Les femmes marocaines sont de plus en plus victimes de violences
Par Saad Bouzrou
Au Maroc, la misogynie et les violences subies par les femmes vont crescendo et sont de plus en plus insupportables. Le 13 janvier 2018, le site arabophone Hespress a diffusé le témoignage émouvant d’une jeune femme qui s’appelle Khadija, dont le visage et le cou ont été balafrés par son mari avec un rasoir. Un acte lâche que ce monstre a commis pour s’opposer à une procédure de divorce déclenchée par la victime, et qui interpelle, encore une fois, le gouvernement, quant aux mesures à adopter pour remédier à ce fléau et garantir plus de sécurité aux femmes.
Quelques mois seulement avant ce crime, une autre femme qui s’appelle aussi khadija, a dénoncé le viol qu’elle subissait tous les jours pendant 23 ans, a-t-elle raconté aux médias, les yeux écarquillés par la douleur des souvenirs répétitifs et amers.
«Je savais ce qui m’attendait. Il m’a battue, il m’a violée et il m’a laissée dans le sang et les larmes », a-t-elle raconté à la presse, tout en demandant à ce que son nom de famille ne soit pas dévoilé, craignant pour sa sécurité.
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Le 14 février 2018, le Parlement marocain a adopté une loi longtemps attendue sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes, reconnaissant, pour la première fois, certaines formes d’abus et criminalisant certaines formes de violence domestique. Mais cela ne va pas assez loin pour résoudre ce problème profondément ancré dans la « doxa » de la société marocaine. Par exemple, ce texte juridique incrimine toute une série d’actes, sans pour autant sanctionner le viol conjugal. Aujourd’hui, la plupart des femmes victimes de violences domestiques finissent par ne pas engager des poursuites judiciaires à l’encontre de leurs conjoints, car ils sont les seules sources de « pain » dans le ménage.
Dans ce cas, les droits des femmes varient, d’un bout à l’autre, en Afrique du Nord et le Maroc a fait un grand pas en avant, en les améliorant avec un code de la famille en 2004, qui fixe à 18 ans l’âge du mariage pour les femmes et leur donne plus de droits. Mais le mariage des mineures est encore largement répandu au Maroc. La situation est d’autant plus inquiétante que des juges continuent de donner des autorisations de mariage sans se soucier des conséquences de telles décisions. C’est dire qu’il y a encore un long chemin à parcourir si l’on veut que la violence contre les femmes marocaines ne soit pas généralisée et, en grande partie, taboue.
Pire encore, une enquête réalisée par ONU Femmes, en 2016, à Rabat, et dans d’autres villes du royaume, a révélé que 41% des hommes interrogés estiment que la prise en charge financière de la femme justifie le viol. Plus de 50% ont déclaré avoir été abusifs envers leurs femmes, et 15% ont reconnu avoir recours à la violence physique à l’égard de leurs conjointes.