Le secteur agricole marocain, un solide pilier économique
Par Désiré Beiblo
L’agriculture occupe, depuis toujours, une place de choix dans l’économie marocaine. Au fil des années, le secteur a su s’adapter à différentes fluctuations pour finalement s’imposer comme l’un des piliers les plus importants de l’économie.
L’importance du secteur agricole dans l’économie marocaine n’est plus à démontrer. Avec une part de 14% du produit intérieur brut (PIB), soit l’équivalent de 74 milliards de dirhams, l’agriculture est l’un des secteurs clés du Royaume. Selon les chiffres du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, ce secteur stratégique concentre à lui seul 40% de la population active et plus de 80% en zone rurale, soit plus de 4 millions d’emplois. Ce qui en fait, et de bien loin, le premier pourvoyeur d’emploi au Maroc.
Toutefois, si depuis les années 60, sa place dans le produit intérieur brut n’a cessé de croître, et même de doubler, les résultats de l’agriculture dont les performances impactent significativement l’économie entière, sont restées très variables au gré des conditions climatiques. Ainsi, selon les années et les productions agricoles, elles ont occupé entre 11 et 18 % du PIB.
Cette contribution est cependant satisfaisante, en comparaison de la taille des exploitations. Le Royaume ne dispose que de 9,5 M d’hectares de surface agricole utile (SAU), soit 13% de la surface du pays, partagés entre les petites exploitations de moins de 5 hectares, les grandes ou les très grandes exploitations, peu nombreuses mais couvrant une partie importante de l’espace agricole.
Des avancées considérables
La mécanisation des exploitations reste l’un des manques à combler pour propulser davantage le secteur agricole marocain. Avec un taux de 47% de mécanisation, le pays reste en deçà de ses réelles potentialités. Ce retard est dû en grande partie au fait que le Maroc ne produit pas l’essentiel des équipements agricoles dont la majeure partie est issue de l’exportation. Toutefois, malgré ce « handicap », le pays a pu atteindre des résultats impressionnants et conserver une trajectoire en progression continue. Dans cette dynamique, le pays est en course pour son autosuffisance sur certaines denrées alimentaires.
Il assure ainsi 100 % de ses besoins en viandes, fruits et légumes, 82 % de ses besoins en lait, 60 % en céréales et 50 % en sucre. Ces résultats devraient s’accroître suivant la mécanisation, avec pour conséquence directe, de réduire substantiellement les besoins d’importation du pays. Les importations de produits agricoles et alimentaires représentent entre 14 % et 24 % du total des importations marocaines pendant que les exportations oscillent entre 15 et 21%.
Le « Plan Maroc Vert »
Lancé en 2008, sous l’impulsion de Aziz Akhannouch, le ministre de l’Agriculture, le Plan Maroc vert a pour objectif de développer et de moderniser l’agriculture du Royaume. De ce fait, sous l’autorité de sa Majesté Le Roi Mohammed VI, une nouvelle stratégie de développement a été formulée pour redynamiser l’agriculture moderne et l’agriculture solidaire.
Elle devra, à terme, développer une agriculture performante, adaptée aux règles du marché, grâce à une nouvelle vague d’investissements privés, organisés autour de nouveaux modèles d’agrégation équitables, et mettre en place une approche orientée vers la lutte contre la pauvreté, en augmentant de manière significative le revenu agricole des exploitants les plus fragiles, notamment dans les zones périphériques.
Pour ce faire, le département de l’Agriculture ambitionne d’imprimer au secteur agricole une dynamique d’évolution harmonieuse, équilibrée et évolutive qui tienne compte de ses spécificités, d’exploiter les marges de progrès et valoriser au mieux les potentialités, de faire face aux nouveaux enjeux tout en préservant les équilibres sociaux et économiques, et d’accompagner la profonde mutation que connaît le système agro-alimentaire mondial.
Il espère ainsi créer « un impact considérable sur la croissance, la mise à niveau et l’augmentation du revenu agricole comme moteur de lutte contre la pauvreté rurale, justifiant ainsi la mise en oeuvre d’importants moyens financiers, institutionnels et managériaux, une amélioration notoire du PIB agricole, des exportations et des investissements privés, une lutte contre la pauvreté plus efficace et à plus grande échelle, à la fois dans les campagnes, mais aussi dans le périurbain défavorisé ».
En outre, il projette « une nette amélioration du pouvoir d’achat et du rapport qualité/prix pour le consommateur marocain sur le marché national et rééquilibrer, sur le long terme, le déficit de la balance alimentaire et sécuriser au maximum les échanges ».
À l’horizon 2020, selon les prévisions de l’Agence pour le Développement agricole (ADA), l’organisme en charge de ce projet, toutes les actions mises en place dans le cadre du « Plan vert Maroc » devraient permettre de doubler les revenus de l’agriculture et la part du secteur dans le PIB pourrait dépasser les 15%. De grands résultats ont déjà été observés depuis sa mise en oeuvre, en l’occurrence la croissance de la production agricole nationale qui a atteint les 40%.
Bien qu’elle soit volatile et dépendante du climat, l’agriculture devrait prendre plus de poids et conserver son importance dans l’économie marocaine, résistant à la forte urbanisation et à la tertiarisation de l’économie.