Décrochage scolaire: ce défi de taille qui a la peau dure
Le décrochage scolaire constitue l’un des défis majeurs qui préoccupent le gouvernement. Cette entrave se dresse toujours devant le système éducatif, freinant ainsi le développement social et économique du Maroc. Plusieurs actions sont entreprises par l’exécutif pour l’éradication de ce fléau ou du moins l’atténuation de son impact.
Environ 300.000 élèves quittent, chaque année, les bancs de l’école avant d’avoir terminé leur cursus scolaire, c’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, lors d’un débat en commission à la Chambre des représentants.
Dans ce sens, d’autres chiffres officiels, confirmant la tendance haussière de la déperdition scolaire, ont été révélés par le ministère de Tutelle. En effet, ces données dévoilent une réalité sombre et alarmante.
Le taux d’abandon scolaire au niveau national au titre de l’année 2020-2021, dans les 3 cycles du secteur public a atteint 5,3%, soit une hausse de 0.3% par rapport à l’année scolaire 2019-2020. Notant bien que l’enseignement primaire a enregistré, à lui seul, un taux de décrochage de 2,9%. Tandis que pour l’enseignement secondaire, ce quotient est estimé à 7,4% et à 9,7% pour le préparatoire.
Une situation qui soulève de nombreuses interrogations quant aux causes contribuant à l’accentuation de ce fléau.
Certes la pauvreté demeure parmi les facteurs poussant, chaque année, un nombre important d’enfants, d’élèves, de lycéens et d’étudiants à abandonner les établissements d’enseignement. Cependant, elle n’est pas le seul « mobile push ». Il existe bien d’autres principaux facteurs du décrochage , intrinsèquement liés aux milieux socio-économiques notamment les expériences scolaires négatives, le contexte territorial difficile et le contexte scolaire défavorable.
A cet égard, Khalid Mgharfaoui, professeur d’enseignement supérieur, a souligné que le décrochage n’est autre que la conséquence directe des défaillances du système éducatif. Des failles qui se manifestent, selon lui, dans “la méthodologie de travail des professeurs, le contenu, la philosophie même de l’enseignement”.
«Un enfant décroche parce qu’il n’a pas quelqu’un qui le suit, c’est-à-dire la famille, et l’école aussi ne prend pas le relais. Les professeurs ont tendance à travailler avec ceux qui peuvent réussir et se montrent motivés, et mettent à l’écart les autres qui ont des difficultés.» a-t-il déclaré au Lebrief.
Un décrochage scolaire accru au niveau rural
Le taux de déperdition scolaire s’avère plus important au niveau rural. Ce dernier s’élève à 5,9% au cours de l’année 2020-2021, soit plus de 167.000 élèves déscolarisés. Pire encore, l’accès à l’école demeure difficile pour les filles dont le taux d’abandon est estimé à 5,6%, soit environ 76.000 écolières.
Ces chiffres alarmants s’expliquent par le contexte régional défavorable. En effet, nombre d’enfants habitent dans des villages enclavés ou éloignés. Chose qui rend l’accès à l’école plus difficile pendant certaines périodes de l’année. Outre le phénomène du travail d’enfants de plus en plus jeunes qui reste en net augmentation.
Les mesures sont prises…..en vain
Pour faire face à la déperdition scolaire et asseoir le principe d’équité et d’égalité des chances, différentes mesures ont été prises en coordination avec toutes les parties concernées par ce fléau.
Dans ce sens, le ministre de l’Education a mis en place un ensemble de politiques et stratégies notamment la généralisation de l’enseignement primaire qui vise à réduire l’abandon scolaire à un âge précoce.
A cet égard, le ministre a mis en exergue certains plans d’action . “Les objectifs fixés consistent principalement à poursuivre l’exécution des buts du programme national de développement et de vulgarisation de l’enseignement primaire par la réalisation d’environ 4.000 à 5.000 unités d’enseignement primaire annuellement et au cours des six prochaines années, en vue d’atteindre une généralisation pour les enfants âgés entre 4 ans et 5 ans, d’ici 2028. a-t-il déclaré à la MAP.
D’autres mesures sont prises pour promouvoir l’enseignement dans le milieu rural comme l’élargissement de l’offre scolaire à travers des écoles communales ainsi que la poursuite de l’extension de la couverture rurale en établissements d’enseignement secondaire.
Une stratégie qui s’inscrit dans le cadre d’une approche fondée sur la discrimination positive au profit des milieux ruraux et semi-urbains.
Dans cette dynamique, le ministère oeuvre pour le renforcement des infrastructures scolaires dans les zones rurales dont le taux de couverture est désormais estimé à 70,7%.
Rappelons qu’à cet effet, deux conventions de financement du programme de scolarisation rurale ont été signées,au cours de cette année, entre le Maroc, la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Union européenne (UE). Les conventions portent notamment sur la construction de 150 écoles communautaires et de leurs infrastructures auxiliaires, au sein de plusieurs zones rurales du Royaume.
Plusieurs actions ont été donc mises en place par le gouvernement en vue de lutter contre ce fléau. Néanmoins, sans la mobilisation et l’engagement effectifs de toutes les parties prenantes amenées à se doter d’un esprit ouvert pour permettre la réforme de l’enseignement marocain, toute action finira par l’échec.
La lutte contre la déperdition scolaire commence d’abord par une révision globale du système éducatif et des méthodologies d’apprentissage. Ainsi, l’objectif phare serait de rendre de l’école marocaine, un espace captivant d’épanouissement et d’échange, susceptible de permettre à l’enfant ou encore l’étudient de s’exprimer ouvertement et librement. Chose qui ne peut se concrétiser tant que certains établissement recourent à la violence verbale ou physique.