18 novembre 1955- 18 novembre 2018 ou 63 ans de combat pour un Maroc de progrès solidaire
Hassan Alaoui
Le Maroc célèbre ce dimanche 18 novembre le 63ème anniversaire de la Libération. Dans une profonde communion partagée, le peuple dans toutes ses composantes et catégories prend acte de cette commémoration qui , les images et les textes à l’appui, nous renvoie à une époque exaltante, marquée par le retour triomphal de feu Mohammed V de l’exil.
La date de l’indépendance, le 18 novembre 1955, proclamée par feu Mohammed V, ne retient sans doute plus l’attention des jeunes générations, tant s’en faut. Cependant, elle constitue l’acte de naissance du jeune Maroc indépendant, marqué au sceau de l’enthousiasme et de la ferveur. A telle enseigne que la question se pose d’emblée : comment décrire cette continuité de Mohammed V à Mohammed VI en passant par le règne significatif de feu Hassan II ? Les mêmes idéaux, d’indépendance, de liberté, de démocratie et de progrès constituent en vérité le fil d’Ariane d’un règne à l’autre. Et la date du 18 novembre en illustre le point d’origine, le marqueur irrépressible.
Elle marque aussi un retour rétrospectif sur l’une des plus glorieuses périodes de notre Histoire. Elle est une manière de revisiter ce tournant précipité que furent les mois et les semaines qui ont présidé et succédé à la proclamation de l’Indépendance où feu Sa Majesté Mohammed V paracheva et jeta les bases du nouvel Etat marocain. Celui-ci se distinguera d’ores et déjà par sa nature libérale et progressiste à la fois. Et de fait, il constituera une exception remarquable au coeur d’une évolution marquée, notamment en Afrique et dans la quasi-majorité des pays arabes, par la prédominance du parti unique et une centralisation bonapartiste.
Le Royaume du Maroc, érigé sur des valeurs de pluralisme et de démocratie, face à sa voisine, l’Algérie, ancrée immédiatement dans le bloc dit «socialiste» , serait aux yeux du Roi Mohammed V le modèle qui incarnerait le défi et l’illustration de choix courageux opérés par le libérateur de la nation. Antoine Pinay, président du Conseil de France de l’époque, pressé par les événements internationaux et par le Mouvement nationaliste marocain, après qu’il eut engagé aussi des négociations avec SM Mohammed V par l’intermédiaire du général Catroux à Antsirabé (Madagascar), annonça que «la France entend donner au Maroc le visage d’un Etat moderne, démocratique et souverain». En proclamant un Etat libéré, démocratique et ouvert sur le monde, Mohammed V dépassa ainsi l’optique d’un pays libéré, il sera le pays du mouvement, le Maroc qui bouge, construisant un édifice constitutionnel, renforçant sa solidarité avec l’Algérie voisine contre la puissance coloniale de l’époque, jetant les bases enfin d’un ensemble maghrébin.
Ce «visage d’un Etat moderne», ce sera Mohammed V qui le dessinera et conférera au pays, balayant du coup les turpitudes de tous ceux qui, colonialistes et stipendiés à l’intérieur, s’étaient ligués auparavant, le 20 août 1953, contre le Souverain. Après les négociations de Saint-Germain-en-Laye, et notamment l’entretien du 6 novembre ayant réuni Feu Mohammed V et Antoine Pinay, la libération du Maroc était acquise, laborieusement conquise grâce au discernement du Souverain qui regagna le Royaume. Feu Hassan II, commentant ce retour triomphal, écrit à ce propos : «Le retour du Souverain fut marqué par des transports d’allégresse, d’enthousiasme, et par un irrésistible élan populaire vers celui qui avait symbolisé durant si longtemps le courage et l’espérance».
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On peut se poser à présent la question crûment : que reste-t-il de cet événement, quelle mémoire se conserve-t-elle dans une conjoncture où le patriotisme semble s’effilocher au point que le Roi en vienne à en rappeler, à deux reprises en quelques semaines, la dimension et l’impérative nécessité ? S’il est vrai que la commémoration d’une mémoire est à la nation ce que l’âme est un corps, nul n’ignore que de nos jours, certaines dates ont tendance à s’engloutir dans la routine, voire dans l’oubli paresseux. Un sondage rigoureux, mené auprès des couches de la jeunesse, nous instruirait bel et bien sur l’ignorance de cette date du 18 novembre, dénommée tout simplement et selon une formule consacrée : la fête de l’indépendance, «Aïd al-istqlal» ! Leur poserait-on la question de savoir quelle en est la signification profonde et quel en est le sens, ou encore comment cet «istiqlal» s’est déroulé ?
On serait alors surpris de la méconnaissance ou de l’occultation de cette signification qui, pour avoir été transformée au fil des ans en symbole national, n’en reste pas moins une date politique. Et, de ce fait, la «date politique» signifie la réappropriation du peuple marocain de sa terre, occupée ou placée sous le protectorat pendant 44 ans, la prise en main de son propre destin, son enthousiasme enfin à s’inscrire dans la durée de l’histoire. Or, il y a plus : cette volonté irréductible de forger une conscience nationale et d’intégrer la communauté des peuples du monde.
La date politique, c’est aussi la rupture avec le passé, l’entrée dans l’avenir et cette irrépressible détermination à prolonger celui-ci au-delà du temps et de l’espace. Les dates qui marquent les étapes de l’histoire du Maroc sont à la fois nombreuses et réduites, pour ainsi dire. Elles ponctuent pourtant quelque 14 siècles d’un mouvement rectiligne, à pente régulière comme disent les historiens, mais aussi abrupte, hérissée de ruptures, scandée de discontinuités…
Au début du XXème siècle, le traité du protectorat, imposé au Sultan Moulay Hafid fut signé à Fès le 30 mars 1912.
Soit 6 ans après la tristement célèbre Conférence d’Algésiras où, pas moins de 6 puissances impériales de l’époque, imposèrent un morcellement léonin du Maroc : France, Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et Russie s’étaient jetées sur le Maroc comme sur une proie. Il en sortit un territoire marocain dépecé, réduit à une «peau de léopard», d’autant plus déraciné qu’il allait traverser l’une de ses plus tristes phases de son histoire.
L’avènement en 1927 de Mohammed Ben Youssef marque alors une autre étape et 28 ans plus tard la renaissance du Maroc sur les décombres d’un protectorat défait par le Roi et le peuple, et dont nous célébrons aujourd’hui le 59ème anniversaire…
Le mouvement nationaliste n’a jamais été un fait nouveau au Maroc. Il est une dimension intrinsèque de la résistance opposée tout au long des siècles aux menaces et invasions extérieures. Le nationalisme marocain conjugue des exigences, l’unité du Trône et du peuple, la perspicacité partagée des deux, la prise en compte des intérêts de la nation qui n’est pas une clause de style, enfin un farouche attachement à la liberté.
Pour sa part, dans ses discours et ses interventions diverses , Sa Majesté le Roi Mohammed VI n’a pas cessé de rappeler ce devoir de mémoire, ces vérités à plusieurs reprises, elles sont au patriotisme ce que notre mémoire est à notre histoire… Celle-ci est forgée à travers un combat de liberté et d’indépendance, sur les sentiers des réformes et du progrès que le Souverain met en œuvre. Une vision articulée sur la forte symbiose qui unit le peuple à la Monarchie.