Le PLF-2019, « ambitieux » pour les groupes pro-gouvernement, « au service de la dette » pour l’opposition

Le projet de loi de finances (PLF 2019), examiné lundi lors d’une séance plénière de la Chambre des conseillers, a suscité des divergences entre les groupes pro-gouvernement qui ont salué un texte « ambitieux » et ceux de l’opposition qui y voient un budget « au service de la dette ».

Relevant certains indicateurs « positifs » de l’évolution de l’économie nationale, le groupe du Parti de la Justice et du développement (PJD) a dit apprécier le choix fait par l’exécutif en plaçant le volet social au rang des priorités sous forme de mesures « sans précédent » conformément à ses engagements dans le domaine social.

Le projet vise à répondre aux attentes des différentes catégories sociales pour traduire dans les faits les principes de la justice sociale et spatiale, a souligné le groupe, saluant à cet égard la mise en œuvre de nombreux programmes sociaux destinés aux catégories vulnérables, notamment les femmes, les étudiants et les élèves.

Sous cet angle, il a mis l’accent sur l’engagement gouvernemental à consacrer le quota de 7% d’emplois au profit des personnes en situation de handicap, à promouvoir l’investissement, à améliorer le climat des affaires et à soutenir l’entreprise.

Le groupe Haraki s’est de son côté félicité des différentes mesures contenues dans le PLF-2019, faisant part de sa satisfaction de l’orientation visant à conforter l’école pleinement dans son rôle et à asseoir l’obligation de l’enseignement préscolaire.

En outre, il a appelé à mettre fin à la problématique de l’endettement des entreprises et des établissements publics, à la subvention des petites et moyennes entreprises, et au parachèvement du chantier relatif à la réforme fiscale, tout en saluant au passage la mise en place envisagée d’un Registre social unifié pour améliorer le ciblage des bénéficiaires ainsi que la hausse des crédits de la Caisse de compensation.

Le groupe du Rassemblement national des indépendants a qualifié d’ »ambitieux et volontariste » le projet de loi de finances, préparé dans une conjoncture marquée par des difficultés économiques et sociales dans un environnement international en pleine mutation. Il s’agit, selon le groupe, d’un projet « social par excellence » en ce sens qu’il renforce les programmes et les plans sectoriels en cours de mise en œuvre.

Le budget cible les catégories vulnérables à même de préserver les dépenses au titre des investissements publics, a-t-il indiqué, soulignant que les hypothèses sur lesquelles est basé le PLF restent « raisonnables et réalistes ».

L’opération de privatisation de certaines entreprises aura un impact positif sur la réduction du déficit, a estimé le groupe qui a salué dans ce sens les mesures fiscales et douanières prises dans le cadre du projet et leur impact bénéfique en termes d’augmentation des recettes de l’État.

→ Lire aussi : Chambre des conseillers : La première partie du PLF 2019 adoptée en commission

Le groupe socialiste a quant à lui souligné que le projet de loi de finances s’inscrit dans un contexte national et international tout particulier et qu’il trouve son fondement dans la mise en œuvre des plans et programmes sociaux.

Le groupe constitutionnel démocratique et social a pour sa part mis en évidence l’importance des crédits alloués en vue de la réduction des disparités territoriales, avec un accent particulier sur les secteurs sociaux prioritaires que sont l’enseignement et la santé. Dans cette même lignée, il a salué toutes les mesures relatives au renforcement des programmes sociaux tels que le Régime d’assistance médicale (RAMED), appelant à faire une évaluation à ces programmes et à leur impact sur les citoyens.

Quant au groupe du progrès et du socialisme à la Chambre des conseillers, il a souligné l’importance accordée à l’investissement dans le PLF-2019 et à la création d’un certain nombre de postes d’emploi dans le domaine de l’éducation.

Le groupe de la Confédération générale des entreprises du Maroc a de son côté pris note des mesures prises dans le cadre du projet de loi, s’agissant notamment du règlement de la problématique des dettes des entreprises publics, relevant à ce propos le partenariat noué entre les secteurs public et privé comme moyen efficace de vitalisation et de promotion de l’économie nationale. Il a estimé que le projet du registre social unifié constitue un préalable à la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité et pour la réalisation d’une réforme globale du système de compensation et des mécanismes de subvention.

En revanche, le groupe Authenticité et Modernité a qualifié le PLF 2019 d’une simple reproduction des projets précédents, considérant qu’il s’agit d’un projet au « service de la dette ». Au volet des dépenses, le groupe a déploré qu’il y ait des « dépenses de fonctionnement injustifiées » et a suggéré un certain nombre de mesures à prendre sur le court et le moyen termes, particulièrement l’élargissement de l’assiette fiscale et l’augmentation du taux de recouvrement, tout en œuvrant pour consacrer les principes de bonne gouvernance chez les entreprises et établissements publics et mettre en place d’une vision intégrée du modèle économique et social.

Le groupe de l’Union Marocaine du travail (UMT) a décrit le projet comme « une consécration d’une approche économique néolibérale » et « une reproduction des budgets précédents ayant montré leurs limites », reprochant à l’exécutif l’absence de mesures pour réduire l’endettement ou répondre aux attentes des citoyens en matière de justice fiscale entre autres.

Le groupe de la Confédération démocratique du travail (CDT) a insisté sur la portée éminemment sociale du projet de loi de finances et a déploré l’absence d’idées intégrées pour remédier au déficit structurel du budget.

La Commission des finances, de la planification et du développement économique à la Chambre des conseillers avait adopté la semaine dernière à la majorité la première partie du projet de loi de finances après y avoir apporté une série d’amendements.

La Chambre des conseillers devait tenir une deuxième session consacrée à la réponse du ministre de l’Économie et des finances, avant de reprendre ses travaux mercredi pour le vote des articles de la première et deuxième parties du PLF 2019, ainsi que sur l’ensemble du projet.

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