Affaire Pegasus : le Syndicat national de la presse marocaine réagit
Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) suit avec grand intérêt les derniers développements de l’affaire Pegasus. Tout en rappelant ses positions fermes concernant la protection des journalistes contre toutes les formes de restrictions à leur liberté d’action et la préservation contre toute atteinte de leurs droits moraux et matériels y compris leurs communications téléphoniques, leurs sources et leurs moyens de travail, le SNPM affirme que les évolutions rapides qu’a connue ce dossier en un temps court a eu le mérite de révéler de manière successive des vérités qu’il convient de prendre en compte.
Le SNPM, qui a promptement interagi depuis le début de la divulgation des données relatives à cette affaire, a organisé, ces derniers jours, plusieurs rencontres de concertations entre les membres de son bureau exécutif. Et après avoir analysé les informations et les données s’y rapportant, le Syndicat annonce ce qui suit :
– Premièrement, le SNPM considère que cette affaire d’espionnage à l’aide du logiciel Pegasus n’est pas nouvelle, puisqu’Amnesty International l’a déjà soulevée il y a quelque temps. En réaction à cela, le Syndicat National de la Presse Marocaine a adressé plusieurs correspondances à cette ONG lui suggérant de travailler conjointement pour tirer au clair certains zones d’ombre liée à cette affaire, mais n’en a reçu aucune réponse à ce jour.
Deuxièmement, le Syndicat a noté que certains confrères, journalistes marocains, dont les noms figuraient sur la liste des personnes dont les téléphones auraient été piratés, ont pris l’initiative de démentir cette affirmation. Par conséquent, leurs noms ont été retirés de cette liste sans explication aucune.
Troisièmement, le Syndicat national de la presse marocaine a relevé avec stupéfaction que le procès intenté par deux journalistes français devant un tribunal français contre le Maroc avait été lancé dans une contradiction stupéfiante « contre X », ce qui veut dire que la partie qui a rendu publiques les données portant atteinte à l’image du royaume n’est pas sûre de leur exactitude et ne s’est pas donnée la peine de les vérifier et les recouper avant publication.
Quatrièmement : Le Syndicat national marocain de la presse relève la tentative de certaines parties régionales, au travers une position officielle de leur ministère des Affaires étrangères, d’introduire et d’exploiter cette question dans les différends géostratégiques dans la région.
Cinquièmement : Le SNPM souligne avec un intérêt particulier toutes les démarches et initiatives prises par les autorités marocaines dans ce sens, à commencer par la publication d’un démenti officiel de ce qui a été publié et médiatisé, en passant par l’ouverture d’une information judiciaire sur instruction du Ministère public et en finissant par la poursuite en justice de Amnesty International et du groupe Forbbiden Stories devant l’un des tribunaux parisiens. Des démarches et des initiatives qui vont dans le sens de la révélation de la vérité.
Sixièmement : Le Syndicat National de la Presse Marocaine a noté l’empressement de certaines parties, particulièrement les médias français et algériens, à rendre des jugements de valeur et à condamner sans fondement le Maroc. Pour ne citer que cet exemple, France 24 a demandé au royaume d’apporter la preuve de son innocence, dans un précédent très dangereux qui instaure une nouvelle règle dans l’exercice de la profession journalistique, dénaturant le principe même qui veut que l’accusé est innocent jusqu’à preuve du contraire. En principe, c’est la chaîne qui devait apporter la preuve de ses allégations.
Septièmement : Le Syndicat National de la Presse Marocaine prendra contact avec des organes et organisations nationales pour conjuguer les efforts à ce stade critique afin de faire éclater la vérité.
Le Syndicat National de la Presse Marocaine, qui place parmi les priorités de ses missions la défense des journalistes et la protection de la liberté de la presse, de l’édition, de l’expression et de la pensée, qui affronte toutes les manifestations de restrictions au travail des journalistes et à l’exercice de cette liberté, et qui rejette toute atteinte aux droits inaliénables des journalistes liés à leur intégrité physique, à la protection de leurs contacts et de leurs sources, considère que ce qui a été publié jusqu’à présent contre le Maroc relatif au piratage et à l’espionnage des téléphones des journalistes, n’est rien que des allégations qui nécessitent un examen minutieux et une enquête, d’autant plus que celles-ci ont affecté des hauts fonctionnaires. Une telle mission ne peut être dévolue qu’à une justice impartiale et indépendante.
In fine, le Syndicat National de la Presse Marocaine appelle tous les confrères journalistes à traiter avec professionnalisme les développements liés à cette question, et à faire preuve d’un esprit de prudence et de vigilance, afin d’éviter toute dérive qui pourrait servir des agendas politiques ou géostratégiques extérieurs.