France : un printemps social agité contre Macron
Soutenir les grèves et les « luttes » en cours, faire reculer le président Emmanuel Macron et ses réformes : plus de 60 partis de gauche, associations et syndicats organisent samedi une « marée populaire » dans plusieurs villes de France, nouvelle manifestation d’un printemps social agité.
« C’est un Ovni, ça n’a jamais été mis en place« , se réjouit Willy Pelletier, porte-parole de la Fondation Copernic, un cercle de réflexion critique à l’égard du libéralisme, qui a été l’un des initiateurs de cette nouvelle journée anti-Macron.
Grèves à répétition dans les transports, grogne des étudiants, colère des fonctionnaires : les mouvements sociaux se succèdent en France contre les réformes voulues par le jeune président qui n’entend pas céder un pouce de terrain face aux diverses revendications.
L’objectif premier du 26 mai est ainsi de soutenir les « luttes » syndicales en cours, quelques jours après une nouvelle journée de mobilisation dans la fonction publique et en plein mouvement social à la SNCF, l’opérateur du rail français.
Il s’agit de « faire reculer » Emmanuel Macron et l’organisation patronale du Medef, « décidés à imposer coûte que coûte une restructuration en profondeur de la société française« , soulignent les organisateurs de « la marée humaine » dans un appel commun.
Ils dénoncent pêle-mêle la « politique d’austérité » du gouvernement, l' »introduction de la sélection à l’entrée de l’université« , la « réforme fiscale favorable aux plus riches » et la « loi répressive » contre les migrants.
« D’autres sujets centraux comme les droits des femmes, la lutte contre le changement climatique font au mieux l’objet d’un saupoudrage médiatique mais de fait régressent« , relève pour sa part l’union syndicale Solidaires, également aux premières loges.
L’éventail des revendications est aussi éclectique que le nombre d’organisations participantes aux rassemblements prévus samedi à Paris, Marseille (sud-est), Nantes (ouest), Toulouse (sud-ouest), Lille (nord), Strasbourg (est) et d’autres villes du pays.
Fait inédit, la CGT, premier syndicat de France, et La France Insoumise (LFI), parti de gauche radicale, appellent ensemble à cette mobilisation, qui réunira également le Parti communiste, les Verts, des associations comme Attac, Act’up ou encore la Confédération paysanne et le Syndicat de la magistrature.
Le collectif est « sans hiérarchie, personne ne tire la couverture à soi« , assure M. Pelletier, expliquant cette solidarité rare par « une prise de conscience de l’urgence de résister« .
Philippe Martinez, numéro un de la CGT, qui avait jusqu’à présent refusé de rejoindre des mobilisations organisées par LFI au nom de l’indépendance du syndicat, marchera à Paris.
Le patron de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui se veut l’opposant N.1 au président Macron, attend une mobilisation « massive« . Lui-même a choisi Marseille pour défiler et dénoncer « la logique d’égoïsme social » du président de la République.
Emmanuel Macron n’a pas réagi. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’en est chargé en accusant LFI d’être « toujours plus loin dans le désordre » et « dans l’agitation, et toujours plus court sur les propositions« .
Il s’en est également pris à la CGT, qualifiant sa participation à cette journée de « dévoiement complet du syndicalisme« .
Les autres grands syndicats, Force ouvrière, CFDT et Unsa, ont, eux, fait le choix de ne pas participer.
« C’est bien par l’action syndicale, et uniquement syndicale, que les revendications des travailleurs aboutissent », explique Pascal Pavageau, numéro un de FO, alors que Laurent Berger, patron de la CFDT, juge « mortifère » pour le syndicalisme le fait de participer à un « combat politique ».