Algérie/Corruption : L’ancien ministre des transports entendu par la police judiciaire de Constantine
L’ancien ministre algérien des Transports, Amar Tou, a été entendu dimanche par la police judiciaire de Constantine dans le cadre d’une enquête menée sur le projet de réalisation d’un aéroport et qui implique également l’ancien Premier ministre, Noureddine Bedoui et l’ex-ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, selon les médias algériens.
L’audition de l’ancien ministre des Transports entre 2008 et 2013 Amar Tou intervient après celles de Noureddine Bedoui et Abdelmalek Boudiaf en tant qu’ex-walis de Constantine par les enquêteurs de la Brigade économique et financière (BEF) relevant du Service de la Police judiciaire (SWPJ) de la sûreté de wilaya de Constantine, sur le gouffre financier généré par le projet de rénovation de l’aéroport Mohamed-Boudiaf de Constantine lancé au début des années 2000 et qui n’a vu le jour qu’en 2013, ont précise les médias algériens.
Plusieurs affaires impliquant leur intendance suspecte à la tête de cette wilaya sont remontées à la surface dont l’octroi d’indus privilèges en termes de marchés publics et d’assiettes foncières, ou encore d’actes de gestion proprement dits des projets de développement dont a bénéficié Constantine.
Le rappel d’Amar Tou, l’ex-ministre des Transports entre 2008 et 2013, une période durant laquelle Abdelmalek Boudiaf et Noureddine Bedoui se sont succédé à la tête de la wilaya de Constantine, est justement lié à l’un des dossiers considérés comme catastrophiques pour la trésorerie publique pour avoir englouti des enveloppes faramineuses pour un résultat en deçà des attentes.
D’après les mêmes source, Abdelmalek Boudiaf, qui a dirigé la wilaya de Constantine, entre 2005 et 2010 avant d’être désigné ministre de la Santé (2013/2017), et Noureddine Bedoui (2010-2015), ex-ministre de l’Intérieur puis ex-Premier ministre (mars à décembre 2019), ont été auditionnés pour de « de graves dépassements constatés dans la gestion de ce projet qui a englouti des sommes énormes et connu des retards considérables ».
Les mêmes sources estiment que cette « grosse affaire », qui avait fait des remous même du temps des deux anciens responsables de la wilaya de Constantine, a aussi révélé que plusieurs autres anciens responsables seront également convoqués pour être entendus.
Parmi les noms avancés figure Tahar Sekrane, ancien wali de Constantine entre 1999 et 2005, prédécesseur de Abdelmalek Boudiaf, qui a assisté au lancement du projet.
Le projet, l’un des plus vieux de la wilaya à l’époque, a été lancé en 2001 pour un montant initial de 441 millions de dinars (environ 5,7 millions de dollars), a connu moult problèmes en l’absence des bureaux d’études engagés.
Le projet a pris 12 ans pour qu’il soit mis en service, en juin 2013, d’après les mêmes sources, qui font savoir que la structure, qui s’étend sur une superficie de plus de 80.000 m2, a été conçue pour accueillir plus d’un million de voyageurs par an.
Les travaux de construction et les équipements, qui devraient être de haute de gamme pour cet investissement public, ont coûté 2,954 milliards de dinars (38,23 millions de dollars), après plusieurs réévaluations, soit près de huit fois le coût initial, révèlent-elles.
Abdelmalek Boudiaf et Noureddine Bedoui ont déjà été convoqués en octobre dernier pour des affaires liées à leur gestion lorsqu’ils étaient walis de Constantine.
L’ancien Premier ministre s’était déplacé à Constantine suite à la décision d’installation d’une commission rogatoire délivrée par le magistrat instructeur près la Cour suprême.
Il lui est reproché l’octroi d’indus avantages à de puissants hommes d’affaires et détournement du foncier, précisément l’attribution non réglementaire des parcelles dans les zones industrielles. Une affaire qui est toujours en cours au niveau de la justice.
Pour rappel, plusieurs hauts responsables algériens ont été démis de leurs fonctions ou déférés devant la justice algérienne qui avait, ces derniers mois, ouvert une série d’enquêtes sur des faits présumés de corruption visant des hommes politiques et d’affaires accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec l’entourage du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
( Avec MAP )