Neila Tazi victime des intrigues de coulisses à la 2ème Chambre
Par Hassan Alaoui
Avant même que la 2ème Chambre des Conseillers, dite Chambre haute, dite Senat, dite chambre d’équilibre qui entérine ou conteste – théoriquement – les arguments de sa jumelle basse, n’entame sa session de l’année, là voilà au cœur d’une controverse La voilà accusée du péché véniel de discrimination et d’ostracisme, de piétiner l’un des principes fondamentaux de notre transition démocratique, si fragile et ténue…La démocratie parlementaire dont semble se prévaloir quelques uns, on n’y est pas encore – le serions-nous vraiment que nous n’en serions donc pas là – en est à cumuler ses manquements. Le problème n’est pas que Neila Tazi, Conseiller élu de la deuxième chambre, vice-présidente jusqu’à il y a quelques semaines de cette honorable institution et Présidente de la Fédération des industries culturelles et créatives au sein de la CGEM, ait manifesté clairement son désir de se représenter aux mêmes fonctions et de continuer sa mission de vice-présidente.
A la réflexion, le « coup de force » mené contre Neila Tazi à la deuxième Chambre du parlement est bel et bien une leçon pour nous. Ni plus, ni moins, elle s’apparente à un « coup d’Etat bonapartiste », aux oripeaux démocratiques. Plus que la personne elle-même, et tout ce que l’on n’a cessé de débiter sur son compte, l’entorse à la démocratie, c’est le recul obsessionnel contre la femme marocaine que le forfait incarne.
Nous n’en démordrons point de l’idée – hélas ; confirmée chaque jour – que le coup de dague a de fortes présomptions à caractère personnel et que ceux et celles qui le lui ont porté se sont implicitement donné le mot : en finir avec celle qui n’est venue de « rien et nulle part », autrement dit d’aucun parti politique, d’aucun système et de nulle coterie. Peut-être que Neila Tazi s’apparente à une outsider et qu’elle a franchi le Rubicon en se lançant dans l’arène avec cette naïveté de bousculer les règles d’une institution à la tête de laquelle , jusqu’à l’arrivée de Neila Tazi au Bureau de la Chambre il y a trois ans, seuls les hommes ont accédé.
Passe en effet la procédure par laquelle l’éviction de la vice-présidente a été organisée à la manière d’un pronunciamiento , elle s’inscrit d’ailleurs dans le même désordre suscité par la réélection du président de la deuxième chambre à son propre poste, qui nous interpelle, la CGEM elle-même ayant voté pour lui. Il convient de rappeler que Hakim Benchamach, non content d’être réélu au cœur d’un vote serré, n’a pas hésité à cautionner l’opération d’éviction expresse de sa vice-présidente, cooptée il y a trois ans après un accord officiel avec la même CGEM. Le 15 octobre dernier, il s’est tout simplement renié…
Maintenant, la réalité est là, et le soutien que Neila Tazi continue de recevoir ne semble nullement relever du fantasme. Il dénonce à coup sûr une entorse au système des valeurs que la vie politique en général semble vivre et subir. Le bilan, réalisé à la moitié de la législature par Neila Tazi, ne la déshonore pas, loin s’en faut. Et ses activités, comme d’aucuns se sont empressés de l’écrire avec une mauvaise foi caractérisée, ne se limitent pas à des voyages, n’obéissent aucunement à un quelconque statut privilégié, tous les députés bénéficiant des mêmes conditions.
En un mot, Neila Tazi a grandi et évolué dans une certaine aisance pour ne pas se prêter – à la différence de beaucoup d’élus – au jeu dérisoire des prestations et des honoraires corruptifs. Face à la procédure d’éviction, Neila Tazi peut faire sienne cette phrase shakespearienne : « Gardez-moi de mes amis, de mes ennemis je m’en charge ! »
La question centrale est que toute femme marocaine malmenée de nos jours est une parcelle de liberté et de droits perdus. Conduite depuis 6 ans par une femme , en l’occurrence Mme Miriem Bensalah-Chaqroun, la CGEM offrait à l’institution et au Maroc l’image imposante qui corrobore l’évolution ascendante d’un pays de progrès, aux avancées certaines, guidé par le Roi Mohammed VI qui met tout en œuvre pour hisser la femme au rang d’acteur réel.
Représenté pour sa part par une autre femme, le Bureau de la CGEM à la deuxième chambre nous réconciliait avec la politique et nous sortait du dogmatisme, il s’apparente désormais à une scène habituelle « d’hommes du président » en pleines intrigues. C’est le Maroc tout entier qui voit s’effilocher son image si chère en caricature machiste, qui assiste impassible à la perte de ses repères démocratiques.