Abdelmajid Tebboune et l’électoralisme de la haine
CE QUE JE PENSE
Le décor est planté, et Abdelmadjid Tebboune, en maître d’orchestre, dirige sa campagne électorale avec une partition bien rodée : celle de la haine. Oui, le Maroc, ce voisin dérangeant, devient la clé de voûte d’une stratégie électorale qui semble ne connaître ni limite ni logique.
Depuis qu’il a pris les commandes de l’Algérie, il a érigé la haine du Maroc en véritable doctrine d’État. Derrière chaque discours, chaque décision, se cache cette obsession tenace, comme si le Royaume « ennemi » était la source de tous les maux de l’Algérie. Cette obsession anti-marocaine est devenue non seulement une constante dans ses discours, mais aussi un outil de manipulation politique. Mais le plus troublant, c’est que cette rhétorique ne s’arrête pas là. Non seulement le Maroc est pris pour cible, mais trois autres protagonistes sont également au cœur de cette campagne : le Makhzen, Fouzi Lekjaa, et Omar Hilale, que certains n’hésitent plus à appeler « le cauchemar des Algériens ».
En 2021, Tebboune fait son grand coup en rompant les relations diplomatiques avec le Maroc. Un geste qui, sous couvert de souveraineté, n’était rien d’autre qu’une manœuvre politique pour détourner l’attention des défaillances internes de son propre régime. La gestion calamiteuse de l’économie, les tensions sociales, et l’absence de réformes profondes sont ainsi habilement camouflées derrière l’ennemi tout désigné : le Maroc. L’accusation d’espionnage via le logiciel Pegasus est brandie sans jamais être prouvée, mais cela suffit à entretenir la méfiance et à nourrir la paranoïa collective. Tout cela n’était qu’une fumée destinée à masquer un vide abyssal en matière de gouvernance en détournant l’attention des vrais problèmes internes, tels que la gestion désastreuse de l’économie et les tensions sociales croissantes.
Et pourtant, la rupture diplomatique n’était qu’une première étape. Dans son arsenal de démagogue, Tebboune avait un autre atout : le Sahara marocain. Le dossier devient alors un instrument de propagande, où le soutien algérien au Front Polisario est présenté comme une cause noble. En réalité, cette fixation sur le Sahara sert surtout à justifier des dépenses colossales et une politique extérieure agressive, alors même que les Algériens souffrent d’une gestion nationale défaillante. Tout est bon pour détourner l’attention, même si cela implique d’alimenter des conflits extérieurs qui ne font qu’épuiser les ressources du pays.
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Dans ses discours récents, Tebboune n’a pas hésité à évoquer un prétendu « complot marocain » visant à déstabiliser l’Algérie, renforçant l’idée que le Maroc est la principale menace pour le pays. Cette rhétorique paranoïaque est devenue un élément central de sa campagne, détournant l’attention des problèmes de gouvernance, de la corruption et des besoins urgents du peuple algérien. Elle permet à Tebboune de se présenter comme le rempart contre une menace extérieure, tout en éludant les vraies questions : pourquoi l’économie algérienne, riche en ressources naturelles, peine-t-elle à décoller ? Pourquoi les jeunes fuient-ils le pays ? Pourquoi les réformes promises tardent-elles à voir le jour ?
Et plus surprenant encore, cette haine ne s’arrête pas à des abstractions géopolitiques. Tebboune et son gouvernement ont trouvé en Fouzi Lekjaa un bouc émissaire tout désigné. Le président de la Fédération Royale Marocaine de Football est devenu une figure centrale de cette campagne d’hostilité. Pourquoi ? Parce que la réussite sportive du Maroc sur la scène internationale, symbolisée par « Lekdjaa », met cruellement en lumière l’échec du régime algérien à atteindre un niveau similaire. Alors, au lieu de célébrer le mérite et l’effort, on le dénigre, on le vilipende, dans une tentative désespérée de dissimuler les frustrations d’un pays en mal de succès. De facto, « Lekdjaa » devient alors un symbole, une figure que les médias et les politiciens algériens attaquent sans relâche, comme pour exorciser une jalousie mal dissimulée.
Et que dire du « Makhzen », terme utilisé pour désigner l’autorité centrale marocaine, érigée en épouvantail par Tebboune et ses acolytes ? Il est devenu une entité mythifiée, perçue comme l’incarnation de tous les complots contre l’Algérie. Le terme « Makhzen » résonne dans les discours comme une menace omniprésente, manipulatrice, prête à tout pour déstabiliser l’Algérie. Chaque décision du gouvernement algérien semble être motivée par la volonté de contrer ce « monstre invisible », au lieu de se concentrer sur les vrais problèmes qui minent le pays. Chaque discours de Tebboune en fait une menace existentielle, un ennemi sournois qui cherche à miner la souveraineté algérienne. Mais derrière cette façade théâtrale se cache une vérité cruelle : le « Makhzen » n’est qu’une distraction, une projection de l’incapacité du régime à répondre aux véritables besoins de son peuple.
Et Omar Hilale alors ? Ambassadeur du Maroc à l’ONU, il est, sans conteste, devenu le cauchemar des diplomates algériens. Son habileté à défendre la position marocaine sur notre Sahara, son aisance à riposter aux attaques algériennes, et sa capacité à déjouer les manœuvres diplomatiques de ses adversaires ont fait de lui une figure redoutée à Alger. Hilale est l’exemple parfait de l’efficacité marocaine sur la scène internationale, contrastant violemment avec la diplomatie algérienne, souvent à bout de souffle. Pour Tebboune et ses partisans, chaque intervention d’Omar Hilale est une nouvelle épine dans le pied, un rappel douloureux de la supériorité diplomatique marocaine dans ce dossier brûlant.
Ainsi, dans cette campagne électorale, les mots « Maroc », « Lekdjaa », « Makhzen », et « Hilale » reviennent comme un refrain incessant, masquant l’absence de projets réels pour l’Algérie. Pendant que Tebboune se bat contre ces « ennemis » imaginaires, l’Algérie continue de sombrer. Le chômage explose, les jeunes fuient le pays, et les réformes attendues se font toujours désirer. Le véritable cauchemar de l’Algérie n’est ni le Maroc, ni Lekjaa, ni le Makhzen, ni Omar Hilale. Le véritable cauchemar, c’est cette classe politique incapable de sortir de l’obsession de la haine pour construire un avenir digne de ce nom.