Afrique du Sud: des voix s’élèvent contre la remise de la peine de prison de Zuma
L’organisation non gouvernementale sud-africaine de défense des droits civiques «AfriForum» a rejeté, vendredi, une décision du Département des services correctionnels d’ accorder à l’ex-Président Jacob Zuma une remise de peine de prison.
Zuma s’est présenté vendredi à la prison d’Estcour, dans la province du KwaZulu-Natal, où il a bénéficié «d’une procédure spéciale de remise en liberté».
Peu après, le ministre de la Justice, Ronald Lamola, a annoncé que l’ancien Président ne retournerait pas en prison, arguant que Zuma était l’un des nombreux détenus à avoir obtenu une telle remise de peine pour remédier à la surpopulation dans les établissements correctionnels.
En juillet dernier, la Cour constitutionnelle a confirmé une décision de la Cour suprême d’appel selon laquelle la libération conditionnelle pour raisons médicales de Zuma, à peine deux mois après le début de sa peine de 15 mois pour outrage à la justice, était illégale.
Aux termes de cette décision, l’ex-président n’a pas fini de purger sa peine et a dû retourner au Centre correctionnel d’Estcourt.
En réaction, le groupe de pression AfriForum a fustigé le Département, l’accusant d’aider Zuma à échapper à la justice. «Il n’y a pas de position plus privilégiée et protégée en Afrique du Sud que d’être un cadre du Congrès National Africain (ANC au pouvoir)», a déclaré Ernest van Zyl d’AfriForum.
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Pour sa part, le principal parti d’opposition en Afrique du Sud, l’Alliance Démocratique (DA) a fustigé la décision du Commissaire des services correctionnels, Makgothi Thobakgale, ajoutant que «le Président Cyril Ramaphosa a sapé l’État de droit en empêchant Jacob Zuma d’entrer en prison pour des raisons politiques». «Il est clair que si vous êtes un cadre de l’ANC, vous ne serez jamais tenu responsable sous l’ère Ramaphosa», souligne le parti.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, le Commissaire Thobakgale, a expliqué que Zuma s’est présenté au centre correctionnel d’Estcourt ce vendredi à 6 heures du matin pour traitement et a été libéré juste après 7 heures du matin en vertu d’un système de remise spéciale qui a débuté aujourd’hui-même.
Ce système spécial de remise vise apparemment à remédier à la surpopulation dans les prisons et est en préparation depuis avril dernier.
Interrogé sur la raison pour laquelle ce système commence vendredi, le ministre de la Justice a déclaré que le récent incendie au centre correctionnel de Kutama Sinthumule à Makhado, dans la province de Limpopo, avait exacerbé la situation déjà désastreuse.
Quelque 9 000 détenus devraient bénéficier du système de remise spéciale.
En juin 2021, la Cour constitutionnelle a condamné Zuma à 15 mois de prison pour outrage à la justice après avoir défié un ordre de la Cour constitutionnelle de comparaître devant la Commission d’enquête sur la capture de l’État.
Cependant, à peine deux mois plus tard, il a été libéré pour raisons médicales. La Haute Cour puis la Cour suprême d’appel (SCA) ont par la suite conclu que sa libération était illégale.
Mais cette décision a laissé au commissaire des services correctionnels le soin de décider si le temps que Zuma avait passé en liberté conditionnelle pour raisons médicales devait toujours compter comme du temps purgé.
Jacob Zuma est poursuivi pour des accusations de corruption liées à un marché d’armes conclu en 1999 avec la société française d’armement «Thales».
Il fait face actuellement à 16 chefs d’accusation de fraude, de corruption et de racket concernant un contrat d’achat d’avions de chasse, de patrouilleurs et de matériel militaire de 4,2 milliards d’euros. Le fabricant d’armes Thales a également été inculpé après des allégations de paiement d’un pot-de-vin de 4 millions de Rands (près de 235.000 euros) à Zuma.
Avec MAP