de tempête dangereuse ; ensuite il donne la preuve tangible qu’il est dépassé et très alarmé – notamment par les succès diplomatiques du Maroc -, et que l’engrenage militaire lui semble l’ultime solution pour en venir, enfin, à bout de ce Royaume du Maroc, porté aux nues et salué par les chancelleries du monde entier.
Le conflit du Sahara oppose le Maroc à l’Algérie et aux alliés de celle-ci. Parmi eux la République islamique d’Iran dont les dirigeants, obsédés par le vieux messianisme impérial, caressent l’utopie d’embrigader la région entière et de mettre les peuples qui la composent sous une coupe réglée. Cette utopie néo-impérialiste a une composante essentielle : l’instrumentalisation de la religion, du culte chîite radical, agité comme l’épouvantail contre les voisins du Golfe. Le Hezbollah, maître des lieux au Liban voire en Irak, est à la manoeuvre au service de la puissance d’un Iran qui, non content de détruire l’Irak en faisant le jeu de Georges Bush junior en 2003, s’est cru autorisé de s’accaparer les petites îles d’Abou Moussa, Petite et Grande Tomb du Détroit d’Ormuz qui relèvent de la souveraineté arabe.
L’expansionnisme territorial de Téhéran n’avait d’égale que sa volonté irascible de se doter en parallèle de l’arme nucléaire, dans la perspective – prouvée depuis quelques temps – d’exercer sa puissance sur les Etats arabes. Le Maroc vient de le dénoncer de nouveau et de souligner ses effets collatéraux. Une géopolitique bariolée, tracée dans des contours inquiétants et dont l’Arabie saoudite en particulier, la première visée, a pris la réelle mesure. Non content de faire la démonstration de force, le gouvernement iranien contourne ainsi cette dernière par le Yémen et y installe ses milices armées qui lancent des armes conventionnelles et des missiles à moyenne portée sur Ryad, genre S700.
La crise qui a surgi officiellement le 1er mai dernier entre le Maroc et l’Iran couvait depuis des décennies. Elle est en réalité l’arbre qui cache la forêt et remonte à février 1979 lorsque l’Ayatollah Khomeiny , après un long exil en Irak et à Paris, regagna Téhéran en fanfare et instaura une République islamique avec l’objectif affiché de déstabiliser la région et d’imposer son modèle au monde islamique. Si le Hezbollah libanais, bras armé du régime de Téhéran reconnu, fiché par les Etats-Unis comme une organisation terroriste, ne s’était pas jusqu’à il y a deux ans manifesté contre le Maroc, il n’en soutenait pas moins l’activisme déstabilisateur à la fois des propagandistes algériens et leurs stipendiés du polisario. Ces derniers avaient pignon sur rue dans les quartiers de Hassan Nasrallah à Beyrouth. L’arrestation le 12 mars 2017 à l’aéroport de Casablanca de Kacem Mohamed Tajeddine, businessman libanais et pourvoyeur financier du Hezbollah, recherché par Interpol à la demande des Etats-Unis, avait suscité l’ire de ses dirigeants qui s’étaient juré de se venger du Maroc.
Sans doute, a-t-on décidé de dater le déclenchement des hostilités du Hezbollah contre le Maroc seulement à partir de cet incident. Rien n’est moins sûr, ce le mouvement islamiste libanais – Etats dans l’Etat pour ainsi dire – constituant le « joker » de Téhéran, mobilisé depuis des années dans la déstabilisation de toute la région et constituant même l’élément central de la crise de Gaza en 2006 qui a vu Israël intervenir massivement. Qu’il ait invoqué le motif fallacieux de vengeance contre le Maroc, après l’arrestation de son homme de lige Kacem Mohamed Tejeddine, ne saurait nous faire perdre de vue cette donnée essentielle que « l’Axe du Mal » – Iran, Hezbollah, Syrie , Algérie et polisario – est bel et bien à la manoeuvre dans cet arc stratégique qui va du Golfe arabe à l’Atlantique.
Le gouvernement marocain vient de dévoiler le plan machiavélique de cette « sainte alliance » contre nature, subversive à n’en pas douter et dirigée contre les pays du Golfe et le Maroc. Force nous est de rappeler que collusion plus qu’avérée entre le régime ploutocratique d’Alger , l’Iran , le Hezbollah et le polisario constitue en somme le dernier avatar d’un plan de sabotage des efforts des Nations unies pour régler le conflit du Sahara. On n’en veut pour preuve que le rôle obscur et facilitateur joué par un prétendu diplomate iranien officiant à l’ambassade de la République islamique à Alger qui a procuré les armes et facilité les échanges entre le polisario et le Hezbollah. Les responsables algériens, pris de court par les révélations assourdissantes du Maroc, peuvent nier encore si ça leur chante ! La vérité vaincra toujours.
Or, L’introduction des armes, missiles et autres, par le Hezbollah à proximité de la zone tampon et à même le Mur de défense , constitue une violation pure et simple de l’Accord global de cessez-le-feu signé en septembre 1991 sous l’égide de l’ONU. L’arrivée d’instructeurs du Hezbollah dans cette zone censée être protégée par le même accord, pour « former » les mercenaires du polisario à la guérilla est plus qu’une violation , c’est une agression ad hominem de notre territoire national par un mouvement subversif , une force étrangère !
Lorsque Sa Majesté le Roi Mohammed VI a prononcé le 20 avril 2016 l’importante allocution devant les chefs d’Etat du Golfe, réunis en Sommet à Ryad, il avait fait preuve d’une grande lucidité pour ne pas nous alerter a postériori sur un irréversible danger : « Nous faisons face à des complots visant à porter atteinte à notre sécurité collective », avait alerté le Souverain qui a poursuivi : « Ceci est clair et n’a pas besoin d’analyse. Ils en veulent à ce qui reste de nos pays, qui ont pu préserver leur sécurité, leur stabilité et la pérennité de leurs régimes politiques. J’entends par là, les Etats du Golfe arabe, le Maroc et la Jordanie, qui constituent un havre de paix et de sécurité pour leurs citoyens, et un élément de stabilité dans leur environnement. »
Après le constat clairvoyant, Sa Majesté Mohammed VI a interpelé ensuite les hôtes de ce Sommet tombé à point nommé, à un moment où le monde arabe croyait dormir sur ses lauriers : « Nous faisons face aux mêmes dangers, aux mêmes menaces, si variées qu’en soient les sources et les manifestations. En effet, la défense de notre sécurité n’est pas uniquement un devoir commun, elle est une et indivisible. De fait, le Maroc a toujours considéré que la sécurité et la stabilité des pays du Golfe Arabe sont indissociables de la sécurité du Maroc. Ce qui vous porte préjudice nous affecte aussi et ce qui nous touche vous touche également ».
Discours prémonitoire, d’une clairvoyance à nulle autre pareille, il nous laisse rétrospectivement perplexes et nous en dit long sur la complotite qui est à la politique de nos voisins et de leurs alliés de l’Asie centrale, ce que l’acharnement est aux dictatures.