Boycott : le gouvernement doit quitter sa tour d’Ivoire
Hassan Alaoui
Les Marocains, et avec eux, d’autres peuples s’interrogent : que se passe-t-il dans notre pays ? Quelle est la part du vrai et du faux dans ce florilège infernal de nouvelles alarmantes, de fake-news, de rumeurs et de propagande ? L’affaire du boycott est devenue si exemplaire dans son genre qu’elle nous sert de leçon propédeutique. Avec, logique implacable, une démission spectaculaire de l’un des « caciques » du PJD, Lahcen Daoudi, au sein du gouvernement et, au-delà, une crise consubstantielle au sein de la majorité.
Ce qui s’apparentait à une revendication économique et sociale s’est mué en une double intransigeance : la remise en cause brutale d’un secteur productif avec, à la clé, des licenciements, ensuite une interpellation directe, sans appel et non moins brutale demandant ni plus ni moins le départ du gouvernement. Autrement dit, la parole libérée, c’est le discours du « dégagisme » qui prévaut. Qu’on en arrive à cet état des choses ne surprendra que le néophyte qui n’a pas su mesurer l’esprit velléitaire ayant imprégné l’attitude ou l’inaptitude du gouvernement dès le début du boycott.
Après tout, Lahcen Daoudi n’a été que conséquent avec lui-même, tout à son honneur. Contrairement à son « chef » du gouvernement qui, au départ a critiqué et même pris à partie les boycotteurs, flanqué de son porte-parole qui s’est cru autorisé à mettre en garde contre les fausse nouvelles, invoquant même la justice…C’est peu dire que le boycott risque de faire imploser la majorité et qu’il révèle la face cachée de l’iceberg , une immense banquise appelée « transition islamiste » en place depuis 2011, avec ses tangages et ses trous béants…
Qu’on se le dise : les boycotteurs attendent, et en aucun cas ils ne veulent lâcher « la proie pour l’ombre », eux-mêmes servant d’instrument à d’autres douteux et souterrains agendas. Le vrai débat aujourd’hui est, outre séparer le bon de l’ivraie dans cette aventureuse gestion de la crise, est de substituer à l’ancienne qui nous coûte tant, une nouvelle gouvernance de la crise. C’est de constituer une ou des Commissions, représentatives et désintéressées pour prendre langue avec des représentants de cette communauté informe de boycotteurs, de privilégier l’écoute indispensable et d’associer la société civile qui a son mot à dire. Le gouvernement a les moyens d’engager ce processus, les hommes et les femmes pour l’assurer et l’obligation de quitter sa tour d’Ivoire.
Haro sur cet attentisme, cette île flottante que le gouvernement est en train d’incarner à sa décharge.