Le parti Nidaa Tounes au pouvoir décide de geler l’adhésion du chef du gouvernement
Le parti Nidaa Tounes au pouvoir a annoncé, vendredi soir, avoir décidé de geler l’adhésion du chef du gouvernement Youssef Chahed et de transmettre son dossier à la commission du règlement intérieur sur fond de crise politique qui ronge cette formation depuis plusieurs mois.
Dans une déclaration à l’issue d’une réunion de son instance politique, Nidaa Tounes a salué le rôle de son groupe parlementaire et « la cohésion de ses élus autour de la ligne politique du parti et les choix de son fondateur Béji Caïd Essebsi ».
Cette crise au sein du parti intervient après la démission de huit députés de Nidaa Tounes et la création d’une nouvelle coalition parlementaire soutenant Chahed auquel le Comité exécutif a décidé d’envoyer une correspondance au sein de laquelle il lui a donné 24 heures afin d’expliquer sa relation avec le parti.
Avec le mouvement Ennahdha, Chahed dispose d’une majorité de 109 députés dans le cadre de la nouvelle coalition nationale, formée après la démission de 8 députés de Nidaa Tounès.
Mais ce soutien du mouvement islamiste Ennadha reste encore tributaire de la décision de Chahed qui doit s’engager de ne pas se présenter aux élections de 2019.
Plutôt dans la journée, le chef du gouvernement avait mis en garde contre tout changement politique qui « conduirait à la rupture des négociations avec les établissements financiers internationaux, tandis que le pays a un besoin certain de financements pour couvrir le déficit budgétaire ».
« Disposé à payer le prix politique à condition d’améliorer les conditions de vie des citoyens, le gouvernement est ouvert à tous les partenaires sociaux et ceux qui sont animés par la volonté de servir le pays », a-t-il dit lors d’une Conférence nationale sur les orientations économiques et sociales de la loi de Finances 2019.
Il a déploré le fait que l’Exécutif, qui n’a pas eu le soutien politique nécessaire pour avancer dans les dossiers et les réformes évoqués lors de sa prise de fonction, avait trouvé des conflits politiques secondaires n’ayant aucun lien avec les intérêts du pays.
Chahed a affirmé que les conflits politiques « ont perturbé l’action gouvernementale et agi comme une force tirant en arrière » et « entravé le processus de la réforme et la prise de mesures nécessaires pour réaliser le développement économique escompté ».
Malgré tout, a insisté Chahed, « le gouvernement n’abandonnera pas le choix des grandes réformes », dont en premier lieu les caisses sociales et le système des subventions qui seront lancées avec la nouvelle loi de Finances.
« Théoriquement, il était possible de jeter l’éponge et d’abandonner mais cela ne fait pas partie de notre philosophie ni dans la politique, ni même dans la vie », a-t-il souligné.
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