Agriculture 2024, une année d’épreuves pour le secteur agricole

Dans les plaines fertiles du Maroc, le silence des champs contraste avec l’effervescence habituelle des saisons agricoles. L’année 2024 aura été marquée par une succession de défis pour le secteur agricole, qui, après avoir profité d’une décennie de croissance grâce au plan Maroc Vert, lutte aujourd’hui contre les conséquences d’une sécheresse persistante.

Pour la sixième année consécutive, la pluviométrie reste largement déficitaire, plongeant le secteur agricole dans une situation critique. Les réserves en eau des barrages agricoles ont été drastiquement réduites, compromettant les cultures irriguées. Les régions historiquement productrices de céréales, comme le Gharb et le Saïs, ont été parmi les plus touchées.

Les statistiques officielles indiquent que le taux de remplissage des barrages agricoles est tombé à moins de 30 %, un niveau historiquement bas. Cette situation a contraint le gouvernement à importer massivement des céréales pour compenser le déficit de production nationale, alourdissant ainsi la facture alimentaire du pays.

La stratégie « Génération Green» mise à rude épreuve

Lancée en 2020 pour succéder au plan Maroc Vert, la stratégie « Génération Green » ambitionnait de renforcer la résilience du secteur agricole et de promouvoir une agriculture durable. Toutefois, cette stratégie peine à produire les résultats escomptés. La sécheresse persistante freine la mise en œuvre de projets d’irrigation et pénalise les agriculteurs.

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En 2023, pour tenter de limiter les dégâts, le gouvernement avait signé des contrats-programmes d’une valeur de 110 milliards de dirhams avec 19 filières agricoles. Ces initiatives ont permis de maintenir un minimum d’activité économique, mais elles restent insuffisantes face à l’ampleur des besoins.

Dans les bassins agricoles du Souss et du Tadla, de nombreuses cultures gourmandes en eau ont été suspendues. Les producteurs de primeurs destinées à l’exportation, à l’instar des agrumes et des tomates, doivent jongler avec des quotas d’irrigation stricts.

Pour Abdellah, un agriculteur du Gharb, « la réduction de l’accès à l’eau d’irrigation signifie une baisse significative des rendements. Nous avons dû abandonner une partie de nos terres ». Cette réalité se répercute également sur les marchés locaux, où les prix des produits agricoles connaissent une inflation constante.

Les perspectives pour 2025

Alors que la campagne agricole 2024-2025 est déjà bien entamée, les perspectives restent incertaines. Le début de la saison avait pourtant suscité l’espoir avec des pluies précoces, mais un nouveau déficit pluviométrique s’est installé. Les agriculteurs espèrent que les mois d’hiver, traditionnellement plus arrosés, permettront de sauver une partie des récoltes.

Face à ces défis, le gouvernement intensifie ses efforts pour mobiliser les ressources hydriques. Parmi les projets en cours figurent la construction de nouvelles stations de dessalement et la modernisation des systèmes d’irrigation. L’objectif est clair : garantir une gestion durable de l’eau pour préserver à la fois les besoins agricoles et ceux des ménages.

« Être agriculteur, c’est vivre avec l’espoir», dit un proverbe populaire. Alors que le Maroc entre dans une période décisive pour son avenir agricole, cet espoir reste le moteur principal des acteurs du secteur. L’année 2025 devra marquer un tournant, avec l’arrivée attendue des pluies et la concrétisation des projets hydriques en cours.

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