Agriculture: De la necessité de se transformer
Sécheresses de plus en plus récurrentes, stress hydrique accru, multiplication des canicules… Le secteur agricole au Maroc en subit d’ores et déjà les conséquences. La campagne agricole 2022/2023 s’annonce bien particulière en raison du contexte actuel défavorable, marqué par la rareté des précipitations pluviométriques. Une situation loin d’être rassurante qui nécessite une transformation de l’écosystème agricole, d’après le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE).
Les conditions météorologiques pèsent lourdement sur l’agriculture au Maroc. Un secteur qui constitue le premier contributeur du PIB (14%) devant le tourisme et l’industrie mais qui ne cesse de se détériorer en raison notamment du déficit pluviométrique qui atteint désormais 45% par rapport à une année de précipitations normales. C’est d’ailleurs ce qu’a indiqué le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, lors d’une session de questions orales devant la Chambre des conseillers.
En effet, la campagne agricole au titre de l’année 2022-2023 qui vient de se lancer, s’annonce très particulière. Certes, le gouvernement table, dans le PLF 2023, sur une récolte moyenne de 75 millions de quintaux de céréales. Toutefois, la concrétisation de cette ambition ainsi que la réussite de la saison agricole s’avèrent intrinsèquement liées à de multiples conditions dont la situation hydrique et pluviométrique du royaume.
Rappelons à cet égard que plusieurs grands barrages frôlent le tarissement, notamment ceux d’ Al Massira et d’Abdelmoumen. Tandis que d’autres comme Bin El Ouidane sont à des niveaux très bas ne dépassant pas les 8%.
Une situation inquiétante susceptible d’alimenter la dépendance du royaume aux importations alimentaires. Mais aussi de fragiliser davantage la situation et le niveau de vie des populations rurales, fortement dépendantes des activités agricoles.
Les agriculteurs pris dans l’engrenage
Les agricultures sont les plus impactés par les vulnérabilités du système agricole. Outre la sécheresse dont les répercussions se font sentir sur la production agricole, d’autres contraintes et défis se dressent devant les agriculteurs. Le moral en berne, ces derniers souffrent effectivement de la hausse du coût des intrants. Voilà donc ce qui vient encore baisser drastiquement leur trésorerie, impactant ainsi leur capacité de financement , voire les plongeant dans la précarité.
La transition effective de l’écosystème agricole
Conscient de l’urgence d’agir face à cette situation, le CESE a mis l’accent, dans son rapport annuel de 2021, sur la nécessité d’introduire de nouvelles variétés de céréales plus résistantes à la sécheresse, notamment celles répandues en Afrique comme le millet, sorgho…soulignant par la même occasion l’importance de la culture de l’orge.
Le conseil appelle, par ailleurs, les parties prenantes à mobiliser leurs forces pour une transformation effective de l’écosystème agricole. Ultime moyen à même de garantir la résilience du secteur face aux aléas climatiques et de garantir une activité « fructueuse » pour les agriculteurs.
Rappelons dans ce sens, l’importance de la Recherche et du développement (R&D) dans le domaine agricole afin de faire surgir des solutions qui s’adaptent aux changements climatiques. Dans ce sens, le CESE a appelé au renforcement du budget de la recherche dans ce domaine, notamment dans les filières de la sélection des semences et des cultures les plus résistantes à la sécheresse. Mais aussi dans les instituts de recherche spécialisés.