Rachid Yazami, le Marocain universel

« Parce qu’il n’aime pas les impasses et les circuits fermés », comme il le dit, parce qu’il est convaincu que l’impossible devient possible grâce à la volonté et à la persévérance, parce qu’il n’aime pas les situations stagnantes et parce que sa devise est de bouger et faire bouger les choses pour se sentir en vie, Rachid Yazami n’est jamais à bout de ses recherches et inventions. Âgé de 62 ans, ce natif de Fès a déjà fait parler de lui, en 2014, dans les supports médiatiques nationaux et internationaux. Son visage souriant et son regard vif et malicieux en ont fait la Une et aujourd’hui encore, il fait remuer les claviers.

Jeune, il a fait ses études  au Lycée Moulay Rachid puis Moulay Driss à Fès où il a obtenu son baccalauréat en sciences mathématiques en 1971. Après une année à l’Université Mohammed V de Rabat, il s’envole pour la France et s’installe à Rouen où il intègre les classes préparatoires aux grandes écoles, avant d’être admis, en 1975, à l’Institut Polytechnique de Grenoble (INP) en faisant de la science des matériaux pour piles et batteries au lithium son domaine de recherche. En 1980, et en préparant sa thèse, Rachid Yazami signe sa première prouesse en intercalant du lithium dans du graphite de façon réversible et ceci en se servant d’un électrolyte solide et non liquide comme il était d’usage jusqu’alors. En 1998, il est nommé Directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS). Et en 2007, il crée, en Californie, une start-up pour développer et commercialiser ses découvertes. Actuellement, il est en détachement à NTU à Singapour.

C’est ainsi qu’en juillet 2014, Rachid Yazami a été le premier chercheur marocain, français et africain à recevoir le Prix Draper de l’Académie nationale américaine d’ingénierie à Washington. Un prix « Nobel » des ingénieurs qui est venu consacrer des travaux de recherches de longue haleine lors de sa thèse sur le développement des batteries lithium rechargeables en 1980. Une invention qui sera, d’ailleurs, déterminante dans le développement des batteries de tous les téléphones portables, tablettes et PC portables entre autres.

Décidé à ce que l’année 2015 ne s’en aille sans qu’il n’ait fait une nouvelle percée, le chercheur scientifique surprend le monde et révolutionne, encore une fois, l’univers technologique par sa nouvelle invention : la puce intelligente. En effet, plus qu’un simple accessoire, celle-ci réduit, considérablement, le temps de recharge de n’importe quel appareil muni d’une batterie Li-on et ce en seulement moins de dix minutes ! Outre ce gain de temps, un défi sécuritaire est derrière cet exploit scientifique puisqu’elle permet d’avertir l’utilisateur en cas de surchauffe des batteries et donc maintenir voire augmenter la durée de vie des batteries tout en évitant leur dégradation et pour ainsi dire prévenir les milliers d’accidents qui surviennent chaque année. Cette puce « multifonction » répond donc non seulement à une avancée technologique mais également sécuritaire : il permettra à cet effet, de recharger les batteries des smartphones et des véhicules électriques en dix minutes seulement, mais aussi de signaler une batterie défaillante ou sur le point de prendre feu. Cette nouvelle révolution dans le monde de la micro-électronique est le fruit de plusieurs années de recherches, menées par le Marocain Rachid Yazami et son équipe de l’université de technologie de Singapour.

Les batteries lithium-ion ont révolutionné le monde de l’électronique portable et leur marché est estimé à 22 milliards de dollars à l’horizon 2020.

La nouvelle découverte, qui fait le tour du monde, ces derniers jours, est « une réponse à une question que nous nous sommes posée mon équipe de recherche et moi : pourquoi les batteries s’enflamment-elles et que peut-on faire pour en réduire le risque ? explique Pr Yazami à la MAP.

Décoré le 30 juillet 2014 du Wissam de « la Compétence intellectuelle » par le Roi Mohammed VI, Rachid Yazami, qui compte à son actif plus de 200 publications et rapports scientifiques et une soixantaine de brevets en tant que co-inventeur, se dit être fier de sa marocanité et affirme que sa grande motivation est de toujours servir l’Humanité.

« C’est toujours une satisfaction personnelle que de contribuer à apporter des solutions à des problèmes techniques qui touchent tout le grand public … Je suis Marocain certes et j’en tire une fierté, mais quand j’exerce mon métier de chercheur j’entends servir toute l’Humanité », a confié à la MAP le scientifique marocain, directeur du programme Batteries à la Nanyang Technological University de Singapour.

Rachid yazami 2
Nanyang Technological University, Singapore

La puce intelligente en trois questions :

Quelle est la nouveauté apportée par cette nouvelle invention? Et pourquoi l’appelle-t-on « puce intelligente »?

La puce est dite “multifonction” parce qu’elle permet de déterminer,  avec précision, l’état de charge des batteries, chose que les systèmes actuels ont du mal à faire.  En plus, elle peut diagnostiquer des anomalies dans le fonctionnement des batteries ainsi que leur état de santé, réduire le risque d’emballement thermique et d’explosion et,  enfin réduire le temps de charge grâce a une communication avec le chargeur (concept innovant)

Elle est intelligente dans le sens où elle dispose d’un puissant microprocesseur qui calcule en temps réel les données nécessaires pour effectuer les quatre tâches citées.

Comment fonctionne cette puce pour batteries?

La puce (dite entropique) mesure les données de la batterie tels la tension (en volts), le courant (en ampère) et la température et les convertit en données thermodynamiques en entropie et en enthalpie. Ces données renseignent sur les états de charge, de santé et de sécurité de la batterie. La puce communique ces données au chargeur qui dispose d’une autre puce intelligente (dite adaptive) pour adapter le mode de charge de la batterie.

Combien de temps nous faudra-t-il encore avant de pouvoir nous procurer cette puce?

Entre 3 et 4 ans car il est prévu que la puce soit intégrée à chaque batterie. Il faut passer par des tests de validation par les fabricants de batteries.

 

 

 

 

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