33ème « journée nationale de l’architecte », les 12, 13 et 14 janvier 2019 à Salé
Sous le Haut Patronage de sa Majesté le Roi Mohammed VI, la ville de salé abrite les 12, 13 et 14 Janvier 2019, la 33ème édition de la « Journée Nationale de l’Architecte », un évènement initié par le Conseil National de l’Ordre des Architectes (CNOA) et le Ministère de l’Aménagement du territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la politique de la ville. Pour 2019, l’ordre a choisi pour cette grand-messe de l’architecture comme thème « L’architecte acteur majeur dans le développement durable et l’harmonisation des territoires urbains et ruraux« . Il proposera, à travers une programmation riche et variée, une série d’actions citoyenne, des expositions et de conférences autour de l’architecture.
Le 14 janvier de chaque année, l’Ordre National des Architectes du Maroc célèbre, à travers la « Journée Nationale de l’Architecte », l’anniversaire du Discours Royale de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, tenu le 14 janvier 1986 à Marrakech devant les représentants dudit ordre. Cet événement intervient aussi, depuis 2007, en application des directives de la Lettre de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, adressée aux participants lors de la « Journée Nationale de l’Architecte » du 14 janvier 2006 à Rabat. Le Souverain avait alors mis l’accent sur la nécessité de préserver le patrimoine architectural et urbanistique national.
Ayant mis un point d’honneur à choisir une ville différente pour célébrer chaque année leur journée, pour cette 33ème édition les architectes ont opté pour Salé. Ainsi, l’Ordre National des Architectes a pris soin de lier la thématique proposée, « L’architecte acteur majeur dans le développement durable et l’harmonisation des territoires urbains et ruraux« , avec cette ville millénaire, sachant que la ville de Salé dispose de spécificités particulières.
Durant ces trois journées dédiées à l’architecte et à l’architecture, plusieurs activités ont été programmées : visite de la Médina de Salé, lancement de travaux d’aménagement de quelques rues de la ville, illumination de Bab Mrissa, tournois de golf et de football, espace d’exposition, ateliers…
La 33ème édition de la « Journée Nationale de l’Architecte » représente non seulement l’occasion de célébrer la profession, mais aussi et surtout un moment de réflexion sur les différentes questions liées à la thématique, en présence de partenaires, de représentants du secteur de l’immobilier et de l’urbanisme, ainsi que de plusieurs personnalités politiques, de différents acteurs de la société civile et d’hommes de l’art et de la culture.
L’architecte au service de la durabilité des territoires
Alors que le Maroc, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed V, est entré dans une nouvelle ère de reconstruction et de restructuration économique avec de nouveaux défis sociétaux, il est utile de réévaluer la situation du professionnel de l’architecture et de lui rappeler sa contribution essentielle à la conception et l’établissement de sociétés bien conçues qui améliorent le bien-être des citoyens. Les structures urbaines sont de plus en plus complexes, l’environnement rural ne ressemble plus à rien et les villes reflètent une atmosphère rurale imposée par des décennies d’exode.
Ceci interpelle les autorités, les responsables et les experts qui doivent planifier, d’abord, le développement du monde rural et en particulier le VILLAGE comme noyau de la future ville. Ils doivent mettre en place des politiques urbaines avec des objectifs globaux au service du citoyen, sachant qu’il vit dans l’unité sociétale de base qu’est l’habitation, qui à son tour constitue l’unité élémentaire d’une rue, d’un quartier, d’une ville et inversement. Ainsi, nous devons prendre davantage conscience de nos responsabilités pour fournir de meilleurs environnements urbains et ruraux où il fait bon vivre.
Concevoir des environnements urbains et ruraux efficients, passe par le développement de meilleures rues. Et développer des rues meilleures, commencent par l’élaboration de meilleures habitations. Des lieux bien conçus pour que les citoyens se sentent heureux dans leurs espaces individuels, dans leurs rues, dans leurs quartiers, dans leurs localités et, in fine, dans leur pays. Car il s’agit aussi de penser l’aménagement du territoire.
Un meilleur aménagement du territoire, concentrant la totalité des enjeux de durabilité, passe inéluctablement par la maitrise des notions d’habitat et d’habiter, car il s’agit aussi d’accueillir dans les décennies à venir, dans des conditions de dignité optimales, de nouvelles populations, de plus en plus importantes, dans des espaces de plus en plus rares.
Aboutir à l’aménagement du territoire idoine c’est aussi la maîtrise de l’énergie, de la problématique du stress hydrique, de la gestion des déchets, du confort et de la santé dans une mixité sociale indéniable. A cela s’ajoute l’intégration de la mobilité et une démocratie plus participative et surtout effective. Ce sont quelques-uns des facteurs à prendre en compte pour inventer notre futur commun, adossés aux principes fondamentaux de la gouvernance efficiente et du management environnemental. Parce que l’exigence de “PENSER DURABLE ET D’AGIR DURABLE DE LA PARCELLE AU TERRITOIRE” est implicitement contenue dans la pratique professionnelle, ils sont aussi à même de dépasser leurs champs habituels d’activité.
