Afrique du Sud: Zuma opère un vaste remaniement ministériel et enfonce le pays dans l’incertitude
Le président sud-africain a opéré, dans la nuit de jeudi à vendredi, un vaste remaniement ministériel remerciant 15 membres du gouvernement dont le ministre des Finances, Pravin Gordhan.
Ce remaniement, intervenu au terme d’une réunion d’urgence des six membres les plus influents de l’ANC (au pouvoir), devra accentuer l’incertitude politique qui prévaut dans le pays depuis plusieurs mois, portant une grave atteinte à la confiance des investisseurs.
Immédiatement après l’annonce de la nouvelle attendue depuis quelques jours, la devise sud-africaine, le rand, a perdu 5 pc de sa valeur.
Les spéculations au sujet de ce remaniement ont commencé lundi dernier, quand le président Zuma a rappelé d’urgence son ministre des Finances en tournée à l’étranger pour lever deux milliards de dollars sur les marchés financiers britannique et américain.
Ainsi neuf ministres et six ministres adjoints ont été remplacés dans cette importante réorganisation de l’exécutif sud-africain.
Comme attendu, le ministre des Finances a été la principale victime. Les relations entre MM Zuma et Gordhan étaient entrées dans une phase de tension sans précédent, les deux hommes s’affrontant publiquement sur des questions sensibles dont la gestion des finances publiques et des grandes compagnies nationales.
M. Gordhan s’opposait en particulier à un plan du président Zuma de lancer une transformation économique radicale se basant notamment sur la redistribution des terres aux agriculteurs noirs.
La mesure est présentée par M. Zuma comme moyen de réduire les inégalités sociales toujours criantes dans le pays, au moment où l’ancien ministre des Finances défendait une réforme profonde et efficace d’une économie qui n’arrive pas à sortir de sa longue période de ralentissement.
Par ailleurs, Blade Nzimande, chef du Parti communiste (SACP), allié historique de l’ANC, a également perdu son poste ministériel dans le remaniement opéré par M. Zuma.
Le SACP avait menacé de retirer ses ministres du gouvernement si le président se débarrassait de Gordhan.