Marrakech: présentation de la cartographie de vulnérabilité et d’adaptation des petits agriculteurs au changement climatique
Les résultats de la cartographie de vulnérabilité et d’adaptation des petits agriculteurs au changement climatique ont été présentés lors d’un séminaire, organisé vendredi à Marrakech.
Initié par l’Agence pour le Développement agricole (ADA) en partenariat avec le Fonds international de Développement agricole (FIDA), ce séminaire se veut une occasion de partager et de discuter de cette cartographie et de la feuille de route élaborée en tant qu’outil d’inclusion des petits exploitants et d’identification de leurs besoins en termes de renforcement des capacités de résilience aux effets des changements climatiques.
Financée par un don du FIDA octroyé à l’ADA d’un montant de 450.000 dollars US, cette cartographie est étendue actuellement à 16 régions du Royaume à savoir, les provinces de Taza, Boulemane, Sefrou, Azilal, Béni Mellal, Ifrane, Midelt, Khénifra, Taounate, Al Haouz, El Hajeb, Figuig, Oujda, Taourirt, Ouarzazate et Errachidia.
Cette étude constitue également un outil permettant l’identification des priorités, la planification stratégique ainsi que le financement de l’adaptation au changement climatique, à travers une évaluation des sites les plus exposés et de la population la plus touchée par les impacts négatifs du changement climatique.
Intervenant à l’ouverture de cette rencontre, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohammed Sadiki, a souligné l’importance de l’adaptation des agriculteurs au changement climatique, en tant que sujet d’actualité qui suscite la préoccupation dans différentes régions du monde.
Après avoir salué les relations et le partenariat de longue haleine avec le FIDA, Sadiki a relevé que la plupart des projets menés avec ce Fonds ont intéressé les régions montagneuses et vulnérables.
Il a, par la même occasion, noté que l’agriculture a été au cœur du Discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI à l’ouverture la 1ère session de la 3ème année législative de la 10ème législature, soulignant qu’il est temps de consolider les réalisations du secteur et aspirer à un monde rural plus prospère et d’œuvrer à faire émerger une classe moyenne agricole.
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Il a, dans ce sillage, indiqué que le changement climatique constitue une dimension extrêmement importante dans le cadre des projets et programmes menés par le ministère dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) depuis son lancement en 2008.
Pour prendre tout cela en considération, a-t-il expliqué, un certain nombre d’outils ont ainsi été mis en place et qui sont renforcés aujourd’hui avec des études, ajoutant que les indices qui sont discutés, à cette occasion, pour établir cette cartographie vont servir de base pour les interventions et surtout pour la programmation future en termes de projets et d’interventions dans ces régions, et pour formuler des instruments au profit des agriculteurs pour qu’ils puissent améliorer leurs capacités vis-à-vis du changement climatique.
Sadiki a, en outre, émis le souhait de voir cette cartographie étendue à l’ensemble du territoire national.
De son côté, le chargé du programme régional au Maroc pour le FIDA, Naoufel Telahigue, a fait remarquer que les petits exploitants sont aujourd’hui exposés au changement climatique à grande échelle au niveau mondial et au Maroc, insistant sur la nécessité de mettre en place des outils très précis pour aborder cette problématique à l’échelle locale, en vue de déterminer l’ampleur de ce problème et de le localiser dans l’espace.
Il ainsi relevé qu’il s’agit d’une cartographie assez précise de cette problématique qui a permis déjà d’identifier les zones les plus vulnérables, ajoutant que cette étude va aider à mieux cibler les financements, à mieux orienter les actions à même d’aider les petits agriculteurs à surmonter ce fléau, et à mobiliser d’autres financements.
Après avoir noté que l’adaptation au changement climatique est un axe central de l’action du FIDA au Maroc, Telahigue a indiqué que cette cartographie se veut un outil très important pour « bien cibler nos opérations en vue d’accompagner les efforts du gouvernement marocain et améliorer la résilience des petits agriculteurs« .
