Turquie: huit policiers tués dans une attaque
Au moins huit policiers ont été tués vendredi dans un attentat à la voiture piégée à Cizre (sud-est) attribué aux rebelles kurdes, au moment où, de l’autre côté de la frontière, la Turquie mène une offensive militaire pour faire reculer les Kurdes de Syrie.
Soixante-dix personnes ont également été blessées, a annoncé le ministre de la Santé Recep Akdag, dans cette ville de 100.000 habitants située à 2 km de la frontière avec la Syrie. Selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu, l’attaque a été perpétrée par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
L’explosion a dévasté le quartier général des forces antiémeutes et une longue colonne de fumée noire s’élevait dans le ciel, selon des images diffusées par la télévision turque.
Douze ambulances et deux hélicoptères ont été envoyés sur place, a annoncé le ministère de la Santé cité par la télévision turque.
La violente explosion a eu lieu à 50 mètres du bâtiment, au niveau d’un poste de contrôle, a précisé Anadolu, ajoutant que la route principale reliant Cizre à la capitale de la province Sirnak, plus au nord, avait été fermée par les forces de sécurité.
Les immeubles voisins ont également été endommagés par la déflagration et certains étaient encore en flammes, selon des images diffusées par la télévision.
Les forces de sécurité turques subissent des attaques quasi-quotidiennes du PKK, qui ont fait des dizaines de morts depuis qu’un cessez-le-feu de deux ans et demi entre les rebelles et les forces turques a pris fin pendant l’été 2015.
Le PKK a intensifié ses attaques au cours des dernières semaines, après une relative accalmie suite au coup d’Etat militaire manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan le 15 juillet.
Cet attentat intervient deux jours après le lancement par les forces turques d’une offensive sans précédent en Syrie voisine visant, officiellement, à la fois les milices kurdes et les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Murat Karayilan, l’un des chefs du PKK basé en Irak, a expliqué que la guérilla était ulcérée par l’offensive turque dans le nord de la Syrie, qui vise, selon lui, davantage les Kurdes que l’EI.
La campagne militaire actuelle, a-t-il dit, est le fruit d’un « accord » entre Ankara et l’EI, et « ce qui se passe (sur le terrain) est plus un échange qu’une opération militaire ».
« L’EI n’a jamais abandonné une localité en une journée sans combattre », a-t-il déclaré à l’agence pro-PKK Firat. « Cet accord dangereux va allonger la durée de vie de l’EI ».
La Turquie a toujours démenti avec véhémence les allégations sur tout accord passé ou présent avec les jihadistes.
Jeudi, l’artillerie turque a bombardé des combattants kurdes dans le nord de la Syrie, après que les services de renseignement ont remarqué qu’ils progressaient sur le terrain en dépit d’une promesse des Etats-Unis selon laquelle ils allaient reculer.
Plus tôt, la Turquie avait envoyé un nouveau convoi de blindés en territoire syrien, au lendemain d’un offensif éclair des rebelles syriens qu’elle a soutenus et qui a permis de reprendre à l’EI la localité de Jarablos, près de la frontière.
La Turquie, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, est farouchement hostile à l’idée que les Kurdes syriens forment une ceinture continue le long de sa frontière.
Ankara considère le PYD et son aile militaire, les YPG, tous deux issus du PKK, comme des organisations « terroristes », au même titre que le Parti des travailleurs du Kurdistan.
L’armée turque a conduit à plusieurs reprises des opérations militaires dans le sud-est, y compris à Cizre où le PKK est particulièrement implanté.
Plus de 40.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en 1984, mais le PKK a récemment déplacé sa guerilla des campagnes vers les centres urbains, provoquant un nombre encore plus élevé de victimes et de nouveaux exodes de populations.
Le PKK, mouvement armé actif depuis 1984 sur le sol turc, est considéré comme un groupe terroriste non seulement par la Turquie, mais aussi par l’Union européenne et les Etats-Unis.