Le Maroc, une diplomatie à l’épreuve du feu
On a toujours reproché au Maroc ses défaillances en matière de diplomatie allant même jusqu’à faire de la question «Y a-t-il une diplomatie marocaine à proprement parler ? » une martienne assommante. Or les Souverains marocains, et ce depuis des siècles déjà, ont toujours cherché un certain équilibre et surtout à avoir des alliances avec les autres Etats tout en gardant une certaine neutralité. D’ailleurs, sollicité lors de la guerre de Crimée de 1836, le Maroc n’a jamais voulu céder à la tentation de le faire adhérer à la « ligue des Nations ». Et conscient qu’on voulait l’impliquer dans une alliance russo-américaine pour s’opposer aux puissances maritimes européennes, il avait toujours maintenu sa tactique et gardait sa position impartiale et distante à l’égard des différends et des querelles intestines, estimant que l’Europe est une unité politique. Aujourd’hui et plus que jamais, le Roi Mohammed VI est beaucoup plus dans l’action anticipative que dans les propos vaseux et pompeux. Déjà le samedi 6 février, de Laâyoune, il a nommé plus de soixante-dix ambassadeurs dans les cinq continents afin d’asseoir une nouvelle diplomatie plus performante et plus élargie dans le monde. C’est dire à quel point le changement espéré par le souverain est profond surtout avec la nomination de deux militantes des droits de l’homme à Copenhague et à Stockholm. D’ailleurs, il s’agit là de la plus grande vague de nomination d’ambassadeurs que le Maroc n’ait jamais connu. Une volonté bien Royale de booster l’appareil diplomatique asthénique.
Un rapport d’Etat à Etats
Bien évidemment, le Maroc à l’instar d’autres pays, dispose de sa politique extérieure avec ses paramètres, ses outils, ses enjeux, ses variables et ses tensions et est représenté, à l’étranger, par des missions diplomatiques à savoir des Ambassades pour entretenir les relations du Maroc sur le plan diplomatique et politique et promouvoir les relations économiques, culturelles et scientifiques avec les pays d’accréditation, des Missions permanentes qui jouent le rôle d’interlocuteurs du Maroc auprès des organisations internationales, et des consulats chargés de la protection des intérêts du Maroc et des Marocains résidant à l’étranger. D’une façon générale, le Royaume a toujours privilégié ses rapports d’Etat à Etats, dans sa volonté d’ouverture sur l’Europe et surtout depuis 1975. Cela s’est concrétisé, d’ailleurs, par la demande d’adhésion à la communauté économique européenne. D’autant plus que comme l’ont bien écrit Jean et Simone Lacouture dans Le Maroc à l’épreuve, paru en 1958 : «Une haute falaise domine Tanger, vers l’Ouest: le Cap Spartel planté comme un soc dans les vagues. Au loin, dans une demi-brume scintillante, la pyramide de Gibraltar. Ici, l’Océan. Là-bas, la Méditerranée. Derrière nous, l’Afrique. A portée de la main, l’Europe. Il faut n’avoir guère d’imagination pour ne pas rêver un peu sur ce promontoire battu par tous les vents de l’histoire et de la légende et pour se retenir d’y chercher les thèmes d’inspiration d’une diplomatie».
Sollicité lors de la guerre de Crimée de 1836, le Maroc n’a jamais voulu céder à la tentation de le faire adhérer à la «ligue des Nations». Et conscient qu’on voulait l’impliquer dans une alliance russo-américaine pour s’opposer aux puissances maritimes européennes, il avait toujours maintenu sa tactique et gardait sa position impartiale et distante à l’égard des différends et des querelles intestines, estimant que l’Europe est une unité politique.
