A l’ONU, le pari sur un multilatéralisme renforcée face à une menace terroriste persistante
Karim AOUIFIA
Les Nations Unies n’y étaient pas allées par quatre chemins pour alerter sur un monde confronté aux crises, conflits et menaces qui persistent malgré une myriade d’actions entreprises dans l’espoir que prévalent paix, stabilité et développement.
Pour l’organisation internationale et ses agences, les défis sont certes multiples et multiformes, mais diffèrent de par leur intensité et nature. De la crise climatique, aux répercussions de la guerre en Ukraine, en passant par les questions sécuritaires et alimentaires, la menace liée au terrorisme demeure d’une acuité qui interpelle à plus d’un titre au vu de la « nature métastatique » d’un phénomène devenu mondial.
C’est dans ce contexte que débutent ce lundi au siège de l’ONU à New York les travaux de la troisième semaine de lutte contre le terrorisme (19-23 juin) qui prévoit une troisième Conférence de haut niveau réunissant les chefs d’organismes antiterroristes des États membres.
Aux yeux des responsables onusiens, de tels événements revêtent une importance primordiale d’autant plus que le terrorisme est une menace complexe, évolutive et à multiples facettes qui nécessite une réponse multilatérale globale, inclusive et efficace.
La menace terroriste se nourrit, selon l’organisation multilatérale, du sous-développement, des fragilités liées aux conflits, des inégalités, de la marginalisation, ainsi que de l’absence de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance. Pour les experts onusiens, les terroristes sont toujours à l’affût pour saper la confiance des populations dans les institutions gouvernementales pour assouvir leur soif de pouvoir et étendre leur influence.
Sur ce point, les Nations Unies tirent la sonnette d’alarme en soulignant que la menace terroriste est devenue mondiale et concerne tous les pays et toutes les régions sans distinction aucune.
“À mesure que la menace continue d’évoluer, elle est devenue plus diffuse sur le plan idéologique et géographiquement étendue, affectant toutes les régions du monde, de manière directe ou indirecte”, alerte l’organisation dans une note aux médias, en relevant que les terroristes ont perfectionné leurs tactiques et stratégies et abusent des technologies nouvelles et émergentes pour répandre la désinformation, fomenter la discorde, recruter et radicaliser, mobiliser des ressources et planifier et exécuter des attaques.
Pour se mettre à l’abri de cette menace “tentaculaire”, l’ONU soutient que le multilatéralisme et la coopération internationale demeurent la voie la plus efficace, d’où le choix du thème devant encadrer les travaux de la troisième semaine de lutte contre le terroriste: “Lutter contre le terrorisme par un multilatéralisme et une coopération institutionnelle revigorés« .
Dans son rapport sur “Notre programme commun”, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a proposé un nouvel agenda pour la paix qui préconise une refonte du multilatéralisme et examine les moyens par l’organisation internationale peut adapter ses efforts pour mieux faire face aux risques stratégiques, notamment le terrorisme.
Cette ambition a été accompagnée d’un appel adressé à la communauté internationale lors de la 9è réunion du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme des Nations Unies qui s’est tenu en janvier dernier, pour renforcer la collaboration multilatérale afin de faire front commun face aux menaces terroristes transnationales “qui sont plus persistantes, diverses et complexes que jamais”.
Cette démarche nécessite de renforcer la collaboration orientée vers l’action qui s’attaque aux causes profondes du terrorisme ainsi qu’aux menaces nées de l’urgence climatique, les conflits armés, le crime organisé et la reprise inégale de la pandémie de Covid-19, estime l’ONU, en soulignant qu’un multilatéralisme inclusif peut mettre à profit les contributions de l’organisation internationale, des organisations régionales, de la société civile, des universités et du secteur privé pour une lutte plus efficace contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
L’aboutissement de cette entreprise demeure, aux yeux des experts onusiens, tributaire d’un engagement renouvelé et de partenariats significatifs impliquant les gouvernements, les jeunes, les femmes, la société civile, y compris les acteurs religieux et communautaires, les médias, les universités et l’industrie des technologies.
Toutes ces questions et bien d’autres seront au menu de la troisième semaine de lutte contre le terrorisme qu’organise le Bureau des Nations Unies de la lutte contre le terrorisme (UNOCT) et qui verra la participation du SG de l’ONU, du président de l’Assemblée générale de l’ONU, de ministres, des représentants des organisations internationales et régionales, les entités du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme des Nations Unies et des représentants de la société civile et du secteur privé.
Ce conclave permettra à la communauté internationale de renouveler et de renforcer les efforts multilatéraux pour prévenir et combattre le terrorisme sous les auspices de l’ONU, en braquant les projecteurs sur les quatre piliers de la stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies: les mesures visant à éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme; les mesures pour prévenir et combattre le terrorisme; les mesures destinées à étoffer les moyens dont les États disposent pour prévenir et combattre le terrorisme et à renforcer le rôle joué en ce sens par le système des Nations Unies, outre les mesures garantissant le respect des droits de l’homme.
Dans le cadre de cet effort collectif visant à débarrasser le monde de la menace terroriste et de ses idéologies funestes, le Maroc se distingue comme un acteur de premier plan, à la faveur d’une stratégie avant-gardiste et multidimensionnelle mise en place sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Ce savoir-faire marocain jouit de la reconnaissance mondiale aussi bien auprès des pays qui cherchent à s’inspirer de l’expérience avérée du Royaume dans ce domaine qu’auprès des organisations et experts internationaux.
Dans ce sens, le Secrétaire général adjoint du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, Vladimir Ivanovich Voronkov avait déclaré en marge de la 2è édition de la Réunion de Haut niveau des Chefs d’agences de lutte contre le terrorisme et de sécurité en Afrique « Plateforme de Marrakech » qui s’est tenu à Tanger en juin dernier, que le Maroc est l’un des principaux acteurs de la lutte contre le terrorisme à l’échelle mondiale.
Il a, à ce propos, qualifié de stratégique la coopération entre le Royaume et le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, avant de souhaiter une meilleure coordination internationale en matière de lutte contre le terrorisme.
A cette occasion, M. Voronkov a exprimé sa gratitude au Royaume pour « l’immense soutien” qu’il apporte à l’agence onusienne, soulignant que depuis son ouverture en juin 2022 à Rabat, le Bureau du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique “a déjà mené d’importantes activités de renforcement des capacités avec nos partenaires du Maroc« . Il a notamment cité le lancement l’année dernière du programme de formation spécialisée sur les enquêtes antiterroristes.
Dans la même veine, le spécialiste américain des questions géopolitiques et des dangers du terrorisme, Tom Sanderson, avait souligné dans un entretien à la MAP le rôle “très important” que joue le Maroc dans les organes multilatéraux de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, notamment en tant que coprésident du groupe de réflexion sur l’Afrique au sein de la Coalition mondiale pour vaincre Daech.
Il a en outre relevé que le Royaume s’acquitte d’un rôle plus large dans la lutte contre l’extrémisme violent en servant de trait d’union aux plans politique, culturel et géographique entre l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
La stature du Maroc dans la lutte mondiale contre le terrorisme se reflète aussi dans le rôle qu’il occupe depuis 2016 en tant que co-président du Forum global de lutte contre le terrorisme (GCTF), qui est une plateforme composée de 30 membres (29 pays + l’Union européenne) et qui coopère étroitement avec de nombreuses organisations internationales, régionales et sous-régionales, dont l’ONU.
Avec MAP