Lancement de la 5ème édition annuelle du rapport « Atlantic Currents sur les perspectives atlantiques »
La 5ème édition annuelle du rapport « Atlantic Currents sur les perspectives atlantiques » a été lancée, jeudi à Marrakech, marquant ainsi le début des travaux de la 7ème édition de la Conférence internationale « Atlantic Dialogues ».
Ce rapport sert d’ancrage à la contribution analytique apportée par cette Conférence, organisée annuellement par le Policy Center For The New South (PCNS) et ayant comme mission de promouvoir le dialogue transatlantique entre toutes les parties prenantes de cet espace géostratégique (Afrique, Caraïbes, Europe, Amérique latine et Etats-Unis), un dialogue devenu une nécessité, vu les changements rapides survenus de tous les côtés de l’Atlantique au cours des dernières années.
Cette nouvelle édition de l’ »Atlantic Currents » (Courants atlantiques) vise à explorer les problèmes clés et les points de blocage de cette région stratégique, analysant des problématiques comme la crise migratoire ou la coopération transatlantique dans les domaines de l’alimentation et de l’agriculture.
Le rapport traite également de la fracture Nord-Sud sur le changement climatique, l’avenir de la gouvernance multilatérale en matière de sécurité et de commerce international, ainsi que des perspectives d’une nouvelle crise financière mondiale.
En s’appuyant sur l’analyse de chercheurs et de praticiens de renom dans le domaine du développement, ledit rapport détaille les enjeux politiques de l’espace atlantique dans un ordre mondial en mutation et propose un regard sur l’avenir en identifiant les possibilités de renforcement de l’intégration et de la coopération.
Un panel a été animé, à cette occasion, par des contributeurs à l’élaboration de ce document, dont Mme Bouchra Rahmouni, Senior Fellow au Policy Center For The New South, Hafsat Abiola, présidente et PDG de Woman Africa Intiative (Nigéria), Youness Abouyoub, Directeur de la Division des Nations Unies pour la gouvernance et la construction de l’Etat dans la région MENA, Rachid Houdaigui, senior Fellow au Policy Center For The New South et Youssef Mahmoud, conseiller senior au Programme pour les opérations de maintien de la paix en Afrique et au Moyen Orient de l’International Peace Institute (Tunisie).
Lors de cette séance, marquée par la présence de personnalités de haut rang, notamment MM. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi, Omar Hilale, Ambassadeur Représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Youssef El Amrani, nommé ambassadeur de Sa Majesté le Roi en Afrique du Sud, et Amr Moussa, ancien secrétaire général de la Ligue Arabe, Mme Rahmouni a indiqué que ce 5ème rapport est « assez transverse et innovant ».
« Innovant car il ne s’agit pas d’une série de réactions mais plutôt d’une approche positive visant à offrir de nouvelles bases pour une coopération porteuse de succès et de développement dans l’espace atlantique », a-t-elle expliqué.
Dans le même sillage, Mme Abiola a expliqué que cette édition de l' »Atlantic Currents » s’approprie le terme « South » qui est un concept cher aux peuples du tiers monde depuis la conférence de Bandung.
Ce rapport se veut une « oriented solution » dans un monde devenu « agressif », a-t-elle noté, relevant qu’il existe actuellement « un besoin pour l’Afrique d’élargir son horizon et s’orienter vers de nouveaux espaces tels l’Amérique Latine, qui présente beaucoup de similitudes historiques, politiques, économiques et culturelles avec le continent ».
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De son côté, M. Abouyoub a focalisé son intervention sur l’avenir du multilatéralisme, un concept remis en cause, a-t-il dit, par la nouvelle politique américaine menée par le président Donald Trump.
« Le premier discours de M. Trump à l’Assemblée générale des Nations Unies semble avoir été un coup de massue porté au multilatéralisme », a-t-il rappelé, tout en s’interrogeant si le multilatéralisme, un système qui a bien fonctionné depuis de longues années, a encore de l’avenir dans cette culture montante du « repli sur soi ».
La seule certitude, a-t-il affirmé, c’est que l’influence des Etats-Unis recule en conséquence directe de l’effritement progressif de leur « soft power ». « Un soft power qui a constitué pendant de longues années une force majeure » pour Washington, a-t-il souligné.
Abondant dans le même sens, M. El Houdaigui a fait remarquer qu’ »il existe une crise indéniable du multilatéralisme qui serait peut-être plus une crise de puissance, car le monde est désormais multipolaire. Et des entités, jadis négligées, telles que l’Afrique et les pays émergents, appellent à une redéfinition de la gouvernance mondiale », a-t-il relevé, tout en se demandant si l’Alliance Atlantique (OTAN) a encore de l’avenir dans ce nouveau système mondial et si l’Europe ne gagnerait pas à constituer sa propre défense.
« La seule certitude que nous avons, c’est qu’après 70 ans d’existence, le temps de l’introspection et de la réforme semble être venu pour l’OTAN », a-t-il conclu.
Pour sa part, M. Mahmoud a axé son intervention sur le concept de la paix et de la sécurité, soulignant que « nous avons hérité d’une tradition qui consiste à croire que la paix est l’ordre qui vient après la guerre ».
« Une paix négative », a-t-il estimé, tout en appelant à une « reconceptualisation » de la notion de paix. « La paix est devenue une exception. On ne parle de paix que quand il y a conflit. On focalise donc toute notre énergie sur les conflits (…) Si on veut une paix durable, il faut régler les problèmes de fond et se concentrer sur ce qui marche », a-t-il insisté.
Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, la 7ème édition de la Conférence internationale « Atlantic Dialogues », organisée par le Think Tank « Policy Center for the New South » (PCNS), sous le thème « Dynamiques Atlantiques : surmonter les points de rupture », connaît la participation de 350 conférenciers en provenance de 90 pays.