Feu Hassan II quant à lui, qui n’avait de cesse de rappeler que le Maroc est un pays musulman, arabe, afro-européen, écrit dans le Défi : «Le Maroc ressemble à un arbre dont les racines nourricières plongent profondément dans la terre d’Afrique et qui respire grâce à son feuillage bruissant aux vents d’Europe… Aujourd’hui le Maroc reprend la place qui était géographiquement, historiquement, politiquement la sienne : il est redevenu une nation de synthèse, une communauté de liaison entre l’Orient et l’Occident ». Le Maroc se trouvant donc au carrefour de deux axes à savoir un axe Nord-Sud c’est-à-dire l’Europe/ l’Afrique et un axe Est/ Ouest, c’est-à-dire l’Orient/ l’Occident, il est normal qu’il ait son rôle à jouer sur la cartographie géopolitique avec un atout de taille.
Une diplomatie qui se construit
Le ministère des Affaires étrangères voit le jour, en avril 1956, quelques mois à peine après l’indépendance du Royaume. Le département comptait alors une poignée de fonctionnaires. C’est alors que le Maroc ouvre ses premières ambassades vers la fin des années 50. Sauf qu’à cette phase de constitution, le portefeuille des Affaires étrangères changeait souvent de main mais restait un domaine réservé de Feu Hassan II dont le regard était tourné vers l’international et œuvrait pour tailler une place reconnue du Maroc sur l’échiquier géant du monde. Au milieu des années 80, Abdellatif Filali, qui était nommé à la tête du ministère des Affaires étrangères, décide de moderniser et surtout d’organiser un département aux missions et aux attributions pas encore très claires. Durant cette période, les AE se dotent donc d’un nouvel organigramme et s’offrent un plus grand nombre de personnel. Par la suite, plusieurs ambassades du Maroc ouvrent à l’étranger. A cet effet, les ambassadeurs ont souvent été cooptés au sein des partis politiques ou dénichés parmi les grands commis de l’Etat. Toutefois, des sujets délicats touchant aux Droits de l’homme compromettent l’image du Maroc. Conséquemment, l’habileté de Feu Hassan II dans la gestion de la politique étrangère et son réseau à l’international l’aident à maintenir une renommée digne de son charisme et de son pouvoir. Son rôle d’intermédiaire dans les crises israëlo-arabes lui vaudra l’assistance et le coup d’épaule nécessaires pour dompter et faire taire les oppositions qui germaient et bouillonnaient au sein du pays. Par ailleurs, il privilégiera aussi de soutien contre les prétentions de l’Algérie sur le Sahara.
«Le Maroc ressemble à un arbre dont les racines nourricières plongent profondément dans la terre d’Afrique et qui respire grâce à son feuillage bruissant aux vents d’Europe… Aujourd’hui le Maroc reprend la place qui était géographiquement, historiquement, politiquement la sienne : il est redevenu une nation de synthèse, une communauté de liaison entre l’Orient et l’Occident ». Feu Hassan II
Nouveau Roi, nouveau ton
L’accession du Roi Mohammed VI au trône donnera un autre ton et d’autres courbes à la diplomatie marocaine et marquera un vrai virage dans son histoire. Autant dire que le jeune Roi avait des préoccupations et des priorités loin des sommets et des colloques internationaux. Il confère, progressivement, la charge de l’image du Maroc à l’étranger, à la machine diplomatique et se penche personnellement sur les problèmes sociaux et économiques du pays. A ce propos, il suffit de lire la lettre adressée en 2000, à l’occasion d’un colloque organisé à Rabat, pour comprendre sa vision de la politique étrangère. Il y affirme que «La confrontation entre les Etats ne revêt plus un caractère sanglant, mais se fait désormais sur le terrain de la compétitivité pour la conquête des marchés extérieurs grâce au développement de la productivité nationale. Partant, la diplomatie n’est plus l’instrument de la politique extérieure seulement mais aussi l’un des moyens de réaliser les objectifs de la politique générale de l’Etat». Aussi le Souverain a-t-il donné une nouvelle voie aux missions des ambassadeurs, qui devraient faire des intérêts économiques et des investissements, une nouvelle option diplomatique prioritaire surtout que la diplomatie traditionnelle a atteint ses limites. Pour cela, le Roi Mohammed VI prône une diplomatie se basant sur «l’élargissement du cercle de nos relations économiques et commerciales au-delà de l’espace euro-méditerranéen, en direction des Amériques et de l’Asie afin de diversifier nos liens, d’atténuer notre dépendance et d’élargir le champ de notre coopération».
