Le Pacte mondial sur la migration, la voie sûre vers le bon port
Le monde s’apprête à vivre les, 10 et 11 décembre à Marrakech, un événement historique qui va chambouler toute la conception du phénomène de la migration en en faisant une vraie opportunité.
Il s’agit de l’adoption d’un Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, un document de 41 pages qui fera office de référence internationale en matière de gestion et de facilitation des flux migratoires à travers le monde.
Cette date clé restera sans nul doute gravée à jamais dans l’histoire des migrations, un phénomène naturel qui touche plus de 258 millions de personnes à travers le monde.
Ce pacte qui sera adopté lors de la conférence intergouvernementale sur la migration sera le premier accord, négocié entre gouvernements et élaboré sous les auspices des Nations Unies, à couvrir toutes les dimensions de la migration internationale à travers une approche globale et exhaustive, en instaurant les bases d’une nouvelle ère pour la question migratoire.
En effet, la Route vers Marrakech n’était pas toujours parsemée de fleurs. Il s’agit d’un travail de plaidoyer de longue haleine et d’un engagement planétaire inouï qui ont permis d’aboutir à un consensus et de paver la voie pour l’adoption de ce Pacte de grande envergure.
C’est après 18 mois de consultations et de négociations difficiles, que les États membres de l’ONU ont convenu d’adopter un document intitulé « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ». Considéré comme le tout premier accord global des Nations unies sur la migration, ce pacte offre une opportunité d’améliorer la gouvernance en matière de migrations et de faire face aux défis qui sont associés aux migrations d’aujourd’hui, tout en renforçant la contribution des migrants et des migrations au développement durable.
Le 19 septembre 2016, les Nations Unies ont adopté la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants, au titre de laquelle l’Assemblée générale a décidé de développer un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Après sa finalisation le 13 juillet 2018, les États membres de l’ONU s’apprêtent aujourd’hui à son adoption lors de la Conférence de Marrakech.
En guise de préparation pour la réussite de cette conférence, un événement de haut niveau intitulé « Road to Marrakech » a été organisé le 26 septembre 2018 à New-York en marge de la 73ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Cette rencontre, qui a préparé le terrain pour la Conférence de Marrakech sur la migration, a été un appel à l’engagement pour s’approprier du Pacte sur les migrations et l’inscrire dans la durée. Elle a également permis d’inciter les dirigeants du monde à doubler les bénéfices de la migration ordonnée, réduire l’impact négatif des politiques peu judicieuses et à favoriser la coopération migratoire inter et intra-étatique.
Cette rencontre a démontré encore une fois que grâce au travail collectif, les valeurs et les mécanismes multilatéraux sont toujours capables d’apporter des réponses consensuelles à l’une des problématiques globales les plus épineuses, celles de la migration.
Toujours dans l’esprit d’appuyer l’adoption du pacte mondial sur la migration, le Maroc a coprésidé avec l’Allemagne la 11ème édition du forum mondial sur la migration et le développement (5-7 Marrakech) ouvert à la société civile, au gouvernement, aux syndicats, secteur privé et aux partis politiques pour échanger sur les flux migratoires et préparer les enjeux qui seront discutés au pacte mondial.
Il faut savoir que ce pacte, qui repose sur des valeurs telles que la souveraineté des États, le partage des responsabilités, la non-discrimination et les droits de l’Homme, reconnaît la nécessité d’une approche coopérative pour optimiser les avantages généraux de la migration, tout en tenant compte de ses risques et défis pour les individus et les communautés des pays en développement d’origine, de transit et de destination.
Malgré certains désistements (Bulgarie, Hongrie, Pologne, République Tchèque …), ce Pacte demeure de l’avis de plusieurs observateurs la consécration de la conviction qu’aucun pays ne peut, à lui seul, faire face à la migration.
Son adoption constituera une opportunité immanquable pour transformer la gouvernance mondiale des migrations, ériger la responsabilité partagée en principe fondamental et consolider les piliers du multilatéralisme, que sont le respect de la souveraineté des États et le renforcement de la coopération.
Cet engagement mondial, décliné en 23 objectifs pour une meilleure gestion de la migration aux niveaux local, national, régional et mondial, permettra de réduire les risques et vulnérabilités auxquels les migrants sont confrontés à différents stades de la migration et de répondre aux préoccupations légitimes des États et des communautés, ainsi que de créer des conditions propices permettant à tous les migrants d’enrichir nos sociétés par leurs capacités humaines, économiques et sociales et de faciliter ainsi leurs contributions au développement durable.
Si la route de Marrakech nous mène vers l’adoption formelle du Pacte, c’est à la mise en œuvre des engagements qu’elle doit conduire, inéluctablement.
Auparavant, le Pacte était un rêve lointain. Aujourd’hui et grâce à l’engagement de tous, il est devenu une réalité. Tous les États sont appelés à capitaliser sur cette réalité pour un avenir meilleur pour les générations futures.