Accès au financement : le calvaire de la TPE
Le discours royal du 11 octobre 2019 a invité le gouvernement et le reste des parties prenantes à favoriser l’accès aux crédits bancaires, du plus grand nombre de jeunes qualifiés, porteurs de projets et issus des différentes catégories sociales. Aujourd’hui, la TPE se trouve toujours dans une impasse, face à une concurrence rude et un chemin parsemé d’obstacles. Or, ces entreprises peuvent « casser la baraque » à travers leurs projets, si elles sont accompagnées par un financement favorable et une oreille attentive.
Contacté par nos soins, le Président de la Confédération Marocaine des TPE-PME, Abdellah El Fergui, a affirmé que les TPE ne bénéficient pas de facilités d’accès au financement. A cet égard, il prône un développement favorable de cette tranche d’entreprises, ainsi qu’un accompagnement pendant le processus de l’approbation et de l’exécution des projets approuvés.
MD_ Quels sont les produits proposés par les différents acteurs publics et privés pour accompagner la TPE et faciliter son accès aux financements ?
Ce qu’on observe actuellement, c’est qu’il n’y a pas de communication sur les produits proposés par les institutions financières. Les entrepreneurs et les porteurs de projets ont besoin d’être informés et sensibilisés autour des produits offerts par les banques et l’Etat. Après le discours royal du 11 octobre 2019, qui a insisté sur la nécessité d’accompagner les jeunes entrepreneurs et les petites et moyennes entreprises, nous nous interrogeons sur l’absence de communication autour des nouveaux produits et programmes établis pour relancer l’activité de ces structures.
MD_ Que proposent les banques participatives pour accompagner les TPE ?
Pour les produits offerts par les banques participatives, ils sont gérés par Bank Al Maghrib et le Conseil des Oulémas. Le problème qui se pose au niveau du Conseil c’est qu’il ne réagit pas très vite. Toutefois, il semble qu’il faut encore accélérer les procédures exécutées au niveau du Conseil des Oulémas pour rattraper le retard. J’ajoute à cela la réunion que nous avons organisée, mardi 24 décembre 2019, avec le président de la banque participative ASSAFA, Youssef Baghdadi, où nous avons décidé de préparer et de signer « une convention de partenariat » pour le mois de janvier 2020. Cette rencontre a pour objectif d’assurer l’accès au financement, pour les TPE-PME et les Auto-entrepreneurs. Une autre « convention de partenariat » est prévue très prochainement avec Attijariwafa bank.
MD _ Le projet de loi de finances 2020 apporte-t-il des mesures d’accompagnement et de relances concrètes en faveur des TPE ?
Tous les types d’entreprises bénéficient du financement, sauf la TPE. Franchement, il n’y a pas de nouveautés dans le PLF 2020, sauf la création du « Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat » avec un portefeuille de 6 milliards DH. Avant l’élaboration de cette loi, nous avons demandé à plusieurs reprises des réunions avec l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Mohammed Bousaid, pour fournir des solutions concrètes à cette tranche d’entreprise. Et avec l’arrivée de Mohammed Benchaâboun, celui-ci a approuvé l’augmenta=tion des microcrédits à 150.000 DH. Cette mesure constitue actuellement la solution provisoire pour les TPE, qui ont besoin de fonds de roulement et de facilités de caisse.
MD_ Que demande la Confédération pour surmonter les difficultés rencontrées par cette tranche d’entreprises ?
Ce qu’on demande, simplement, est de fournir aux TPE un accès au financement. Cette solution que nous avons demandée s’appelle la « méso finance », c’est un concept qui a commencé dans les pays de l’Europe de l’Est, il est destiné spécifiquement aux TPE. En parallèle de cette méso finance, nous sollicitons qu’il y ait un vrai accès au financement pour le développement et pour la création des TPE. On trouve par exemple un porteur de projet qui veut créer son entreprise et avoir un crédit auprès d’une banque, s’il ne dispose pas d’une garantie (ex : appartement), son projet sera rejeté, même s’il est viable. Et là, apparaît le rôle des CRI (Centres régionaux d’investissement) qui contribuent, à travers leurs services, à faciliter et à accélérer les procédures de traitement des dossiers.