Le Maroc et l’OUA
Le Maroc, animé depuis son indépendance, par une volonté inébranlable de réaffirmer son identité africaine, était l’un des trente pays ayant fondé l’Organisation de l’Unité Africaine, le 25 mai 1963 à Addis-Abeba. En 1984, il a dû claquer la porte et quitter l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) qui avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et l’avait accueillie comme Etat-membre, sous l’impulsion de l’Algérie. Sauf que la politique de la chaise vide n’a pas servi les intérêts du Maroc à un moment où le multilatéralisme l’emportait sur les coopérations bilatérales. Et c’est ainsi que le Maroc est rentré dans un processus de négociations avec le Polisario depuis 2007, sous l’égide des Nations Unies. D’emblée, il s’est rendu à l’évidence qu’il valait mieux combattre la RASD tout en regagnant sa position, progressivement, que de rester en dehors des instances africaines surtout que son retour était sollicité par plusieurs Etats membres de l’UA. Bien entendu, l’OUA a été dissoute et remplacée par l’Union Africaine en 2002. Toutefois, le Maroc a toujours renforcé ses relations économiques avec le continent africain. La coopération militaire, politique et puis économique lui ont octroyé l’image de leader au sein du continent.
« Le Maroc et l’Afrique, ce sont des liens indéfectibles soutenus par un socle culturel et spirituel qui défient les caprices du temps, les vicissitudes de l’histoire et de la politique ».
Aujourd’hui, le Royaume traçant une voie royale dans le continent africain, force est de rappeler que les relations que le Royaume entretient et développe avec les Etats indépendants de l’Afrique subsaharienne relèvent d’un héritage de lustres comme l’affirme le Doyen Camara, ancien diplomate guinéen : « Le Maroc et l’Afrique, ce sont des liens indéfectibles soutenus par un socle culturel et spirituel qui défient les caprices du temps, les vicissitudes de l’histoire et de la politique ». De ce fait, le Roi Mohammed VI, préconise une vision à long terme qui place l’Afrique au cœur de la nouvelle stratégie de coopération marocaine « ayant pour socle stratégique la coopération sud-sud pour un développement humain durable fondé sur des rapports économiques équilibrés, justes et équitables ». En effet, conscient du potentiel naturel et des atouts humains sous exploités qu’offrent les économies du continent noir, le Souverain ne ménage pas ses efforts et use d’une diplomatie de proximité afin de gagner ce pari de l’ouverture et du repositionnement stratégique dictés par les exigences de la mondialisation. Il s’agit bien d’une coopération particulière qui réserve une place privilégiée aux opérateurs économiques privés et aux acteurs de la société civile et fait de l’Afrique un hub économique et financier régional au service du co-développement. Dès lors et en plus de renforcer les liens avec l’Afrique subsaharienne, le Souverain a permis à de grandes entreprises marocaines (publiques ou privées) de s’implanter dans plusieurs pays d’Afrique surtout de l’Ouest. D’autant plus que le Maroc a fait des aides humanitaires ou du personnel médical qu’il dépêche aux pays en crise, un rituel. C’est ainsi donc que le Maroc tente d’élargir le cercle de ses alliés sur l’échelle internationale grâce à la coopération Sud-Sud qui a joué aussi sur un autre front : celui de fragiliser le polisario en amenant plusieurs pays, surtout à partir de 2000, à retirer leur reconnaissance de la RASD, (soutenue à la fois par l’Espagne qui y voit un moyen pour garder un pied en Afrique de l’Ouest et par l’Algérie bien évidemment), comme le Malawi, le Kenya, la Zambie, le Cap Vert et bien d’autres.
