Success story: Zalar Holding, le discret champion national
Les voies de l’entreprise sont impénétrables. Celles de Zalar Holding encore moins. Leader du secteur avicole marocain et seul acteur verticalement intégré sur l’ensemble de la chaîne de valeur, le groupe de la famille Chaouni nourrit les fantasmes des observateurs locaux et étrangers. L’occasion donc de retracer l’histoire de la success story marocaine, comme nous la raconte le dirigeant.
Seul acteur verticalement intégré sur l’ensemble de la chaîne de valeur, Zalar Holding, leader du secteur avicole Marocain, est méconnue du grand public. Portées par de 2.200 collaborateurs, son chiffre d’affaires consolidé a évolué passant de 3,6 milliards en 2013 à près de 4.5 milliards en 2017. « Nous avons consolidé nos positions sur le marché avicole dans un contexte marqué par la surproduction et la contraction des marges en 2014 et 2015 et par l’apparition de la grippe aviaire en 2016″, analyse pour Maroc Diplomatique Omar Benayachi, directeur général de Zalar Holding. De façon générale, sur l’ensemble des filières où le groupe opère, il a, à l’image de la progression du CA, amélioré ses parts de marchés et représente actuellement entre 10 et 30% selon le type d’activité.
Nous n’en saurons pas plus car il est dur d’arracher des chiffres précis aux dirigeants de Zalar. « Actuellement dans l’accouvage et l’abattage industriel de volaille nous représentons 15%« , concède toutefois Benayachi. Des performances qui n’étaient pas acquise, car l’entreprise est entrée dans le secteur avicole comme par effraction. C’est en 1974 que Mohammed Chaouni Benabdallah et son fils Fouad fondèrent à Fès, à proximité du mont Zalagh, une des toutes premières usines de nutrition animale du pays, El Alf. « Aujourd’hui la manufacture représente une part de marché nationale dépassant les 12% et offre une capacité de production de nutrition animale annuelle de 960.000 tonnes’’, souligne Benayachi. « Nos installations n’ont rien à envier aux meilleurs du monde », continue-t-il. Fin des 70’s, pour accompagner le développement de la modeste affaire, la famille crée la société Couvnord, couvoir produisant des poussins d’un jour. Ceci marqua la première étape d’une intégration annoncée dans l’activité avicole.
Intégration verticale
Il faut faire un saut dans l’espace-temps, au début des années 1990, pour voir la création du pôle négoce regroupant les activités d’importation, de négoce et de stockage de céréales et dérivés. Disposant d’une capacité de 100.000 tonnes, les entreprises Graderco et Alimaroc viennent alors consolider plus de 20% du volume des matières premières importées au Maroc. « L’unité a permis de mieux maîtriser l’approvisionnement en matières premières nécessaires au bon fonctionnement de l’usine de nutrition animale », étaye le manager. La fin des années 2000 vit le groupe Zalar Holding, société constituée en vue de regrouper les activités industrielles de la famille Chaouni, racheter les sociétés d’abattage et de transformation Eldin et Banchereau Maroc, commercialisant conjointement la marque «Dindy», bouclant ainsi le processus d’intégration global amorcé par les fondateurs trente ans plus tôt. « L’abattage est une activité compliquée de nos jours au Maroc. Il faut savoir qu’au moins un abattoir par an met les clés sous la porte. Le plus gros problème de la filière aujourd’hui réside dans la concurrence déloyale des riyachas », explique le top management de l’entreprise.
Une décennie plus tard, Zalar Holding fusionne avec le Groupe Al Altas pour donner naissance à Atzal, regroupant ainsi l’ensemble des maillons de la filière avicole dans les régions de Fès et de Casablanca. Le tournant se produit en 2011, quand la famille Chaouni acquiert 100% des actions du Groupe Atzal Holding. L’entreprise, reprend alors sa dénomination d’origine, Zalar Holding. En novembre 2013, le groupe accueille dans son tour de table la Société Financière Internationale (SFI), filiale de la Banque Mondiale, et lance concomitamment un projet d’investissement à hauteur de 350 millions de dirhams.
Les deux opérations déchaînent les ardeurs des observateurs. La machine médiatique se met en branle. »Nous pouvons affirmer sans sourciller que la majorité de qui a été écrit sur cette opération est faux”, soutient le DG. L’entrée au capital de la SFI vise plusieurs objectifs selon le top management, notamment le renforcement de la structure financière du groupe et l’appui du plan de développement de Zalar. Ce partenariat marque la première participation directe de la SFI dans le secteur de l’industrie agroalimentaire au Maroc. Une année après, soit en novembre 2014, Zalar Holding lance un emprunt obligataire de 350 millions de dirhams et un placement privé de 125 millions de dirhams auprès de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), dont c’était le premier placement privé sous forme obligataire sur le marché marocain.
Cap vers l’Afrique
En juin 2015, Seaboard Corporation, conglomérat industriel américain spécialisé dans les secteurs de l’agroalimentaire, du négoce et du transport maritime, intègre le tour de table du holding. Cette opération de rapprochement s’inscrit dans une logique de développement continental. Dans cette perspective, le groupe crée en septembre 2015 une nouvelle filiale, Zalar Africa. « L’entreprise portera les investissements que nous comptons réaliser en Afrique. A ce stade, nous sommes en pleine préparation de notre implantation qui aura lieu courant 2018. Le pays retenu pour cette première phase est le Sénégal« , continue Omar Benayachi. C’est dans cette optique que le groupe a accueilli début juillet 2018 le japonais Mitsui & Co dans son tour de table. L’investissement du Groupe Mitsui, qui se chiffre à 25 millions de dollars, permettra à la holding, de soutenir son projet de développement à moyen terme. «Nous nous réjouissons de ce partenariat qui vient renforcer l’actionnariat du Groupe et conforter notre vision stratégique aussi bien au Maroc qu’en Afrique», conclut Ali Berbich, administrateur directeur général de Zalar Holding.