Il faut donner aux Africains des raisons de ne pas quitter leur pays
Les flux migratoires ne se tariront pas simplement en érigeant des barrages de police et en tenant des gens en otages dans des camps, a prévenu le président du Parlement européen, Antonio Tajani, en estimant nécessaire de donner aux jeunes Africains de sérieuses raisons pour ne pas quitter leur pays.
Il faut mettre en œuvre une véritable stratégie de développement, investir dans l’agriculture, l’eau, les énergies renouvelables, l’éducation, la santé, la recherche, l’innovation, a-t-il insisté dans un entretien publié lundi par le journal français Le Figaro.
Si nous ne créons pas une économie solide en Afrique, ce sont des millions de jeunes gens qui prendront la route de l’exil vers l’Europe et que nous ne parviendrons pas à arrêter, a mis en garde Tajani, qui vient d’effectuer une mission de trois jours au Niger.
L’Europe doit inscrire 40 milliards d’euros à son budget 2021/2027 pour l’Afrique (elle peut même aller jusqu’à 50 milliards), a-t-il estimé en prônant, pour faire face à l’exode des Africains qui «seront 2,5 milliards en 2050, peut-être même 5 milliards en 2100», d’investir massivement dans l’économie africaine, de créer des infrastructures dans tout le Sahel, de construire des routes, des lignes ferroviaires, des télécommunications, des écoles, des centres de santé employant des médecins africains et de former des jeunes à des métiers spécialisés.
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Soulignant la nécessité d’une stratégie globale dans ce domaine, le président du Parlement européen a considéré qu’il s’agit là d’un problème qu’on ne peut pas résoudre seulement par des aides nationales. Il faut un véritable effort collectif de tous les pays européens, a-t-il insisté.
Tajani, qui a préconisé la construction de camps d’accueil sous contrôle de l’ONU qui ne soient pas des camps de «rétention» comme il en existe en Libye, a mis l’accent également sur la nécessité d’aider le Sahel à lutter contre les différentes formes de terrorisme ainsi que contre les trafics de stupéfiants.
En termes de priorités, il s’agira, selon lui, dans une première phase, de bloquer les flux d’immigration par des accords de réadmission avec les pays de départ et dans un deuxième temps, de stabiliser la situation économique du Sahel.
La troisième phase, à plus long terme, consistera à entreprendre un véritable développement de l’Afrique, a-t-il poursuivi en qualifiant d’ «illusoire» le fait de «croire qu’on freinera les mouvements de population en bloquant quelques ports ».