Maroc/ Europe : un rapport en dents de scie
Il est de notoriété publique que le Maroc et l’Union européenne (UE) sont liés par un accord d’association signé en 1996 et entré en vigueur en 2000. En octobre 2008, le Royaume s’est vu attribuer un statut avancé visant à approfondir les relations politiques et à établir une intégration au marché intérieur. Contre toute attente, le 10 décembre 2015, allait donner un autre tournant aux relations entre les deux parties. Et pour cause, le Tribunal de l’Union européenne rend publique sa décision d’annuler l’important accord agricole et halieutique conclu en 2012 entre le Maroc et l’Union européenne. Décision pour le moins que l’on puisse dire, choquante, prise suite à une action en justice des indépendantistes du Front Polisario. Cet incident diplomatique ne pouvait pas laisser indifférent le Maroc qui a réagi illico presto en décidant de geler ses contacts avec l’UE, le 25 février 2016. Ce coup de théâtre a suscité moult réactions et un soutien inconditionnel de la part de pays européens amis du Maroc notamment la France dont l’appui est indéfectible : «Attachée à la relation entre l’Union européenne et le Maroc, la France invite ses partenaires européens à agir dans le même sens, dans la perspective d’aboutir à une annulation de l’arrêt », annoncera le porte-parole adjoint du Quai d’Orsay. De son côté, Ignacio Ibanez, secrétaire d’État espagnol aux Affaires étrangères, annoncera le soutien de son pays à la procédure d’appel au cours d’un entretien, à Genève, avec Mbarka Bouaida, ministre marocaine déléguée aux Affaires étrangères. En plus d’autres signes en faveur du rétablissement de l’accord agricole venus d’Allemagne et d’autres Etats.
Coup de théâtre lors de la dernière visite du Souverain, à Ryad, à l’occasion du premier sommet conjoint entre le Maroc et les pays du Conseil de Coopération du Golfe ! Son discours direct et alarmant a laissé voir un autre visage du Roi Mohammed VI.
Temps mort pour la diplomatie marocaine
L’année 2013 a marqué un temps mort pour la diplomatie marocaine avec une série de couacs qui se sont succédé à une vitesse vertigineuse et en peu de temps. Rappelons donc l’incident du drapeau arraché du consulat algérien à Casablanca en 2013. L’année 2014 a connu une longue embrouille avec Paris. L’Egypte y mettra son grain de sel aussi en 2015 pour piquer sa crise fiévreuse à l’encontre du Royaume. Des tensions suivront avec le Nigeria, la Suède, l’UE, les Pays bas et pour couronner le tout, Ban Ki-moon viendra mettre le pied dans le plat, en 2016, avec ses dérapages et ses actes diffamatoires. N’est-ce pas là un signe symptomatique qui démontre à plus d’un égard l’état apathique de notre diplomatie titubante et timide ? Si ces crises ont pour dénominateur commun le dossier du Sahara c’est que nos diplomates ont manqué à leurs missions qui se devaient d’être réactives, réfléchies, opérationnelles, efficientes et anticipatives. En effet, ces derniers mois, le Maroc a vécu ce qu’on peut appeler « le temps diplomatique intense » de son histoire récente. Interpellé par l’affaire du Sahara et le tournant qu’elle prend, Rabat a dû hausser le ton afin d’éviter une reconnaissance de la RASD par le gouvernement social-démocrate suédois, surpris également par le comportement de certains pays de l’Union européenne qui remettent en cause l’Accord agricole et de pêche. Ces événements continuent d’alimenter un vaste et profond débat sur les capacités du Maroc à riposter et, au-delà, à mettre en œuvre une diplomatie appropriée ! En effet, on ne peut ne pas relever de grandes défaillances et de lourds dysfonctionnements de cette diplomatie, qui au lieu d’anticiper, laisse traîner des dossiers très sensibles et délicats. Ce qui entraîne, inévitablement, des situations qui ne tardent pas à se compliquer et bien évidemment, les conditions des négociations sont souvent moins favorables. Et c’est seulement là que la diplomatie réagit et fait dans la défensive alors que l’incident ou au pire la crise a déjà éclaté.
