Sahara : L’absence d’un règlement définitif favorise le terrorisme dans la région
L’absence d’un règlement définitif de la question du Sahara freine l’intégration du Maghreb et favorise le terrorisme et les trafics de tous genres dans la région, a affirmé Aymeric Chauprade, géopoliticien et député européen.
Dans une chronique sur la question du Sahara publiée par le site d’information français «Opinion Internationale», Aymeric Chauprade, qui est membre de la commission des Affaires étrangères, de la délégation Maghreb-UE, de la Commission interparlementaire pays ACP-UE au Parlement Européen, souligne la nécessité et l’urgence d’en finir avec ce conflit, «l’un des plus anciens non résolus de l’ONU», car «continuer à laisser pourrir la situation, c’est offrir un avenir radieux à l’extrémisme qui prolifère dans la région».
Dans cette chronique sous le titre: « Sahara: vieilles lunes idéologiques contre réalité historique et géopolitique», l’auteur revient avec force détails sur la genèse du conflit du Sahara, affirmant que ce conflit est «d’abord l’héritage de la Guerre froide et des positions prises aux Nations unies dans ce cadre à la fois historique et géopolitique ». «Le Maroc fut alors victime de son appartenance au +camp occidental+», indique-t-il.
Données historiques à l’appui, Aymeric Chauprade relève aussi les liens qui ont de tout temps existé entre le Maroc et ses provinces sahariennes, affirmant que des réalités historiques (existence de liens entre le Maroc septentrional et ses provinces sahariennes qui remontent à la dynastie des Almoravides, frontières du Maroc précolonial qui dépassaient largement celles d’aujourd’hui, allégeance des tribus sahraouies aux souverains marocains et autres), «légitiment la souveraineté du Maroc sur le Sahara ».
Ces réalités historiques se trouvent «consolidées par des décisions juridiques», la Cour Internationale de Justice ayant reconnu, le 16 octobre 1975, le fait qu’en 1884, c’est-à-dire au moment où l’Espagne commençait à s’intéresser à cette région, ladite région n’était pas terra nullius et que les tribus nomades qui l’habitaient avaient des liens d’allégeance avec le souverain marocain, relève le géopoliticien.
Tous ces faits et données font que «la revendication marocaine n’est pas seulement stratégique. Elle tient du domaine de l’être, de l’essence, comme l’était l’Alsace-Lorraine pour la France, en d’autres temps», souligne-t-il.
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Aux yeux du Maroc (peuple, Roi et gouvernement), en plus d’être sacrée, la question du Sahara est une question existentielle. Ce qui n’est pas le cas pour l’Algérie qui en fait un enjeu stratégique (disposer d’un petit Etat satellite lui permettant de s’ouvrir un chemin vers l’Atlantique), affirme l’auteur de l’analyse.
«Amputé d’une partie de lui-même, le Maroc cherche donc à redevenir ce qu’il a toujours été, cette passerelle nord-sud, cet arc européo-africain», indique le député européen pour qui « le Maroc est véritablement un pont entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Il l’a toujours été, et le couper de son Sud, c’est le couper d’une partie de son identité africaine. Et ce n’est pas pour rien d’ailleurs que le Maroc déploie de nos jours une grande politique africaine en Afrique de l’Ouest et centrale ! ».
Et de se demander : pourquoi le Maroc fait-il autant de sacrifices pour son Sud ? Pour du sable ? Du néant, il a fait un miracle du développement, reconnu par tous, plus précisément un miracle de l’alphabétisation, de l’irrigation, des installations portuaires et de tout l’emploi qui en découle. Pouvons-nous croire un seul instant que ce pays pourrait faire autant d’efforts pour développer cette immensité de sable si peu peuplée s’il ne poursuivait pas un but véritablement existentiel ? », s’interroge encore l’auteur de cette analyse.
Et de souligner dans ce contexte la nécessité et l’urgence d’en finir avec le problème du Sahara, affirmant que « l’Algérie doit admettre le droit du Maroc à achever sa propre décolonisation en reconnaissant enfin ses droits historiques ».
Quant à la communauté internationale, elle doit choisir, affirme-t-il. « Choisir l’équilibre apporté par des Etats-nation forts car libérés de leurs problèmes frontaliers pour mieux lutter contre le terrorisme international et pour mieux soutenir le développement ».
Cette chronique est la première d’une série d’analyses publiée par «Opinion Internationale» dans le cadre de sa rubrique «Maroc pluriel », et ce en amont de la tenue, le 29 janvier à Paris, de sa première « Bridges Conference » sur le thème: « Pour une résolution définitive de la question du Sahara».
Géopoliticien et député européen, Aymeric Chauprade, a notamment publié «Chroniques du choc des civilisations», un atlas du monde multipolaire.