Affaire « Escobar du Sahara » : L’ancien président de CAF cité comme témoin
Le procès de Saïd Naciri et d’Abdenbi Bioui se déroule dans un climat de tension et d’incertitude révélant des liens avec des personnalités inattendues. La défense a récemment demandé la convocation d’Ahmad Ahmad, ancien président de la CAF comme témoin.
L’affaire, qui a connu de nombreux rebondissements et reports, a finalement été programmée pour une audience cruciale le vendredi 4 octobre 2024. Les chefs d’accusation sont multiples et graves : escroquerie, falsification de chèques, trafic de drogue, faux en écriture publique, corruption, extorsion, facilitation de l’entrée et de la sortie clandestine de citoyens marocains, ainsi que conspiration et participation à une association de malfaiteurs. La complexité de l’affaire réside dans l’imbrication de réseaux de corruption impliquant des figures controversées du milieu criminel, mêlant ainsi le monde du sport, de la politique et du crime organisé.
La défense de Saïd Naciri a adopté une stratégie audacieuse en requérant la convocation d’Ahmad Ahmad, ancien président de la Confédération Africaine de Football (CAF), en tant que témoin. Cette demande, qui a surpris de nombreux observateurs, vise à éclaircir une affaire d’achat de villa qui pourrait avoir des ramifications importantes dans le dossier. La formation collégiale, présidée par le juge Ali Torchi, n’a pas encore statué sur cette requête, laissant planer le suspense sur la possible implication d’une figure majeure du football africain dans cette affaire tentaculaire.
Un personnage clé dans cette affaire est El Hadj Ahmed Ben Brahim, surnommé « l’Escobar du Sahara ». Ce trafiquant de drogue récidiviste, originaire de la région saharienne et actuellement incarcéré, est considéré par la défense comme un témoin crucial. Les avocats de Naciri ont insisté sur l’importance de sa convocation, citant des échanges téléphoniques prolongés entre lui et leur client, enregistrés dans les procès-verbaux de la police judiciaire. Ces conversations pourraient apporter des éclaircissements significatifs sur la nature des relations entre les accusés et les réseaux criminels impliqués.
Les déclarations de Ben Brahim sont d’autant plus attendues qu’il est à l’origine de la plainte ayant déclenché toute cette affaire. Son témoignage pourrait donc s’avérer déterminant pour comprendre les mécanismes de ce réseau présumé de corruption et de trafic. Les avocats de Bioui ont également rejoint cette demande, soulignant l’importance capitale du rôle de Ben Brahim dans l’enquête et son potentiel à éclairer la cour sur les tenants et aboutissants de cette affaire complexe.
La défense ne s’est pas arrêtée là dans ses demandes de convocation de témoins. Elle a également sollicité l’audition de personnalités inattendues, comme Latifa Raâfat, célèbre chanteuse marocaine. L’intérêt pour cette artiste réside dans son bref mariage avec El Hadj Ahmed Ben Brahim. Les avocats de Naciri souhaitent que la Cour vérifie l’authenticité des documents prouvant ce mariage, car il existe des divergences concernant les dates. Certains affirment que le mariage a eu lieu le 17 décembre 2013, tandis que d’autres avancent la date du 27 décembre. Cette vérification pourrait sembler anecdotique, mais elle s’inscrit dans une stratégie visant à remettre en question la crédibilité des témoignages et des preuves présentées par l’accusation.
D’autres figures politiques pourraient également être appelées à la barre, notamment le secrétaire général de la Chambre des représentants. Son témoignage serait sollicité pour éclaircir des allégations d’abus de privilèges parlementaires, ajoutant ainsi une dimension politique supplémentaire à cette affaire déjà chargée.
La défense de Saïd Naciri a également porté de graves accusations concernant l’implication présumée de militaires des Forces armées royales (FAR) dans le trafic de drogue. Selon les déclarations rapportées d’El Hadj Ahmed Ben Brahim, certains soldats auraient facilité le transport de cargaisons illégales vers des pays d’Afrique de l’Ouest. Ces allégations, particulièrement sensibles dans un pays où l’armée jouit d’un grand prestige, ont conduit les avocats de Naciri à exiger une enquête approfondie. Leur objectif déclaré est de préserver l’image et la réputation des FAR, tout en soulignant la nécessité de faire toute la lumière sur ces accusations potentiellement dévastatrices.