Un pays aux multiples atouts
Pourtant, le Maroc peut s’enorgueillir de sa stabilité, dans un contexte régional enclin à la déstabilisation des pays minés par le fameux Printemps arabe d’un côté, et la menace terroriste de l’autre sans oublier la vague engloutissante de l’immigration. D’autant plus que, guidé par la clairvoyance et la vision stratégique du Roi Mohammed VI, le pays a su se positionner en partenaire incontournable à plus d’un égard. La mise en place du «FBI» marocain le BCIJ en 2015, chargé de lutte contre les cellules terroristes, des enlèvements, de la contrebande d’armes et du grand banditisme, n’a pas seulement fait ses preuves au Maroc mais s’est démarqué en portant son aide aux services de renseignement de plusieurs pays européens en plus de son intervention en Côte d’Ivoire. Sur le plan religieux, le Royaume, prônant un islam basé sur la tolérance, la paix, la cohabitation et le vivre-ensemble, a pris en charge la formation d’imams d’Afrique subsaharienne mais aussi européens dans le cadre de la lutte contre la radicalisation. Un autre point fort marqué par le Maroc est sa gestion migratoire en proposant la régularisation massive des sans-papiers.
Quand on apprend que dans des pays importants tel que la Suisse, il n’y a pas d’ambassadeur du Maroc pour représenter et défendre les intérêts du pays à commencer par la première cause nationale, il est plus qu’urgent que le Royaume doive rabattre ses cartes surtout dans la conjoncture actuelle où on ne sait plus qui est avec nous et qui est contre nous.
Renversement d’alliances ?
Coup de théâtre lors de la dernière visite du Souverain, à Ryad, à l’occasion du premier sommet conjoint entre le Maroc et les pays du Conseil de Coopération du Golfe ! Son discours direct et alarmant a laissé voir un autre visage du Roi Mohammed VI. En effet, dans des mots forts et sans équivoque, il a pointé du doigt les puissances occidentales dont il dénonce « le double langage dans l’expression de l’amitié et de l’alliance, parallèlement aux tentatives de coups de poignard dans le dos ». Ceci dit, le Roi a aussi dé- crié le jeu des puissances qui « complotent » contre les pays arabes et plus précisément les monarchies stables, «La situation est dangereuse, la stabilité des pays arabes est menacée. Nous faisons face à un complot qui vise notre sécurité commune » et d’ajouter « Après la fragmentation du Machreq, c’est désormais le tour du Maghreb. Le complot contre notre intégrité territoriale en est la preuve ». Il n’omet pas de rappeler, non sans amertume, les conséquences désastreuses du Printemps arabe notamment en Syrie, Irak et Libye qui se sont pris les pieds dans le tapis. C’est dire que le Roi Mohammed VI opère et appelle à une nouvelle réorientation diplomatique. Tout de bon, en plus de cette stratégie de nouvelles alliances, il y a aussi une ébauche de liens avec la Chine et la Russie, les deux membres permanents non-occidentaux du Conseil de Sécurité de l’ONU. En somme, le Maroc dispose d’à peine 91 ambassades, dans le monde, contre près de 150 pour l’Algérie, par exemple. Une représentation qui reste insuffisante et manque de renfort. D’ailleurs, sommes-nous prêts à oublier la faille scandaleuse dans le fonctionnement ou plutôt le dysfonctionnement de notre dispositif diplomatique ? Rappelons-nous que le Maroc s’est rendu compte, de façon hasardeuse, qu’il n’avait pas d’ambassadeur en Suède, durant un peu plus de trois ans, après Bouchaib Yahdih, rappelé de Stockholm, en 2014! De facto, ceci renvoie à la question : Fallait-il vraiment s’étonner que la Suède ait reconnu la RASD ? Il est clair que la question du Sahara trace les contours de nos rapports avec les autres pays depuis presque une quarantaine d’années. Mais quand on apprend que dans des pays importants tel que la Suisse, il n’y a pas d’ambassadeur du Maroc pour représenter et défendre les intérêts du pays à commencer par la première cause nationale, il est plus qu’urgent que le Royaume doive rabattre ses cartes surtout dans la conjoncture actuelle où on ne sait plus qui est avec nous et qui est contre nous. En attendant que nos diplomates s’acquittent de leurs devoirs comme il se doit, une vérité que les faits ne sauraient démentir est que le Roi Mohammed VI est au four et au moulin.