Pour sa part, le Directeur général de l’ADA, El Mahdi Arrifi, a expliqué que la présente étude témoigne d’une coopération fructueuse et réussie entre le Maroc et le FIDA, ajoutant que cette cartographie a permis de mettre en évidence les faits concrets et les incidences incontestables des changements climatiques et la nécessité d’adopter largement de bonnes pratiques de gestion des risques climatiques. Elle a aussi permis, a-t-il dit, de dresser une feuille de route comme étant un outil d’inclusion des petits exploitants et une réponse à leurs besoins en termes de renforcement de capacités de leur résilience au changement climatique.
Arrifi a noté que l’adaptation de l’agriculture au changement climatique est au cœur de l’Initiative « Triple A » que le ministère de l’Agriculture a lancé en concertation avec les pays africains, qui vise l’adaptation de l’agriculture en Afrique au changement climatique, permettant ainsi de mobiliser davantage de ressources financières en faveur de l’adaptation des agriculteurs.
Il a indiqué que les résultats de cette étude de cartographie de la vulnérabilité des agriculteurs ont permis d’identifier clairement les mesures de mitigation appropriées à mettre en œuvre pour aider les petits agriculteurs à s’adapter.
La cartographie de vulnérabilité et d’adaptation est une façon d’identifier et de hiérarchiser les interventions d’adaptation, a-t-il poursuivi, affirmant qu’elle constitue un référentiel pour cibler les mesures d’adaptation appropriées, permet de suivre les évolutions de la vulnérabilité au changement climatique à travers le temps en apportant aux organismes décideurs une justification argumentée pour défendre et de mettre en œuvre d’importants programmes d’adaptation aux effets du changement climatique, et représente un réel socle de connaissances au bénéfice de la planification de l’adaptation.
Cet important travail de cartographie permettra incontestablement d’ouvrir davantage d’opportunités en vue de l’accès direct au Fonds d’adaptation et au Fonds Vert pour le Climat, a-t-il dit, signalant que l’ADA a utilisé les résultats de cette cartographie pour soumettre au financement des bailleurs de Fonds un certain nombre de projets prioritaires au niveau des zones identifiées les plus vulnérables. Il a, en outre, invité l’ensemble des partenaires des différents secteurs économiques publics et privés à soumettre à l’Agence des propositions de programmes ou projets intégrant la dimension de changement climatique.
Le président de la Fédération nationale des Chambres d’Agriculture, Lahbib Bentaleb, a, quant à lui, souligné que le secteur agricole est le moins polluant de l’environnement et le plus affecté par les effets des changements climatiques, insistant sur l’importance de cette étude pour s’informer des répercussions des dérèglements climatiques sur le secteur et les petits agriculteurs, ainsi que sur les ressources en eau.
Il a aussi mis en relief l’importance et la teneur du Discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle session du parlement et dans lequel l’agriculture a occupé une place importante, ajoutant que le Discours Royal a mis l’accent sur la nécessité de satisfaire les attentes et les préoccupations des petits agriculteurs.
Bentaleb, également président de la Chambre d’Agriculture de Marrakech-Safi, a affirmé que le gouvernement doit veiller à prendre les mesures qui s’imposent pour permettre au secteur agricole national de continuer à jouer son rôle stratégique dans le développement social et économique du pays, tout en insistant sur la nécessité de l’amélioration de l’offre en ressources en eau, notamment à travers la rationalisation de leur utilisation et le stockage des eaux de pluies.
Il a, en outre, exprimé la mobilisation de l’ensemble des professionnels et leur disposition pour une adhésion effective afin de mettre en oeuvre les conclusions de cette étude de cartographie.
Ce séminaire a été marqué par un débat animé par les représentants d’organisations nationales et internationales autour des résultats de cette cartographie de vulnérabilité et d’adaptation des petits agriculteurs au changement climatique.