Algérie-diplomatie algérienne : Restaurer l’unité du monde arabe tout en divisant le Maghreb
Par Taieb Dekkar*
Après une succession de débâcles diplomatiques au Conseil de sécurité, à la 4eme Commission et à l’Union européenne, l’Algérie se propose d’inscrire à l’ordre du jour du prochain sommet arabe qui devrait théoriquement se tenir à Alger en mars 2022, la réaffirmation du soutien du monde arabe aux peuples palestinien et sahraoui.
Nous nous rappelons le récent pressing de l’Algérie sur le Conseil de sécurité, pour l’amener à prendre en compte le nouvel agenda algérien, celui de faire table rase de toutes les résolutions du Conseil de sécurité, pour n’en retenir qu’une seule, celle adoptée en 1991, soit depuis maintenant 30 ans. Le Conseil de sécurité avait, rappelle-t-on, depuis 2007, amorcé une nouvelle démarche pour la recherche d’un règlement « politique» à la question du Sahara marocain, fondé sur la proposition d’autonomie marocaine, l’autonomie étant, sur le plan juridique, une forme civilisée d’autodétermination, pratiquée dans les pays avancés, comme l’Espagne notamment, et qui s’oppose à la désintégration des Etats, dans un contexte international fait de regroupements, d’unions et d’ensembles économiques puissants.
Non seulement l’Algérie demandait l’impossible au Conseil de sécurité, mais elle ambitionnait sérieusement, par chauvinisme, égoïsme et surement par mauvais calculs, d’embarquer le Conseil de sécurité sur cette piste. Avec une toute petite dose de réalisme, l’Algérie n’aurait certainement pas gâché des millions de dollars pour mobiliser des lobbys américains à sa cause, qui était perdue d’avance. On n’a pas besoin d’être philosophe ou «diplomate chevronné» pour comprendre que l’agenda algérien n’était pas défendable devant le conseil de sécurité. En un mot, la claque aura été si forte que la diplomatie algérienne a été acculée au silence, pendant 48 heures. Les envoyés spéciaux, qui se précipitaient à clamer victoire et gloire, à chaque petite «victoire», se sont tus, cette fois-ci.
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La 4eme Commission de l’ONU, presque un vivier de soutiens acquis à l’Algérie, depuis plusieurs années, pour des raisons idéologiques, vient d’amorcer un tournant fondamental dans le traitement de la question du Sahara marocain, en rejoignant le Conseil de sécurité, dans sa dernière résolution 2602. La quatrième Commission sur « la décolonisation» fournissait une large tribune pour l’Algérie, au regard du défilement oratoire traditionnel de ses partisans, que les adversaires du Royaume Chérifien présentaient comme un contrepoids «populaire» au Conseil de sécurité.
Le rejet de tous les « pourvois » juridiques algériens devant le Conseil de sécurité, et l’alignement de la 4eme Commission sur son verdict (résolution 2602), sont confortés -fait nouveau- par l’appui de l’Union européenne au processus arrêté par le Conseil de sécurité, qui constitue pour le Royaume, un point fort supplémentaire, car il s’agit d’une décision de l’Union européenne dans son ensemble.
Cela signifie en clair une véritable débâcle pour la diplomatie algérienne. Sans tenir compte de ces échecs monumentaux, et sans en tirer les conséquences, ni les leçons dont la première est d’abandonner ses desseins utopiques, en direction de son voisin de l’Ouest, l’Algérie, à peine ces échecs consommés, s’engage sur un nouveau champ de mines, le monde arabe, dans l’espoir de pouvoir décrocher son soutien au peuple sahraoui.
Une aventure diplomatique incalculée et maladroite, parce que justement ce monde arabe risque de boycotter le sommet arabe d’Alger, si telles sont les intentions de l’Algérie. Le monde arabe dans son ensemble, se tient aux côtés du Royaume du Maroc, comme nous l’avons constaté, lors des débats au sein de la 4eme Commission de l’ONU. La ligue arabe elle-même s’opposerait à l’inscription à l’ordre du jour de ce sommet, pour le moment virtuel, de la question du Sahara, comme elle l’a fait depuis toujours, afin de ne pas diviser le monde arabe.
Or, Laamamra serait animé de la volonté de restaurer l’unité arabe et, en même temps, de «diviser le Maghreb». La diplomatie algérienne se nourrit de paradoxes, de contradictions, de contre-vérités, d’une propagande digne des années de plomb, quand nos confrères algériens s’entouraient de toutes les précautions pour diffuser y compris des bulletins météorologiques, redoutant «des lectures politiques» du pouvoir.
*Journaliste et écrivain