A 76 ans, Halima El Bouaazzaoui nous apprend qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre les langues !
L’adage dit qu’« il n’est jamais trop tard pour apprendre », Halima El Bouaazzaoui, elle, en fait sa devise. A l’âge de 76 ans, cette mère battante et grand-mère hors pair n’a pas hésité à retrousser les manches et à rejoindre les bancs de l’école, sa volonté et son déterminisme chevillés au corps. Ce qui a suscité une belle vague d’admiration au sein de son entourage et de sa famille.
N’est-ce pas un message agréable que cette femme véhicule à la nouvelle génération ? Défiant tout ce qui pourrait constituer un obstacle pour quiconque, Halima El Bouaazzaoui dont le niveau d’études ne dépasse pas la première année du primaire, s’est mise à apprendre les langues, à l’âge de 76 ans. Aujourd’hui, elle parle l’arabe, le français et l’anglais.
Mère de six enfants, celle-ci a transmis à sa petite famille son amour pour le savoir et la connaissance allant au-delà de tout certificat ou diplôme académique. « Ma mère considère que l’éducation est la clé du succès dans la vie. Elle avait toujours eu le regret d’avoir quitté l’école à un très jeune âge », nous confie l’un de ses enfants avec amour et admiration pour celle qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui : Directeur de l’une des Académies régionales d’Education et de Formation. Et d’ajouter que sa fierté est immense d’avoir été éduqué par une maman comme Lhajja Halima : « malgré son faible niveau d’apprentissage, elle a des qualités humaines extraordinaires et a toujours voulu changer les stéréotypes que la société avait de la femme marocaine et c’est cela justement être une femme émancipée ».
En effet, Halima El Bouaazzaoui est de ces femmes qui sont nées pour imposer leur volonté et contrer les clivages d’une société rétrograde. Sa frustration grandissante depuis qu’elle a été contrainte de quitter l’école, elle en a voulu aux circonstances qui ont œuvré contre son désir de réaliser ses rêves et s’est promise de ne pas céder à l’ignorance en la combattant par tous les moyens. Pour cela, elle commence par apprendre l’arabe dans les règles de l’art. Par la suite elle s’est mise à la langue française en puisant le savoir dans les journaux que ramenaient ses enfants. Ceux-ci n’avaient donc qu’à bien se tenir puisque les études étaient une ligne rouge pour cette maman qui a voulu que sa progéniture compense son manque et ses privations non pour elle mais pour que ses filles et fils aillent de l’avant. D’une ouverture d’esprit sans égal, elle apprit à ses enfants que la liberté de l’Autre et la tolérance sont fondamentales et que la différence crée la richesse. Autodidacte et prenant en charge sa famille, elle travaillait dur pour que ses enfants puissent voyager et découvrir le Maroc.
« Que puis-je dire de ma mère ? C’est une brave dame qui, malgré des conditions de vie précaires et si difficiles, a su mener ses enfants vers la réussite personnelle et sociale. C’est une femme qui a toujours fait preuve d’abnégation et de dévouement dans sa tâche de mère. L’histoire de ma mère se confond avec celle de ses enfants. Quand quelqu’un du village me demande de prendre soin d’elle, je sens une joie indescriptible car leur gratitude à l’égard de celle qui m’a donné la vie contribue à ma grandeur et à celle de ses filles et fils. » nous dit son fils aîné avec beaucoup d’émotion.
Aujourd’hui, Lhajja Halima vit aux Etats-Unis avec sa fille et continue à suivre ses cours d’anglais qu’elle commence déjà à bien maîtriser. Ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser à tout ce qui se passe sur la scène politique notamment en Palestine, en Irak et bien évidemment au Maroc qu’elle n’a pas complètement quitté puisqu’elle le porte dans son cœur.
Bref, Halima El Bouaazzaoui est l’une de ces mères marocaines dont l’existence nous rappelle à chaque fois que quand on veut, on peut. Que leur acharnement dans l’apprentissage soit une belle inspiration pour nos jeunes dont la vie est de plus en plus facile et où tout se prête aisément à eux !