Aïd Al-Adha : L’écho de l’inflation résonne dans les souks
Dans un contexte économique difficile, une année éprouvante se profile tant pour les éleveurs que pour les consommateurs. Il est fort probable que les prix des ovins connaissent une hausse significative. Cette augmentation est souvent imputée aux conséquences de plusieurs années de sécheresse consécutives. Toutefois, des experts soutiennent que d’autres facteurs contribuent également à l’inflation.
Pour saisir l’étendue de la situation actuelle, il est essentiel de la contextualiser. « Il convient d’abord de considérer la perturbation de la chaîne d’approvisionnement sur le marché mondial, qui remonte à la pandémie de Covid-19 », indique Larbi Zagdouni, ingénieur agroéconomiste et ruraliste. Il ajoute : « La guerre en Ukraine, l’un de nos principaux fournisseurs de céréales et d’autres denrées alimentaires essentielles, n’a fait qu’aggraver la situation. Plus alarmant encore, notre pays endure depuis six ans des sécheresses parmi les plus sévères de son histoire récente, réduisant considérablement les ressources en eau et les disponibilités fourragères produites localement. »
Pour toutes ces raisons, « l’élevage ne se pratique plus dans des conditions optimales, notamment en raison de l’augmentation des prix des aliments pour bétail. Un troupeau mal nourri a un impact négatif sur les performances reproductives du cheptel, telles que le taux de natalité et la qualité des animaux produits », conclut-il.
Face à une inflation galopante et à des défis climatiques insurmontables, certains observateurs estiment que cette situation découle principalement de la grave sécheresse qui affecte de nombreuses régions du monde, et pas seulement le Maroc.
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À l’échelle internationale, les éleveurs et agriculteurs sont souvent menacés par ce phénomène. À cela s’ajoutent les conséquences de l’inflation mondiale qui impacte l’élevage. Ce dernier étant dépendant des intrants, toute augmentation de ces derniers entraîne inévitablement une hausse des prix du bétail, d’où l’importance de maîtriser les coûts lors de l’importation.
Cet ancien enseignant-chercheur au Département des Sciences Humaines de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II s’interroge également sur l’efficacité de l’importation d’ovins pour l’Aïd.
« Cette opération soulève plusieurs questions. Comme l’année précédente, le gouvernement a décidé de la subventionner à hauteur de 500 DH par tête, dans le but d’accroître l’offre et de réduire les prix pour les ménages marocains.
Initialement, le gouvernement a annoncé l’importation de 300 000 têtes. Peu après, ce chiffre a été porté à 600 000, soit le double ! Quelles sont les raisons de cette augmentation ? Le nombre d’importateurs jugés éligibles a également augmenté, passant de 67 à 100. Comment interpréter ces changements ? S’agit-il d’une méconnaissance de l’offre nationale ou d’un déficit à combler ?
Quant à la réduction des prix pour les ménages marocains grâce à cette importation, plusieurs signes indiquent qu’elle pourrait être insignifiante. Trois facteurs contribuent à cette situation : le risque de ne pas trouver le nombre prévu d’animaux sur le marché international.
Même si les importateurs sélectionnés réussissent, le nombre d’animaux importés ne représenterait que 5 à 10 % de ceux qui seront sacrifiés. L’augmentation du nombre d’importateurs, au-delà des opérateurs habituels, a entraîné une concurrence accrue, incitant les producteurs européens à augmenter leurs prix de vente. »
Dans ces conditions, il y a fort à craindre que la subvention de 500 DH/tête soit en définitive, captée par ces producteurs qui seraient ainsi indirectement subventionnés par notre pays. »