Abdoulwahab Ould Choghib, haut responsable de Daesh au Sahel éliminé par l’armée malienne
L’armée malienne a annoncé, dimanche 21 janvier 2024, la mort d’Abdoulwahab Ould Choghib, considéré comme l’un des plus grands dirigeants de l’organisation terroriste Daesh au Sahel. Cette opération, menée à la demande du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, constitue un succès majeur dans la lutte contre le djihadisme dans la région.
Selon un communiqué des Forces Armées Maliennes (FAMa), l’opération a eu lieu à Inarabane, localité située à 60 km au sud-ouest de Ménaka, dans le nord-est du Mali. Il s’agissait d’une opération aéroportée, appuyée par des hélicoptères de combat et des avions de chasse, fournis par la Russie, partenaire stratégique du Mali depuis le retrait des forces françaises en 2023.
L’opération, baptisée Keletigui (« chef de guerre » en bambara), a permis de neutraliser Abdoulwahab Ould Choghib, ainsi que treize autres terroristes, membres de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), la branche sahélienne de Daesh. Le frère du chef djihadiste a également été capturé, ainsi que plusieurs armes et véhicules appartenant aux terroristes.
Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a salué, dans un discours télévisé, le « courage et le professionnalisme » des soldats maliens, qui ont porté « un coup dur » à Daesh et à ses alliés. Il a également remercié la Russie pour son « soutien indéfectible » au Mali, et réaffirmé sa volonté de « restaurer la paix et la sécurité » sur tout le territoire national.
Un chef djihadiste redoutable
Abdoulwahab Ould Choghib était l’un des plus influents et des plus dangereux chefs de Daesh au Sahel. D’origine mauritanienne, il avait rejoint les rangs de l’organisation terroriste en 2015, après avoir rompu avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dont il était l’un des cadres.
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À la tête de l’EIGS, il avait revendiqué ou orchestré de nombreuses attaques meurtrières contre les forces maliennes, les casques bleus de la Minusma, les militaires français de l’opération Barkhane, ainsi que les populations civiles, notamment dans la zone dite des « trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Abdoulwahab Ould Choghib était également impliqué dans le massacre de plusieurs centaines de civils dans la région de Ménaka, entre 2022 et 2023, selon un rapport de l’ONU ¹. Il était recherché par les autorités maliennes, qui avaient mis sa tête à prix, ainsi que par la justice internationale, qui l’accusait de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Un tournant dans la lutte antiterroriste au Sahel
La mort d’Abdoulwahab Ould Choghib représente un tournant dans la lutte antiterroriste au Sahel, où Daesh et ses rivaux d’Al-Qaïda se disputent le contrôle du territoire et des ressources. Selon les experts, l’EIGS pourrait connaître une crise de succession, voire une scission, après la disparition de son leader charismatique.
Cette opération intervient également dans un contexte de recomposition des alliances régionales, après le départ des forces françaises et la montée en puissance de la Russie, qui a renforcé sa coopération militaire et économique avec le Mali et d’autres pays du Sahel, comme le Niger et le Tchad.
Le Mali fait partie, avec le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et la Mauritanie, de l’Alliance des États du Sahel (AES), une organisation régionale créée en 2023 pour faire face à la menace terroriste, en coordination avec l’Union africaine et les Nations unies. L’AES dispose d’une force conjointe de 15 000 hommes, qui mène des opérations transfrontalières contre les groupes djihadistes.
Le président malien, le colonel Assimi Goïta, a récemment réaffirmé son engagement à respecter la feuille de route de la transition, qui prévoit l’organisation d’élections présidentielle et législatives en février 2024, afin de restaurer un pouvoir civil démocratiquement élu.
Avec MAP