Société civile : quel engagement pour une action citoyenne solidaire?
Dossier du mois
Témoignages de membres actifs de la société civile et du monde associatif
Amal Bourquia Professeur de Néphrologie, Experte en Ethique, Présidente de l’association REINS
La notion de société civile signifie que la société s’organise en dehors de l’autorité publique. Elle traduit une évolution et un certain besoin d’autonomie de la société. Par conséquent, il ne faut surtout pas l’interpréter comme une forme d’organisation contre l’état. Elle connaît actuellement un grand regain d’intérêt dans les débats, les discours et les politiques. Cependant elle continue à susciter des discussions sur son champ d’action, son intérêt et son efficacité, qui peuvent apparaître parfois assez flous. Par ailleurs, l’intérêt général dépasse l’action des pouvoirs publics et peut aussi être couvert par l’action des associations à laquelle participent les réseaux sociaux. Ainsi, on ne doit pas penser que l’état doit tout faire. Le champ d’intervention gouvernemental peut être restreint faute de moyens humains et financiers. C’est alors que des opérateurs associatifs peuvent intervenir. Les associations ont un rôle d’initiateur et d’incitateur et regroupent des personnes qui mettent en commun leurs idées, leurs projets et leurs activités avec comme objectif répondre à des besoins d’intérêt général ou à une attente collective, défendre une idée, une réalisation…
Il arrive que les pouvoirs publics soient à l’origine de la demande, les associations perdent alors leur rôle d’initiateur et deviennent des instruments au service d’une politique. Par contre, la société civile ne peut se substituer aux formations politiques mais dans de nombreuses situations, les associations initient des thèmes qui sont repris par les pouvoirs publics ou des actions qui deviennent ensuite des politiques publiques. Les associations peuvent ainsi jouer un grand rôle parce qu’elles peuvent être à l’écoute des populations, percevoir leurs besoins et travailler pour apporter des solutions aux difficultés et aux attentes. Ces actions n’ont pas pour objectif la rentabilité économique et sont le résultat de la réflexion et du travail des acteurs eux-mêmes. Les pouvoirs publics agissent pour l’intérêt général, pour les individus et les citoyens, alors que dans le cas des associations, ce sont les individus et les citoyens eux-mêmes qui agissent. Il y a donc une complémentarité dans ces actions et aucune ne peut se substituer à l’autre. L’association est la rencontre de volontés de personnes et le principe du contrat, de l’échange volontaire, gratuit, sont des caractéristiques essentielles de celle-ci et une action de consolidation de la démocratie.
Une approche prospective du monde associatif et de sa place dans la société apparaît nécessaire. les appels à la société civile sont de plus en plus nombreux dans les projets de différents domaines et apparaissent comme un ingrédient indispensable à la bonne gouvernance des affaires publiques, et donc à la démocratie participative. En effet, la participation de la société civile dans des structures et instances réglementaires du champ de l’action publique est un des bienfaits de la gestion participative et traduisent le fait que les citoyens d’un territoire n’agissent pas individuellement mais prennent part à l’action publique dans un cadre associatif. Pour cela et pour que les associations puissent vivre, il convient qu’elles soient soutenues par des financements spécifiques, tels que ceux mis en place par l’INDH. Il est donc nécessaire qu’elles répondent aux normes de fonctionnement de toute instance réglementée. Il est aussi important que les règles de fonctionnement ou de constitution de ces associations soient à respecter pour que légitimement puissent se déclarer représentatives de la société civile. La participation de celle-ci est encouragée par les bienfaits de la gestion participative donc le respect des normes sociales est indispensable.