Crimes contre l’humanité : le Chili et cinq autres pays demandent à la CPI d’enquêter sur le Venezuela
Le Chili et quatre autres pays latino-américains en plus du Canada ont demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur des accusations de crimes contre l’humanité visant le gouvernement du président vénézuélien Nicolas Maduro, a annoncé mercredi le ministère chilien des Affaires étrangères.
En marge des activités de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, les présidents du Pérou, de l’Argentine, du Chili, de la Colombie, du Paraguay et le Premier ministre canadien Justin Trudeau ont formulé cette demande dans une lettre qu’ils ont signée et adressée à la Procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a annoncé le ministre chilien des Affaires étrangères, Roberto Ampuero, en compagnie de ses homologues de l’Argentine, du Paraguay, du Pérou et du Canada, précise le ministère dans un communiqué.
Il s’agit de la première fois que des pays membres de la CPI dénoncent le comportement d’un autre État membre auprès des procureurs du tribunal onusien de La Haye.
Bensouda a annoncé en février l’ouverture d’un examen préliminaire sur la situation au Venezuela, mais n’a pas encore demandé d’enquête formelle, deuxième phase de la procédure avant d’éventuelles poursuites.
La procureure a expliqué que l’examen préliminaire portait sur des allégations visant la police vénézuélienne, accusée d’usage excessif de la force, d’arrestations arbitraires et de mauvais traitements contre des membres de l’opposition.
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Mi-septembre, le Chili et une dizaine de pays du Groupe de Lima avaient rejeté toute « intervention militaire » ou « usage de la force au Venezuela« . Suite à des déclarations du secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, qui n’a pas exclu l’option d’une intervention militaire au Venezuela, onze des 14 pays qui composent le Groupe de Lima « ont exprimé leur préoccupation et leur rejet de toute démarche impliquant une intervention militaire ou l’exercice de la violence, de la menace ou l’usage de la force au Venezuela« .
Ainsi, le Chili, l’Argentine, le Brésil, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou et Sainte-Lucie ont réaffirmé leur engagement à « restaurer la démocratie au Venezuela et à surmonter la grave crise (…) par une solution pacifique et négociée ».
De même, ils ont exhorté le gouvernement de Nicolas Maduro à « mettre fin aux violations des droits de l’Homme, libérer les prisonniers politiques, respecter l’autonomie des pouvoirs« .
Le Groupe de Lima, qui comprend également le Canada, la Colombie et le Guyana, a été créé en 2017 pour aider à résoudre la crise au Venezuela, tout en dénonçant la radicalisation du gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro.
Le Venezuela croule sous les effets d’une grave crise économique et sociale, avec une pénurie de très nombreux produits de base, aliments et médicaments, et une inflation qui devrait atteindre 1.000.000% en 2018 selon les estimations du FMI.