Alger-Tunis, ou le délirant pacte faustien

Par Hassan Alaoui

Une entente basée sur une triste passion qui est la haine vertigineuse à l’égard du Maroc, le complot contre son unité, son intégrité territoriale, ses succès diplomatiques, la montée en puissance de son modèle et son régime, ses institutions aussi…Voilà le sempiternel et triste débat auquel nous sommes soumis avec une Algérie aux échecs cuisants et désormais une Tunisie devenue une dictature de pacotille …

Ce qui nous reste de la Tunisie aujourd’hui s’apparente à un goût de cendres. Voilà un pays et un peuple dont nous étions si fiers, de citer sa démocratie, son ouverture, sa diplomatie audacieuse et sage, sa place tout simplement dans la construction du Maghreb. Non qu’elle ait été totalement à l’abri d’appréciation ou d’erreurs par le passé, qui ont conduit au soulèvement de 2011, appelée « Révolution du jasmin », mais sa place et son poids au sein de l’ensemble régional restent décisifs.

En revanche, voilà un pays dont le fâcheux basculement du côté de l’Algérie ne peut pas ne pas nous inquiéter , nous autres, Marocains, Mauritaniens voire Libyens. L’artisan malheureux, au cynisme avéré, n’est bien entendu autre que Kaïs-Es-Saïd qui a vendu son âme au régime de Tebboune et Chengriha. Arrivé au pouvoir en octobre 2019, presqu’en même temps que Abdelmajid Tebboune en Algérie, il avait pourtant suscité beaucoup d’espoir aux yeux du peuple tunisien voire au-delà. Ce visage émacié, inspirant rigueur professorale donnait l’impression d’une revanche de l’Histoire eu égard aux bouleversements que la Tunisie avait traversé. Cela dit, l’avenir – fût-il écrit sous nos yeux – n’était nullement pavé de succès ou à tout le moins de bonnes intentions et le juriste au crane sidérant dissimulait en fait un vrai dictateur, une sorte de satrape oriental.

Du coup, la chère Tunisie qui incarna pour nous un modèle d’émancipation politique et social, un peuple frère est devenue la proie d’une « hostilité inventée », une tyrannie mise en place par une sorte de César cupide et agressif. Il a détruit tous les instruments et mécanismes démocratiques, refaçonné les institutions du pays à sa guise et au seul but de priver le peuple de ses droits et libertés, emprisonné tous ses opposants, brisé les espérances enfin investies en lui.

Rien n’est moins sûre, néanmoins, que cette rhétorique illusionniste, développée à l’époque par les rhéteurs du genre Edwy Plenel et Benjamin Stora qui, dans un livre commun publié cette même année 2011, intitulé « Le 89 arabe » s’enchantaient avec ivresse des suites de cette pseudo-révolution arabe qui a tourné en dictature, notamment en Tunisie et, avec l’échec du Hirak en Algérie. Deux dictatures ont vu le jour en ces cinq dernières années et ont éclaboussé, plutôt fossoyé les espoirs des peuples du Maghreb : la Tunisie et l’Algérie. Leurs dirigeants, Kaïs Es-Said et Abdelmajid Tebboune, celui-ci flanqué de son connétable Chengriha, chacun à sa manière ou les deux en même temps, ont cru tourner la page facilement de l’héritage de l’UMA, créée en février 1989 à Marrakech par le Roi Hassan II, le président Chadli Bendjedid d’Algérie, Mohamed ould Taya de Mauritanie, Zine al-Abidine Benali de Tunisie et Mouamar Kadhafi de Libye.

Tebboune et Kaïs Es-Saïd déploient depuis six ans maintenant un trésor inouï de manigances et de coups bas contre le Royaume du Maroc. Ne désespérant point de l’abattre – tant s’en faut ! -, ils ont décidé de relancer le projet de Maghreb à trois ou quatre, avec l’objectif affiché et proclamé même d’isoler et d’éliminer notre pays, Alger réussissant à mobiliser des sommes colossales, à embrigader le régime de Kaïs Es-Saïd et de lui dicter, je dis plutôt de lui imposer une attitude d’hostilité vis-à-vis du Maroc.

Pour 1 Million de dollars, nous avons donc assisté à une opération sordide de vassalisation par Alger de la Tunisie de Kaïs-Esaïd , aujourd’hui plus que jamais tout juste élevé au rang d’un proconsul de Chengriha. Les partis politiques, l’Establishment tunisien, la société civile et tout ce qui constitue encore la force vive et non inféodé au pouvoir du petit dictateur râblé ne machent pas leurs mots pour dénoncer cette ville soumission aux tyrans algériens, considérée comme une perte d’identité.

Le projet machiavélique d’Alger d’inventer sur les décombres de celui de Marrakech, un Maghreb à trois voire à quatre sans le Maroc, a mordu la poussière. La Mauritanie l’a d’emblée rejeté, la Libye menacée elle-même de partition définitive s’y soumet du bout des lèvres, sans nulle conviction. D’où bien entendu les pressions multiples , les menaces répétitives, les injures de la junte militaire d’Alger contre Nouakchott, les agressions lancées par le polisario à ses frontières, cette violence déchaînée pour abattre ce pays frère qui se défend désormais mieux grâce au soutien irréductible du Maroc, des Emirats arabes unis qui lui fournissent des armes pour se défendre et de la France. Les services algériens n’en démordent pas de leur acharnement à briser la résistance mauritanienne, incitant ici à un coup d’Etat, là une agression par le polisario à son intégrité territoriale, violée, triturée…

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