Une chute infinie Petite chronique
Mohamed Leftah,
La Croisée des chemins
Une Chute infinie n’est ni un récit, ni un poème, ni un fragment autobiographique, mais tout cela à la fois. Ce livre dense est la chronique intérieure d’un souvenir tragique.
« Alors qu’il était adolescent, Mohamed Leftah a assisté au suicide d’un camarade en pleine salle de classe. A travers ce fait divers, l’auteur évoque les contradictions de la petite société au sein de laquelle se déroule le drame. Mais, ô miracle de la littérature ! Il saisit aussi la beauté solennelle étrange, d’un geste de désespoir qui a conservé dans son intacte fraîcheur le souvenir vivant de cet adolescent. » (Le magazine littéraire – janvier 2009, Serge Sanchez)
Mohamed Leftah revient sur ce geste et livre une chronique acide d’un village marocain dans les années soixante, où se mêlent bigoterie et hypocrisie : des versets vengeurs condamnant à d’éternelles souffrances celui qui ose le suicide, les amours vénales ou homosexuelles vues comme seuls refuges contre la pesanteur sociale, ou le mépris de tous promis à celle qui prétend refaire sa vie. Cette chronique permet aussi à l’écrivain de célébrer la beauté du geste et du corps de cet adolescent qui, tel un athlète, s’est élancé d’une fenêtre avec une « grâce indicible » et dans une « perfection mortelle ».
Mohamed Leftah (né à Settat, décédé au Caire) est une figure emblématique de la littérature marocaine. Il est d’abord informaticien puis chroniqueur littéraire avant de s’installer en Egypte. Il signe plusieurs romans dont Au bonheur des limbes et Demoiselles de Numidie où il décrit un univers complexe, s’interrogeant sur l’exil et le souvenir. Il demeure sans doute l’un des plus grands écrivains marocains, capable d’avoir su intégrer dans son oeuvre le pluralisme des modes de vie et de pensée de nos sociétés contemporaines..