Ahmed Rahhou : L’aide marocaine aux pays africains en droite ligne avec la coopération Sud-Sud promue par SM le Roi
L’initiative de SM le Roi Mohammed VI d’accorder des aides médicales afin d’accompagner les pays africains frères dans leurs efforts de lutte contre la pandémie de la COVID-19, s’inscrit dans l’esprit de la coopération Sud-Sud promue par le Souverain, a affirmé l’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, Ahmed Rahhou.
L’initiative de SM le Roi, qui a toujours favorisé la coopération entre les pays du Sud à travers des échanges d’expériences, l’aide à l’investissement et la construction d’espaces communs d’échanges sociaux, culturels, économiques et politiques, « s’inscrit dans le cadre de cette coopération Sud-Sud qui a toujours été au cœur de la politique étrangère du Maroc », a souligné M. Rahhou dans un entretien accordé à l’hebdomadaire européen « New Europe ».
« Avec les pays africains, il y a une dimension supplémentaire de fraternité et de très grande proximité, ce qui signifie que le Maroc est toujours sensible à ce qui se passe dans ces pays, en particulier dans les moments difficiles », a ajouté l’ambassadeur qui rappelle les diverses expériences passées témoignant de la solidarité du Maroc « chaque fois que cela était nécessaire envers les pays africains amis ».
Dans cette phase particulière de pandémie générale, il a relevé que l’expérience marocaine, sous l’impulsion de SM le Roi, dans la gestion de l’épidémie montre qu’il existe « un savoir-faire » que le Maroc met aujourd’hui, ainsi que le matériel de soins fourni par l’industrie pharmaceutique nationale, à la disposition de ces pays amis.
Dans cet entretien, l’ambassadeur revient notamment sur l’évolution importante de l’industrie pharmaceutique marocaine qui couvre aujourd’hui près de 80% des besoins du pays, en termes de médicaments, confortée par une politique de santé assez dynamique avec les hôpitaux et la médecine privée.
« Cela signifie que le système de santé marocain offre une couverture relativement élevée de la population et de ses besoins », a expliqué le diplomate marocain qui note que cette expérience a aussi permis aux laboratoires étrangers « non seulement de venir investir au Maroc et d’avoir leurs unités de production sur le sol marocain, mais aussi de développer une industrie pharmaceutique purement marocaine avec le savoir-faire nécessaire développé par les pharmaciens », capable de produire pour les besoins nationaux tout en exportant une partie de leur production, ou encore d’installer des unités de production en Afrique et dans les pays partenaires.
Pour l’ambassadeur, cette évolution est l’une des facettes de la politique industrielle du Maroc, qui « combine à la fois des facilités d’investissement pour les nationaux et aussi pour tous les investisseurs venant de l’étranger », une politique confortée, selon lui, par les accords de libre-échange conclus avec plusieurs pays, outre l’homologation des produits pharmaceutiques attestant leur conformité aux normes internationales, « ce qui signifie qu’aujourd’hui les médicaments vendus au Maroc sont reconnus en Europe et vice versa ».
En plus de l’industrie pharmaceutique, le Maroc peut compter sur d’autres filières, comme le textile ou encore d’autres industries de haute technologie, qui ont permis pendant la pandémie de « mobiliser la production rapide des besoins du pays en termes, par exemple, de masques et autres types d’équipements comme le gel hydroalcoolique, etc. », a-t-il relevé, en se félicitant notamment que le Maroc produit aujourd’hui près de 10 millions de masques par jour.
L’ambassadeur cite aussi l’apport d’autres industries, en particulier aéronautique, qui se sont converties à la production de respirateurs _un respirateur 100% marocain commence à être produit en masse_, outre l’implication de plusieurs entreprises dans l’effort de recherche sur les pandémies, ce qui a permis là aussi le développement d’un test purement marocain, qui a été validé par les principaux laboratoires internationaux.
S’agissant de l’avenir de la coopération post-Covid 19, l’ambassadeur a souligné que « la pandémie, telle que nous l’avons vécue, nous interpelle tous quant à la capacité de réaction des pays, individuellement et collectivement », insistant en particulier sur l’importance de traiter l’aspect économique, en plus de la coopération sanitaire.
« C’est parce que nous avons une situation économique assez difficile et qu’aucun pays ne pourra faire face à lui seul aux impacts multiples de la pandémie. Tout le monde va souffrir d’une récession cette année. La reprise va être un peu lente. L’utilisation d’instruments financiers va nécessiter une coopération internationale », a-t-il dit, tout en assurant que Maroc est « prêt à travailler avec ses partenaires sur ce point », tout en étant disposé à devenir une plate-forme en cas de découverte d’un vaccin ou de nouveaux traitements pour les produire à travers sa propre industrie pharmaceutique et son expertise industrielle, dans la perspective de les envoyer à d’autres pays.
« La coopération internationale nous semble donc essentielle », a conclu M. Rahhou qui rappelle que « c’est d’ailleurs dans ce sens que le Maroc a rejoint l’UE dans l’appel aux fonds COVID, lancé par la Commission européenne pour participer à la recherche de nouveaux traitements et vaccins disponibles pour lui-même et pour d’autres pays ».