L’éthique et le professionnalisme, seules réponses pour endiguer la prolifération des fake news
La prolifération des fake news, favorisée par la montée en puissance des réseaux sociaux, impose aux journalistes de s’attacher plus que jamais aux principes d’éthique et de professionnalisme, ont souligné, vendredi à Rabat, les participants à un panel sur le “Fact-Checking” organisé dans le cadre du 1er Forum des directeurs de l’information des agences de presse africaines.
Intervenant lors de ce panel, la directrice de l’Information de 2M, Samira Sitail, a déconstruit le mythe du journalisme citoyen, regrettant qu’à notre époque, un citoyen, qu’il soit éduqué ou pas, est à même d’indisposer un homme politique ou un décideur économique par une simple vidéo non vérifiée.
“Face à ce genre de phénomène, il n’y a qu’une seule réponse, c’est l’éthique et le professionnalisme”, a-t-elle affirmé, rappelant que le fact-checking a été inventé par les médias anglo-saxons pour “crédibiliser leur travail face aux pouvoirs en place”.
“Le fact-checking n’est pas un nouveau genre journalistique. C’est une manière d’exercer le journalisme, de prendre les précautions nécessaires pour ceux qui souhaitent faire de la presse sérieuse”, a-t-elle poursuivi, et ce au moment où les réseaux sociaux sont devenus le “miroir déformant” de l’information.
Dans cette même veine, la directrice de publication du magazine TelQuel, Aicha Akalay, a fait observer qu’à l’origine, le fact-checking était destiné à vérifier la parole politique. Avec les réseaux sociaux, a-t-elle confié, ce concept a englobé toutes les informations majeures, notamment les fake news.
Or, a fait remarquer Akalay, “fact-checker nécessite une vérification instantanée que les médias ne peuvent pas faire de manière aisée”, regrettant le manque de moyens dont disposent les médias traditionnels pour faire face aux fausses informations.
“Il y a une proportion beaucoup plus importante de gens qui diffusent de fausses informations que de citoyens honnêtes”, a-t-elle estimé, avouant que “face à ça, nous autres médias, sommes assez démunis”.
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De son côté, l’expert en médias et contenus des organisations, Mohamed Douyeb, s’est interrogé sur le rôle des journalistes contemporains, se demandant s’ils allaient se transformer en des “vérificateurs plutôt que des rapporteurs d’information”.
Les fake news sont un phénomène complexe qui ne concerne pas que les médias et qui engage la responsabilité morale et politique de tous, a fait savoir Douyeb, ajoutant que “les médias sont une cible facile”.
A cet égard, Douyeb a plaidé en faveur de l’éducation aux médias, que ce soit au niveau de l’école, de la politique ou de la société civile.
Ce forum de trois jours, le premier du genre organisé par la Fédération Atlantique des Agences de Presse Africaines (FAAPA), s’est articulé autour de plusieurs sujets, notamment “L’usage des réseaux sociaux”, “La numérisation de la production”, “La programmation éditoriale”, “Le fact checking” et “La motivation et l’évaluation”.
Jeudi, les panélistes avaient échangés sur les défis communs auxquels sont confrontées les agences de presse à la lumière du paradigme technologique et de la révolution numérique, soulignant que, dans ce contexte, la numérisation de la production devient capitale car elle permet de combiner le texte, le son et l’image sur un même support.
Au cours de cette même journée, les participants ont également abordé la thématique de la programmation éditoriale dans l’optique de proposer un contenu de qualité.
Les intervenants ont, en ce sens, recommandé le recours au brainstorming lors des conférences de rédaction, tout en soulignant l’importance du respect des délais fixés à travers la mise en place d’un tableau de bord.
Ces sujets ont été débattus dans le cadre de plusieurs panels par une pléiade de journalistes et de responsables, ainsi que de directeurs de l’information de plusieurs agences de presse africaines et internationales et d’autres médias (journaux, journaux électroniques, magazines …).