Une promenade émotionnelle à travers « CASABLANCA, NID D’ARTISTES »
Hervé B. Pons
Je dois être un artiste qui s’ignore, moi qui ne suis qu’un journaliste chroniqueur, car je me suis pour la première fois complément identifié avec un livre sur Casablanca, fait de témoignages d’artistes qui parlent de cette ville d’un point de vue strictement émotionnel. C’est rare. C’est pourtant le cas avec cet ouvrage d’art qui vient de paraître chez Malika Editions et qui s’intitule « Casablanca, nid d’artistes ».
J’avoue que ce titre m’a d’abord rappelé un vieux film du siècle dernier qui s’appelait « Tanger, nid d’espions » et dont l’action se passait dans le Tanger international avec ses intrigues et ses trafics. Je ne sais pas si les auteurs de ce livre s’en sont inspirés pour leur titre, mais de toute façon cela n’a rien à voir et c’était juste un commentaire personnel. Le fait est qu’en parcourant les pages de cet épais et magnifique ouvrage, on rencontre des artistes qui ressentent Casablanca au « feeling », comme on dit en anglais, c’est-à-dire qu’ils s’en imprègnent à travers des sensations, des sentiments.
Au-delà de la capitale économique du pays, avec tout ce que cela évoque de brassage d’argent et de culte au matérialisme, c’est dans ce livre l’âme de cette métropole bouillonnante qui vibre et émet des ondes perçues par des personnages dont c’est le métier d’en faire de l’art.
Ce n’est plus de chiffres mirobolants, de projets pharamineux ni de spéculations financières dont il s’agit, mais d’émotions. Des émotions fortes, car Casablanca n’est pas une ville « tiède », dans le sens où elle est chargée d’énergies puissantes et contrastées qui ne laissent personne dans l’indifférence. Et encore moins des artistes qui vivent de ce qu’ils éprouvent au quotidien. Belle et laide à la fois, envoûtante et détestable parfois, multiple et unique toujours, normal que la plus grande ville du Maroc soit une source d’inspiration infinie. Casablanca est une muse et donc un « nid d’artistes ».
Co-écrit par la romancière Leila Slimani, Prix Goncourt 2016 pour sa « Chanson Douce » (entre autres récompenses littéraires) et l’essayiste Kenza Sefraoui, cet ouvrage nous fait découvrir « une ville haute en couleurs et témoigne de son ébullition créative ».
Ecrivains, musiciens, cinéastes, comédiens, photographes, plasticiens, danseurs, performers… Ils sont plus d’une centaine à partager leurs émotions, entre souvenirs, cris du cœur, déclarations enflammées ou coups de gueule.
Noms illustres ou talents en herbe, tous nous invitent à une exploration inédite et poétique d’une mégalopolis complétement folle mais attachante au possible. Il faut lire les textes, voir les photos et les œuvres d’art qui illustrent ce livre. C’est une Casablanca sublimée, mystifiée et révélée telle que vous ne la connaissez peut-être pas, même si vous croyez la connaître…
Et il faut rendre hommage à la Fondation BMCI qui a soutenu la publication de cet émouvant document, dans son engagement pour la valorisation du patrimoine artistique marocain. Une noble tâche sans laquelle « Casablanca, nid d’artistes » n’aurait peut-être pas pu voir le jour pour notre plaisir. Merci.
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