Brexit: May attendue au tournant sur sa promesse d’amender son projet de loi
Le parlement britannique continue d’examiner mercredi le projet de loi sur le Brexit, après un premier vote mardi qui a vu le gouvernement conservateur de Theresa May éviter une défaite au prix de concessions en direction des députés pro-UE.
Les débats, qui doivent démarrer en début d’après-midi, vont porter principalement sur la question du maintien d’une union douanière entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Le gouvernement a trouvé un arrangement avec sa majorité et un amendement de compromis, porté par des députés tories pro et anti-Brexit, devrait être adopté.
Mardi, la Chambre des Communes a rejeté au grand soulagement de Mme May un amendement qui aurait donné au parlement un droit de veto sur le résultat des négociations avec Bruxelles alors que la majorité des parlementaires britanniques refusent que leur pays quitte l’UE sans accord.
Pour arriver à ce résultat, le gouvernement a promis d’offrir au Parlement un droit de regard sur le futur accord de sortie. Mais la teneur exacte des concessions restaient floues aux yeux d’un grand nombre d’observateurs, permettant à chaque camp -europhobes et europhiles- de clamer victoire.
« Ce qui a été convenu, c’est que la Première ministre a compris que le Parlement veut avoir son mot à dire, en toute circonstance, sur l’accord final du Brexit », s’est ainsi réjoui la députée conservatrice pro-UE Nicky Morgan sur la BBC.
Elle s’est dite convaincue que les députés conservateurs rebelles, prêts à voter l’amendement, n’ont pas été « manipulés » par le gouvernement, et qu’ils obtiendraient bien un vote à l’issue des négociations entre Londres et Bruxelles.
« Il était très important pour nous d’obtenir l’assurance personnelle de la Première ministre. Et nous l’avons eu », a-t-elle ajouté.
>>Lire aussi : GB-Démission d’un secrétaire d’Etat avant un vote sur le Brexit
En face, Robert Buckland, député et conseiller juridique de l’exécutif, s’est montré beaucoup plus circonspect sur la possibilité de laisser le parlement disposer d’un vote contraignant sur l’accord final du Brexit.
« J’ai un problème, d’un point de vue constitutionnel et politique, avec l’idée que le parlement puisse imposer ses directives », a-t-il expliqué sur la BBC. « Nous ne devons pas lier les mains du gouvernement dans ces négociations ».
« Je peux assurer à tout le monde que nous allons travailler dur pour trouver des idées », a-t-il affirmé, se montrant confiant sur la possibilité de trouver « une voie intermédiaire » qui convienne à chaque groupe.
Le répit obtenu par Mme May sera de courte durée, puisqu’une nouvelle version du texte du gouvernement devra être présenté d’ici lundi, lorsque le projet de loi reviendra devant la Chambre des Lords.
« Je pense que la Première ministre est dans une situation difficile, parce que s’il y a deux interprétations différentes des engagements qu’elle a pris, nous nous en rendrons compte très vite », a mis en garde le député travailliste Hilary Benn, président de la commission parlementaire sur le Brexit.
« Je trouve cela extraordinaire que l’idée que le Parlement ait son mot à dire sur le résultat obtenu par le gouvernement (dans les négociations du Brexit) soit sujet à débat », a-t-il regretté.
Le projet de loi examiné par les députés, qui porte sur le retrait de l’UE, doit mettre fin à la suprématie du droit européen sur le droit britannique, et organiser la transposition de certaines règlementations européennes.
Adopté en première lecture en janvier, il a été largement amendé par la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement britannique, allant à l’encontre de la ligne gouvernementale que Theresa May tente de restaurer.