Académie du Royaume: Edhem Eldem explique sa démarche de recherche historique à un groupe de doctorants marocains et subsahariens
Le chercheur Edhem Eldem, membre du Collège de France à Paris et titulaire de la Chaire internationale d’histoire turque et ottomane, a expliqué, jeudi à Rabat, sa démarche de recherche historique à un groupe de doctorants marocains et subsahariens, lors d’une conférence-débat organisée par l’Académie du Royaume du Maroc et consacrée au rayonnement mondial de l’Alhambra, ce monument andalou mythique.
L’éminent chercheur a mis l’accent, au cours de cette rencontre, sur diverses facettes de l’histoire de la modernité ottomane, ses aspects politiques, sociaux, économiques ou encore artistiques, grâce à l’étude de sources multiples et originales telles que l’épigraphie funéraire, les archives de la Banque impériale ottomane et l’archéologie, ainsi que par le biais d’une analyse critique de leur nature et leur contenu.
Il a relevé que les sciences sociales et humaines ne peuvent s’éloigner du référent historique, étant donné que celui-ci demeure indispensable pour la compréhension du présent et que l’économie elle-même est le produit de l’histoire, citant l’exemple du philosophe et économiste Adam Smith qui a étudié l’histoire de l’industrie en Angleterre en vue de développer les théories de l’Economie et du marché.
Par ailleurs, il a fait savoir que l’objectif de cette rencontre est de partager avec les jeunes académiciens marocains et africains les expériences et les méthodes de travail adoptées durant des années de recherche.
Eldem, également professeur au département d’histoire de l’université de Boğaziçi (Turquie), a expliqué que ses premiers livres sont centrés sur les échanges économiques des Ottomans avec l’Occident, jugeant nécessaire de redonner à l’histoire turque et ottomane, tiraillée entre deux tendances opposées mais tout aussi conservatrices : kémalisme séculariste et nationaliste d’une part, traditionalisme ottomanisant de l’autre.
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Dans une déclaration à la MAP, l’étudiant chercheur en géopolitique et relations internationales à l’Université Cadi Ayyad à Marrakech, Mustapha Mechadi, a indiqué que sa participation à la conférence de l’Académie du Royaume lui a permis de forger des idées sur l’héritage des cultures islamiques durant la période allant du 17e au 19e siècles.
Il s’est dit « impressionné » par l’approche de l’historien Eldem au niveau théorique en ce sens qu’il adopte une conception qui se fonde sur une lecture consistant à réfuter et nier la conception de historiographie classique dans la mesure où il met en vogue un certain nombre d’enjeux sociétaux liés à l’altérité et la modernité.
Même son de cloche chez l’étudiant chercheur au sein de la même université, Abdoulay Koné, originaire du Mali, qui a salué l’initiative de l’Académie du Royaume du Maroc permettant aux chercheurs d’explorer d’autres thèmes et de les mettre dans un cadre didactique approprié.
Koné s’est dit « fier » d’avoir tiré plusieurs enseignements de cette conférence se rapportant à l’histoire, l’économie et la politique, notant que sa participation lui sera utile pour ses recherches académiques.
L’Académie du Royaume du Maroc et le Collège de France ont organisé, mercredi à Rabat, une conférence-débat autour des « Regards croisés sur l’Alhambra au dix-neuvième siècle« , qui a offert l’opportunité de mettre en valeur le rayonnement mondial de ce joyau architectural exceptionnel et sa perception à la fois dans le monde occidental et chez les musulmans.
Initiée dans le cadre du cycle de conférences « Collège de France au Maroc« , en collaboration avec l’Institut français du Maroc, cette conférence a mis l’accent sur l’Alhambra au dix-neuvième siècle et la perception de ce monument de moyen âge musulman à la fois pour les occidentaux et les musulmans de l’époque moderne, tout en mettant en exergue leurs commentaires sur la manière dont ils perçoivent ce véritable joyau de l’architecture nasride.