Aggravation de la pauvreté en Argentine, environ 25 millions de personnes touchées
La pauvreté a touché plus de 55% d’Argentins au premier trimestre 2024, soit environ 25 millions de personnes, a indiqué un organisme relevant de l’Université catholique argentine (UCA).
L’Observatoire de la dette sociale de l’UCA, un organisme spécialisé dans le suivi des indices du développement humain dans ce pays, est parvenu à cette conclusion après une étude menée par ses chercheurs dans une trentaine d’agglomérations urbaines à travers tout le pays.
Le directeur de cet Observatoire, Agustin Salvia, a indiqué au quotidien du monde des affaires « Ambito », que la pauvreté s’est aggravée en 2024 et touche 55,5 % de la population, alors que la pauvreté extrême affecte 8 millions d’Argentins qui, selon la définition admise de ce concept, n’ont pas assez de ressources pour acquérir le panier alimentaire de base.
Ces chiffres sont révélés par l’observatoire de l’UCA au milieu d’une vive polémique suite à une décision de la justice ordonnant au gouvernement de distribuer des milliers de tonnes de produits alimentaires dont la date de préemption approche.
L’approvisionnement des restaurants populaires qui alimentent les persones dans des situations d’extrême pauvreté a commencé ce mardi avec l’aide logistique de l’armée.
L’Observatoire de l’UCA pointe du doigt l’insécurité alimentaire dans les zones urbaines qui affecte 20,8% des ménages. Ce taux grimpe à 32,2% quand il s’agit des enfants et des adolescents.
Le rapport de l’UCA intitulé : « Dettes sociales structurelles dans la société argentine », qui répertorie toutes ces données, relève que 3,7 millions de foyers en Argentine (abritant environ 11 millions d’habitants) souffrent d’insuffisance alimentaire, ce qui nécessite l’intervention de l’État pour y remédier.
Au dernier trimestre 2023, l’organisme officiel chargé des statistiques (Indec) avait indiqué que le taux de pauvreté a atteint 44,8%, et celui de l’indigence (extrême pauvreté) était de 13,8%.
Selon le directeur de l’Observatoire, la réduction de la pauvreté d’ici fin 2024 dépendra en grande partie de la poursuite du ralentissement de l’inflation et de la réactivation de l’économie promise par le président ultralibéral Javier Milie.
« Nous ne savons pas combien de temps durera encore cette récession. Si l’inflation baisse à cause des ajustements de taux d’intérêt et si aucun investissement n’est opéré, la pauvreté restera proche de 50% et l’indigence de 15% », a estimé Agustin Salvia.
Selon lui, « pour que la pauvreté baisse, l’inflation devrait s’atténuer et de nouveaux emplois devraient être créés avec des salaires dépassant l’IPC » (Indice des prix à la consommation).
Depuis l’investiture de Milei en décembre dernier, le taux de pauvreté s’est aggravé à cause des mesures d’austérité adoptées pour stabiliser l’économie.
Son gouvernement a notamment suspendu les travaux d’infrastructure et les recrutements dans la fonction publique, dévalué la monnaie nationale de 118% et éliminé une grande partie des subventions sociales.
Avec MAP