Algérie : l’armée ignore les revendications du peuple algérien

Par Khadija Skalli

Le Chef d’Etat-Major de l’armée algérienne Ahmed Gaïd Salah se prononce pour le maintien des élections présidentielles prévues le 4 juillet prochain.

Or, le mouvement de contestation populaire rejette ce scrutin et réclame le départ de toutes les figures de l’ancien régime. C’est « irraisonnable », rétorque le général d’armée de corps.

Le Chef d’Etat-Major de l’armée algérienne fait une nouvelle sortie médiatique. Ahmed Gaïd Salah s’est exprimé, aujourd’hui lundi 20 mai, depuis Ouargla, siège de la 4ème Région militaire, sur la crise politique qui secoue le pays depuis le 22 février. Sans surprise, le général de corps d’armée annonce le maintien des élections présidentielles prévues le 4 juillet prochain. Selon lui, la tenue de ce scrutin « barrera la route à ceux qui tentent de prolonger la crise ».

« La tenue de l’élection présidentielle barrera la route à ceux qui tentent de prolonger cette crise, car la principale démarche consiste en l’impérative accélération de l’installation d’une instance chargée de l’organisation et la surveillance de l’élection », a-t-il affirmé, rapporte dans un communiqué l’APS.

Et de poursuivre : « la tenue de l’élection présidentielle permettra d’éviter le piège du vide constitutionnel, et ce qu’il implique comme risques et dérapages aux graves conséquences, d’où la nécessité pour l’ensemble des citoyens algériens, jaloux de la réputation de leur pays, de ses intérêts et de sa place dans le concert des Nations, d’adhérer à cette démarche décisive pour l’avenir du pays ».

Le Vice-ministre de la Défense campe ainsi sur sa position et ignore les revendications du peuple algérien qui rejette ces élections présidentielles et réclame le départ de toutes les figures du système au pouvoir.

Gaïd Salah oppose également une fin de non-recevoir à l’appel au dialogue avec le mouvement de contestation pour désamorcer cette situation de blocage, lancé il y a deux jours, par trois personnalités algériennes à savoir Ali Yahia Abdennour, avocat et militant des droits humains, Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre des Affaires étrangères, et Rachid Benyelles, général à la retraite.

Ces derniers appellent l’armée à « nouer un dialogue franc avec des figures représentatives du mouvement citoyen, des partis et des forces politiques et sociales afin de trouver, au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations légitimes » du peuple algérien.

Ils proposent ainsi une « période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années ».

Une initiative rejetée par le général de corps d’armée. Selon lui, exiger le départ de l’ensemble des personnalités symbolisant le « système » hérité de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, est « irraisonnable » voire « dangereux », a-t-il estimé. Une telle revendication, insiste-t-il, « vise à déposséder les institutions de l’Etat de ses cadres et les dénigrer ».

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