Macron au Caire pour resserrer les liens avec l’Egypte de Sissi
Le président français Emmanuel Macron rencontre lundi son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec comme perspective la signature de contrats à hauteur de centaines de millions d’euros, tout en assurant vouloir parler « plus ouvertement » de la situation des droits humains.
Au deuxième jour de sa visite en Egypte lundi, M. Macron a été accueilli au Caire à l’Ittihadiya, le palais présidentiel de style mauresque, par M. Sissi pour un entretien en tête-à-tête et la signature d’une trentaine d’accords et de contrats commerciaux, pour près d’un milliard d’euros.
Ces accords visent à diversifier l’offre commerciale française, qui reste « trop faible » selon Emmanuel Macron, la France n’étant que le 11e partenaire de l’Egypte, troisième marché d’Afrique avec une population en forte croissance qui atteint les 100 millions d’habitants.
Macron est d’ailleurs accompagné en Egypte d’une cinquantaine de patrons français d’entreprises des transports, de l’énergie ou de la santé.
Les deux dirigeants devaient aussi discuter des grandes questions géopolitiques et des crises régionales, huit ans après le Printemps arabe.
– « Stabilité » –
« La stabilité de l’Egypte compte beaucoup pour nous. C’est un partenaire précieux sur la Libye, dans la lutte contre le radicalisme… », a indiqué dimanche le président français.
La question la plus sensible est celle des droits humains, dont Emmanuel Macron entend parler « plus ouvertement » au cours de sa visite, notamment lors de la conférence de presse commune prévue en début d’après-midi.
En recevant le président égyptien en octobre 2017, il avait refusé de « donner des leçons » à M. Sissi sur cette question sensible, provoquant l’indignation des associations.
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Or, selon le président français, les choses ont « empiré depuis octobre 2017 ». En conséquence, il a promis de s’exprimer « de manière plus tranchée, y compris ouvertement (…) parce que je pense que c’est l’intérêt du président Sissi et de la stabilité égyptienne ».
Emmanuel Macron a également assuré qu’il allait « avoir un dialogue confidentiel » avec M. Sissi sur « des cas individuels » d’opposants ou de personnalités emprisonnés.
– « Situation catastrophique » –
Plusieurs ONG, dont Amnesty et Human Rights Watch (HRW), ont appelé lundi Emmanuel Macron à « délivrer un discours fort sur la situation catastrophique des droits humains » en Egypte, « en demandant la libération de tous les prisonniers injustement détenus ».
Elles « exigent la suspension de toute vente française d’armes qui pourraient être utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international ».
L’Egypte est devenue le troisième client de vente d’armements pour la France, qui a obtenu quelque six milliards d’euros de commandes depuis 2015.
Parmi les contrats emblématiques figure celui des avions de combat Rafale, dont 24 exemplaires ont été livrés à l’Egypte. Des négociations sont en cours pour l’acquisition de 12 autres, mais aucun contrat ne doit être annoncé durant ce voyage.
Arrivé dimanche en Egypte, M. Macron a entamé sa visite par une étape au temple d’Abou Simbel, l’un des sites archéologiques emblématiques du pays.
Cette étape visait à mettre en lumière la coopération culturelle avec l’Egypte, particulièrement dynamique dans le domaine de l’archéologie, avec notamment 32 chantiers de fouilles sous la houlette de l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao).
Au-delà d’une tradition française d’égyptologie qui remonte à Champollion, la France espère aujourd’hui se voir confier de nouvelles missions de fouilles ou de mise en valeur des sites antiques, comme celui de Saqqarah, au sud du Caire.
Elle cherche aussi à participer au futur Grand Musée égyptien de Guizeh et à la rénovation du célèbre musée égyptien implanté dans le centre du Caire depuis le XIXe siècle.
Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte, doit visiter lundi après-midi ce musée, avant de rencontrer la communauté française. Il terminera sa visite mardi matin par une visite aux deux principaux responsables religieux du pays, le grand imam de la mosquée Al-Azhar et le pape copte Tawadros II.
Avec Reuters.