Lutte contre Daech en Afrique: M. Bourita appelle à tenir compte des subtilités du continent
La stratégie de communication de la Coalition mondiale contre Daech, si elle devait s’orienter vers l’Afrique, « gagnerait à bénéficier des ressources et perspectives africaines », a affirmé, mardi à Skhirat, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Nasser Bourita.
M. Bourita, qui s’exprimait à l’ouverture de la Réunion régionale des directeurs politiques de la Coalition mondiale contre Daech portant sur la menace de ce groupe terroriste en Afrique, a fait observer que « la lutte contre la propagande de Daech en Afrique ne pourra être efficace que si les messages et les vecteurs développés par la Coalition tiennent compte des subtilités du terrain ».
Le redéploiement des combattants de Daech vers l’Afrique nécessite également une forme de coopération avec les Etats africains qui puisse permettre d’améliorer leur connaissance des dynamiques de leurs redéploiements, d’anticiper la formation de fiefs durables et de renforcer les capacités de détection des partenaires africains, a souligné le ministre.
L’efficacité de la lutte contre le terrorisme en Afrique « requiert une prise en compte adéquate des causes profondes de ce fléau (…) sans laquelle notre action demeurera vaine », a-t-il noté, expliquant que les vulnérabilités liées à l’impact des changements climatiques sur les populations africaines, l’appauvrissement de communautés entières du fait de l’absence d’une croissance économique inclusive, aggravée par une démographie galopante, constituent un terrain fertile favorisant l’infiltration puis l’enracinement des groupes terroristes et de leurs idéologies extrémistes.
De même, « l’absence d’une coopération qui soit à la hauteur de l’évolution croissante de ces défis, combinée à l’incohérence de certaines approches adoptées, exposent les Etats africains à des pressions multiformes », a relevé le ministre.
L’Afrique a « besoin plus que jamais d’une action commune, immédiate et déterminée en faveur de sa stabilisation politique, le renforcement de sa sécurité et la promotion de son développement économique pour lui permettre de retrouver sa vocation première, à savoir celle d’un véritable pôle d’attraction et un espace de développement et de stabilité », a-t-il martelé.
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M. Bourita a fait remarquer que « les pays africains ont démontré, si besoin est, par des faits concrets, leur détermination, leur prise de conscience et leur volonté de s’approprier les problématiques entravant leur développement et leur sécurité, en proposant des stratégies pragmatiques, concrètes et ambitieuses ».
A cet égard, le ministre a rappelé que le Maroc, « conscient de ses responsabilités envers son continent d’appartenance (…) s’est engagé, dans le cadre de la Vision Royale, à développer un modèle novateur de coopération avec ses frères africains », notant que ce modèle s’est transformé au fil du temps « en un véritable partenariat global visant une stabilité durable du continent et mettant le citoyen africain au centre de notre action commune ».
En prenant l’initiative de cette rencontre, le Maroc, a poursuivi M. Bourita, entend notamment offrir l’opportunité à la Coalition d’appréhender et de se rapprocher davantage de la réalité de la menace de Daech en Afrique, permettre aux Etats africains non-membres de connaitre de près les différentes dimensions de l’action menée par la Coalition, ses dynamiques et ses objectifs déclinés dans les mesures envisagées par ses Groupes de Travail, tout en explorant le potentiel de coordination, les synergies et les possibles voies de coopération.
Le Maroc, a-t-il conclu, continue d’assumer ses responsabilités envers son continent d’appartenance et son voisinage tout en demeurant disposé à jouer un rôle pour l’éclosion d’un véritable partenariat de lutte contre le terrorisme en Afrique.
En 2017, selon M. Bourita, environ 343 attentats terroristes ont été recensés en Afrique ayant entrainé au moins 2.600 victimes, soit 22 fois plus qu’une Europe.
En termes d’effectifs, le plus important groupe affilié à Al-Qaida se trouve actuellement en Afrique, avec plus de 6.000 combattants. Les éléments affiliés à ce groupe en Afrique de l’Ouest seulement sont estimés à 3.500 combattants.
En Afrique du Nord, le nombre d’individus affiliés à Daech est significatif et susceptible d’être renforcé par les retours de combattants aguerris de la zone irako-syrienne.
Cette réunion, marquée par la participation de l’Envoyé spécial du Président Trump pour la Coalition contre Daech, Brett McGurk, et d’un groupe restreint de pays membres de la Coalition contre Daech, est l’occasion pour les partenaires de la Coalition de discuter des prochaines étapes pour assurer une défaite durable de Daech en Irak et en Syrie, ainsi que les moyens d’accélérer l’approche collective de lutte contre les ambitions mondiales du groupe dit Etat Islamique (EI).
La rencontre mettra particulièrement l’accent sur la présence de l’EI en Afrique et inclura une discussion détaillée des priorités pour les multiples axes d’action de la Coalition, y compris la stabilisation, les combattants terroristes étrangers, le financement antiterroriste et les messages anti-radicalisation.