MEDays: La migration, une question complexe qui ne peut être abordée que dans sa globalité
La migration est une question complexe et multi-dimensionnelle qui peut être un facteur de développement, mais qu’il ne convient de traiter efficacement que dans sa globalité et par l’ensemble des intervenants, ont souligné jeudi les participants à un débat organisé dans le cadre du Forum MEDays qui se poursuit à Tanger jusqu’au samedi.
La mobilité peut être un facteur de développement, a d’emblée déclaré Ana Fonseca, cheffe de mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Maroc, qui a soutenu que la mobilité ne peut être appréhendée comme un problème, mais comme un phénomène “normal” qu’il faut apprendre à gérer.
Pour sa part, Najat Vallaud Belkacem, directrice générale déléguée au sein de l’institut de sondage IPSOS, a noté que le sujet de la migration est plus prégnant aujourd’hui que jamais du fait de la mondialisation, des conflits armés et des changements climatiques.
L’ancienne ministre française de l’éducation a fait remarquer que le traitement généralement inconvenable réservé aux migrants a fait émerger des populismes qui prennent force et qui finissent par impacter également les populations locales.
Prenant la parole, Cyril Svoboda, conseiller du président tchèque, a noté que si l’Europe vieillissante a bien besoin de la jeunesse issue de l’immigration pour pouvoir poursuivre sa croissance économique, elle doit néanmoins se protéger et protéger ses citoyens des flux migratoires débridés.
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La migration est important certes, a-t-il argué, mais il est indispensable d’aborder les causes profondes des migrations et tenter d’y trouver des solutions socio-économiques et politiques.
L’ancien Premier ministre d’Haïti, Laurent Lamothe, s’est, pour sa part, élevé contre l’“hypocrisie” de l’Occident dans le traitement de la migration, ajoutant que les solutions “pré-fabriquées” dans l’ouest “peuvent provoquer des résultats contraires”.
Certains politiques, a-t-il maintenu, font usage de la migration pour faire peur aux populations par purs calculs électoralistes, mettant en garde contre une campagne d’intox et de dénigrement à l’égard des migrants, et appelant à lutter contre les clichés collés à ces populations.
Ces réalités nécessitent un traitement global de la question de la migration qui dépasse la seule dimension sécuritaire pour toucher aux aspects économiques, sociaux, religieux, culturels et politiques, ont soutenu les participants, soulignant que si une solution magique à la migration fait aujourd’hui défaut, il s’impose de travailler ensemble au sein de la communauté internationale et mobiliser tous les acteurs dans chaque pays pour y faire face.
Placé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, le Forum MEDays, qui revendique son statut de forum du Sud, réunit près de 150 intervenants dont des chefs d’Etats et de gouvernements, des ministres et des experts de haut niveau autour de questions liées, entre autres, au développement, à la coopération sud-sud, à l’intégration et au genre.