C’est là que l’architecte intervient, par sa capacité à intégrer de multiples paramètres, il peut développer des architectures qui peuvent affecter les sentiments et le comportement des gens, et le vivre ensemble. Ce qui fait de lui un des rares acteurs capables de promouvoir des réflexions susceptibles de garantir aux citoyens, aux élus et aux acteurs économiques des solutions constructives davantage en harmonie avec les considérations économiques, sociales, environnementales et culturelles qui définissent le territoire durable.
Cette prise de conscience a conduit l’Ordre National des Architectes à se mobiliser pour apporter une contribution particulière à la définition de la notion de la durabilité des territoires. Il a posé les premières bases d’une réflexion sur les architectes et la durabilité des territoires urbains et ruraux, qui a permis d’aboutir à des propositions concrètes qui seront soumises aux hautes autorités du pays, pour une contribution pratique des architectes dans le développement du Maroc.
La synthèse de cette réflexion esquisse le rôle de l’architecte pour répondre aux enjeux actuels de l’aménagement du territoire, et définit les orientations pour faire progresser la profession. Elle regroupe les points suivants :
- Définition de la contribution de l’architecte et affirmation de sa mission ;
- Sollicitation des pouvoirs publics ;
- Élaboration de recherches communes avec tous les partenaires de la construction ;
- Introduction de la notion de durabilité et ses enjeux dans l’enseignement de l’architecture et chez les professionnels ;
- Sensibilisation du public et des acteurs au cadre bâti durable ;
- Création d’un forum national au sujet de la durabilité des territoires regroupant tous les acteurs ;
- Partage de la connaissance et échange d’expérience entre les acteurs du développement durable à l’échelle nationale et continentale.
Pour que ce projet puisse pleinement se développer, il est essentiel que l’Ordre passe rapidement à une phase plus opérationnelle. A cet effet, il a mis en place des mesures pratiques avec les Conseils Régionaux et le Conseil National, qui suivra ce projet et œuvrera selon trois axes majeurs :
- La formation initiale et continue des architectes au développement durable ;
- L’approche méthodologique de la construction durable ;
- Le dialogue de fond avec les acteurs, publics et privés.
Ainsi, les architectes démontreront leur mobilisation autour de ces enjeux, prouvant que l’architecture est un levier majeur pour le développement durable et l’harmonisation des territoires urbains et ruraux du Maroc.
Renforcer la résilience territoriale par une participation citoyenne et une gouvernance innovante
La gouvernance devient de plus en plus le leitmotiv des politiques d’aménagement et de développement durable, qui semblent se référer au concept quand les mots manquent pour caractériser l’application du développement durable sur les territoires.
Or l’ambivalence, soulevée par la gouvernance, le développement durable et la notion même de territoire, met en évidence la difficile application de la durabilité et la nécessaire réflexion qui s’impose en amont.
C’est pourquoi l’interrogation suivante est posée : la gouvernance et le développement durable, sont-ils compatibles avec les identités territoriales et plus largement les territoires ?
- Les ambitions de la gouvernance au regard du développement durable ;
- Le territoire, permet il la mise en œuvre d’une bonne gouvernance ?
- Réorienter la gouvernance vers la valorisation de l’altérite.
L’idéologie du développement durable place le territoire au cœur du débat. « Le développement durable ne peut se déployer que dans des territoires et par des territoires ». À la fois objet d’étude et d’expérimentation, il est également révélateur d’identité collective et peut ainsi aider à l’élaboration d’une gouvernance globale. Mais le territoire, l’identité et la gouvernance entendus dans le principe de durabilité territoriale sont-ils seulement compatibles ?
En effet qui dit « développement durable » dit harmonisation des territoires, qui passe par la mise en œuvre d’une transversalité, d’une coopération, d’une participation des acteurs et de la population, ainsi que par l’application de l’évaluation, qui est une condition sine qua non à la réalisation de la durabilité.
La gouvernance se rapproche du développement durable dans le sens où pour être qualifiée de « bonne », elle doit être « participative, transparente et responsable » (PNUD) et reposer sur un processus participatif. Or, dans ces objectifs chargés de valeurs humaines, morales et éthiques, le territoire vient s’opposer à ces ambitions idéalistes.
En effet, qui dit « territoire » dit appropriation de ce dernier par une ou plusieurs personnes, et revendication de l’appartenance à ce territoire, conduisant à une altérité territoriale qui peut être entendue comme la reconnaissance du territoire ‘voisin ». Cette altérité territoriale permet la valorisation de son propre territoire et entretient les affirmations identitaires diverses.
C’est pourquoi, avant de placer le territoire au cœur des enjeux de l’application du développement durable et de la gouvernance, il convient d’en cerner toutes les caractéristiques et les processus de fabrication qui posent les contraintes d’une mise en œuvre de la durabilité et questionnent la faisabilité d’une gouvernance locale et globale.