Alger remet le compteur à zéro dans la gestion de la question du Sahara
Par Taieb Dekkar (*)
L’Algérie, en décidant de rompre ses relations diplomatiques avec le Royaume millénaire du Maroc, nous renvoie, suivant le constat global dressé par Ramtane Laamamra, à la décennie soixante dix, pour répandre comme jadis, les recettes caduques de l’intangibilité des frontières et de l’autodétermination des peuples, qui ont fait alors, dans un contexte bien évidemment révolu, des fans dans le tiers monde.
Toutes les évolutions diplomatiques ultérieures de la question du Sahara, au sein des instances internationales, ne semblent pas satisfaire Alger qui, ayant tiré un bilan peu reluisant de la gestion de la diplomatie algérienne depuis la normalisation des rapports avec le Royaume en 1988, semblerait vouloir revenir « aux grandes théories» idéologiques qui ont fait ses gloires lors de la décennie soixante dix.
L’intangibilité des frontières, par laquelle Alger s’efforçait de reprendre des territoires de l’Est du Maroc, est plaidée dans le cas du Sahara, pour contenir le Royaume dans ses frontières antérieures à la Marche verte.
Alger voudrait apparemment remettre le compteur à zéro concernant la gestion de la question du Sahara et donc plaider pour l’autodétermination du « peuple sahraoui », comme unique issue pour ce conflit artificiel. Entendez par réfugiés les populations des camps de Tindouf et quelques Harkis des provinces marocaines du Sud, à leur tête Aminatou Haidar et Soltana khaya…
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Pour y arriver, l’armée algérienne devrait s’atteler à priori à faire ressusciter l’héritage démagogique du dictateur Boumediene, et ce, pour pouvoir reprendre en main la situation d’instabilité provoquée par le Hirak et l’inquiétude croissante du peuple algérien face aux pénuries alimentaires, les coupures d’eau, les incendies de forêt, la pandémie, la rupture de stocks d’oxygène, la désaffection du peuple à l’égard des élections, la cherté de la vie, la dépréciation du dinar…. Après l’assassinat de Boudiaf, l’armée avait utilisé les mêmes méthodes en faisant appel à un ancien fidèle de Boumediene, Belaid Abdeslam, comme chef de gouvernement, pour permettre au peuple algérien, alors confronté à une crise grave, de s’abreuver d’un discours démagogique éculé et utopique. Toutefois, cette recette avait vite montré ses limites et son échec.
Comme à son habitude, et ce depuis l’indépendance de ce pays, le régime tend à imputer cette situation, de crise multiforme, aujourd’hui alarmante, à « l’ennemi » classique et historique, rendu coupable de la mort de plus de 800 « chahid », lors de la guerre des sables, déclenchée à l’initiative d’Alger, de l’avis de plusieurs chercheurs et historiens crédibles.
C’est cela remettre le compteur à zéro : l’évocation des pertes humaines lors de la guerre des sables. Le bilan en pertes matérielles n’a pas été fourni par Laamamra.
Pourquoi remonter jusqu’à la guerre des sables Monsieur Laamamra ? Regretteriez-vous la normalisation, amorcée en 1988, lorsque l’Algérie, plongée dans une grave crise, comme aujourd’hui, décida souverainement l’ouverture des frontières, pour permettre au peuple algérien de « se relaxer, de se défouler et se détendre» chez nous, emportant tout ce qu’il trouvait sur son passage.
Nous, marocains, avons compris qu’en choisissant le 24 Aout 2021 pour annoncer cette décision, Alger entend, à priori, célébrer l’anniversaire de son implication dans l’attentat de Marrakech, le même jour, il ya 27 ans, implication qui ne laisse aucun doute, tant l’Algérie, alors désespérée et livrant seule le combat contre le terrorisme, décida de frapper dans une grande ville touristique d’un pays allié de l’occident, fréquentée par des milliers de touristes occidentaux, pour sensibiliser les pays européens à sa cause.
L’Algérie a été la première à creuser de profondes tranchées aux frontières avec le Maroc et à installer des garnisons renforcées de surveillance le long de la ligne de démarcation. Cela atteste de votre contribution matérielle à la construction du Maghreb, qui reste un vœu cher pour le Maroc et son Roi, lequel à récemment multiplié les initiatives de bonne volonté en direction d’un pays plutôt animé, malheureusement, d’intentions belliqueuses, replié sur lui-même, autarcique, fermé sur l’extérieur, et jouant un rôle pivot dans la discorde, la division et la propagande.
(*) – Journaliste et écrivain